"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Madrid, 1980 : après quarante années de dictature, le vent du changement souffle sur la société espagnole. Le jeune Juan de Vere vient de trouver son premier emploi en tant que secrétaire privé du célèbre réalisateur et scénariste Eduardo Muriel. Celui-ci lui présente sa femme, la belle et inquiétante Beatriz Noguera, lui fait connaître son cercle d'amis et lui ouvre sans le savoir une porte dérobée sur son intimité et ses souvenirs.
D'abord fasciné par la vie de son patron, Juan découvre pourtant progressivement que le brillant décor a un envers bien plus obscur : pourquoi Eduardo Muriel déteste-t-il sa femme? Où se rend cette dernière lors de ses longues promenades en ville sans but apparent? Qui est en réalité le docteur Van Vechten, ce vieil ami de la famille, et faut-il croire ce qu'on raconte à son sujet?
Le jeune secrétaire va essayer d'éclaircir ces mystères, et bien d'autres, au cours d'une enquête captivante qui servira de cadre à son éducation sentimentale, dans ces années où Madrid s'est transformé en une interminable fête.
Après le succès mondial de Comme les amours (Gallimard, 2013), Javier Marías signe à nouveau une éblouissante fable moderne sur les frontières souvent incertaines entre la passion et la haine, entre la justice et le désir de vengeance, entre l'oubli et l'impossibilité du pardon.
Madrid, 1980. Ses études tout juste terminées, Juan de Vere entre au service du réalisateur Eduardo Muriel, comme secrétaire particulier. Très vite, il devient son bras droit, son ''prolongement'' naturel et passe ses journées et parfois même ses nuits dans l'appartement de son employeur, rencontrant sa famille et ses amis. Impressionné et admiratif, Juan accepte tout naturellement la requête de Muriel quand celui-ci lui demande d'espionner discrètement sur l'un de ses amis, le docteur van Vechten, pédiatre en vue qui, dans le passé, ''se serait mal conduit avec une femme, et peut-être même plusieurs'' selon la rumeur. La pire des choses selon Muriel, au grand étonnement de son secrétaire qui voit jour après jour son employeur se conduire mal avec sa propre épouse, la belle Beatriz qu'il insulte, humilie et ne touche plus malgré l'amour fou qu'elle semble lui porter. Voilà donc le jeune de Vere embarqué dans une double enquête : découvrir les agissements de van Vechten pour le compte de Muriel et connaître les secrets de ce mariage malheureux, pour son compte personnel.
C'est avec le recul dû à l'âge que, quelques trente ans après les faits, Juan de Vere nous raconte ses débuts dans la vie active et dans le monde, cinq ans après la mort du caudillo, au moment où l'Espagne enterrait le dictateur et avec lui les années de dictature. C'est l'heure du grand pardon et de l'oubli des crimes commis, ceux des vaincus et des vainqueurs. Pourtant, derrière les réputations blanches comme neige se tient l'ombre du franquisme et les rumeurs persistent...
Dans son style tout en circonvolutions, Javier Marias nous mène, de détours en digressions, de répétitions en lenteurs volontaires, dans une Espagne qui s'enivre de sa liberté toute fraîche, préférant une conciliante amnésie aux règlements de compte. Cela ne l'empêche pas d'évoquer la guerre qui mit à genoux les républicains et les fit souffrir bien longtemps encore après la défaite et la movida, cette période d'effervescence et de libération des moeurs dans une société qui n'osait pas encore légaliser le divorce.
Un roman dense, puissant, qui passionne, sait ménager un certain suspense et évoque l'amour et ses désillusions, la haine qui en est le pendant, la trahison, le mensonge et le pardon impossible. Une prose magnifique et une analyse fine et fouillée de cette société entre deux eaux qui regarde son avenir mais reste plombée par les blessures du passé. Un écrivain, un vrai !
Dans ce nouvel opus, Javier Marías nous entraîne avec verve et comique dans l'imposture de la mémoire. À travers le récit d'une double trahison, Si rude soit le commencement dresse un portrait rugueux de l'Espagne durant la transition après la dictature. Dans ce dense et magnifique roman, Marías poursuit surtout sa réflexion sur les illusions qui nous constitue.
https://viduite.wordpress.com/2017/05/04/si-rude-soit-le-debut-javier-marias
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