"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Marcus a un lourd secret : le pressentiment de périls à venir, des obsessions, des tocs qui lui empoisonnent l'existence. Alors les vacances passées en famille dans un chalet perdu des montagnes Rocheuses sont pour l'adolescent de Portland lourdes de menaces. D'où viennent ces grondements sourds dans une nature hostile ? Et si cette vieille légende indienne de la Montagne noire, hantée par un monstre, était vraie ? Lorsque les parents disparaissent à la suite d'une randonnée en forêt, les autres enfants doivent le reconnaître : cette fois, Marcus a peut-être raison. Et l'angoisse de Marcus déteint sur le lecteur...
A la bibliothèque, j'ai craqué sur la couverture de Ses griffes et ses crocs de Mathieu Robin. Il faut dire que celle ci est vraiment très jolie, en relief et elle m'a donné envie de découvrir le livre, sans même jeter un oeil au résumé ! Quand c'est un roman emprunté à la bibliothèque, je ne prends pas beaucoup de risques :)
Marcus a toutes sortes de tocs et d'obsessions qui lui empoisonnent l'existence. Il est intimement convaincu que s'il ne les respecte pas, un drame effroyable se produira.
Quand Marcus et sa famille partent en vacances avec des amis dans un chalet perdu, le jeune garçon de Portland a un mauvais pressentiment. La nature qui les entoure, hostile et mystérieuse, fait écho à une vieille légende indienne racontant qu'une bête impitoyable hante la montagne.
Un matin, Marcus transgresse un de ses tocs, le soir-même, les parents ne rentrent pas de leur randonnée. le pont qu'ils ont emprunté a disparu…
Mais que se passe t'il donc sur cette montagne ??
Ses griffes et ses crocs est un très bon roman pour adolescents, et adultes.
Marcus est un jeune garçon très attachant. Son mal-être m'a fait mal au coeur. Il a des troubles obsessionnels compulsifs (toc), est persuadé que s'il ne fait pas certaines choses il met sa vie ou celle des autres en danger. Sa vie est de plus en plus compliquée car malheureusement ses tocs s'aggravent au fur et à mesure qu'il grandit. Quand il arrive avec ses parents et leurs amis dans un chalet isolé de tout, en pleine montagne, les choses ne s'arrangent pas, au contraire ! Il ne s'entend pas avec sa soeur et n'est pas proche des autres ados qui l'entourent (les enfants des amis de ses parents). Il doit subir quelques moqueries, ce qui stresse encore plus Marcus. Et en découvrant une légende sur la montagne où ils sont en vacances, alors là le stress du jeune garçon atteint son paroxysme ! Et au lieu de s'arranger, tout va devenir encore plus compliqué quand les parents disparaissent lors d'une balade en montagne. La légende parle d'une bête qui gronde, mais qui est t'elle donc ???
J'ai beaucoup aimé Ses griffes et ses crocs, c'est un très bon roman pour les ados, filles comme garçons. L'auteur a bien décrit ce que sont les tocs, sans exagérer et sans minimiser la douleur que cela peut causer aux personnes qui en sont atteintes.
L'ambiance est pesante, on sent que quelque chose se trame et c'est vraiment bien emmené de la première à la dernière page.
Je suis une très grande lectrice, je vous avoue que j'avais deviné ce qu'était réellement l'événement de la légende, je m'en doutais.
Mais malgré ça, j'ai été très touchée par ce roman, le fait d'avoir compris un élément ne m'a pas dérangé du tout. Je continuerais à emprunter les romans pour leurs couvertures car une fois encore, ce fut une excellente surprise :)
Ma note : 5 étoiles
Marcus, dix ans, souffre de troubles obsessionnels compulsifs (TOCs pour les intimes). Sa douleur est d’autant plus forte que ses difficultés empiètent sur la vie quotidienne de son entourage et engendrent des conflits toujours plus dévastateurs entre ses parents et sa sœur ainée. Aussi n’ose-t-il pas protester lorsque ses parents, sur les conseils avisés de son thérapeute, décident d’’organiser des vacances dans un chalet au fin fond de nulle part, en compagnie d’amis de la famille. Et pourtant, ils ne sont pas encore arrivés à destination que, déjà, les angoisses se font plus fortes, les peurs plus poignantes. Et au fur et à mesure que les jours passent et que des événements toujours plus inquiétants se produisent, son pressentiment ne fait qu’augmenter … Et si, cette fois-ci, ce n’était pas uniquement son cerveau qui imaginait tous ces dangers ?
La première chose qu’il faut signaler à propos de ce roman, c’est la justesse avec laquelle il évoque les TOCs, ces troubles aussi envahissants que méconnus. Ce livre ne se contente pas de les mettre en scène pour se démarquer des autres et servir l’intrigue, massacrant au passage toute la complexité de cette maladie, comme cela peut parfois être le cas dans la littérature jeunesse ; non, il les présente avec un réalisme déroutant. Par le biais de ce petit garçon qui est intimement persuadé, au plus profond de son âme et de son cœur, que briser certains rituels risque d’entrainer des catastrophes, l’auteur met en évidence la souffrance intérieure de ces malades, souffrance amplifiée par l’incompréhension qui règne dans la société à l’encontre de ces troubles : trop souvent, on a tendance à minimiser l’importance de ces angoisses, à les considérer comme des caprices d’enfant gâté qui cherche à se faire remarquer, et par conséquent, à inciter la personne à « prendre sur elle » pour arrêter d’enquiquiner le monde, sans se douter une seule seconde de la douleur qui pèse alors sur ces personnes. Ici, l’auteur cherche à faire comprendre que non, un individu atteint de TOCs n’affabule pas et que non, ce n’est pas lui rendre service que de le pousser à briser les rituels qui lui permettent de contourner ses angoisses. Ce roman invite également le lecteur à mesurer les implications de ces problèmes, pas uniquement sur la personne concernée mais également sur son entourage : il faut trouver des parades, aménager la vie quotidienne ... il faut trouver un arrangement avec ces angoisses profondes pour ne pas laisser à celles-ci la possibilité d’empêcher tout acte de la vie courante. A mes yeux, c’est l’un des points les plus positifs de ce récit : proposer une véritable leçon de compréhension et de tolérance à l’encontre de ces personnes qui peinent à cohabiter avec cette angoisse permanente.
Dans la même optique, j’ai été époustouflée par la façon dont l’auteur a réussi à rendre vivantes et authentiques les relations qui unissent les personnages entre eux. Dans ce roman, rien n’est tout noir ou tout blanc : aucun personnage ne déteste foncièrement un autre, mais ce n’est pas l’amour fou non plus. Tout est question de complexité, de nuance, d’évolution permanente. Et c’est brillamment mené. Même si l’histoire est centrée sur Marcus, tous les protagonistes sont mis en avant à un endroit ou à un autre, et les liens qu’ils entretiennent les uns envers les autres prennent une importance capitale dans l’intrigue. J’ai particulièrement été touchée par Sam, un adolescent trisomique qui a toujours été protégé et stimulé par ses deux cadets et qui n’a qu’une envie : devenir un jour le grand frère qu’il aurait dû être pour eux, ne plus être ce fardeau dont il faut sans cesse s’occuper et qu’il faut sans arrêter surveiller. Lia aussi m’a émue, cette jeune fille rebelle et cassante avec son entourage mais finalement si fragile, brisée par l’attention que tout le monde porte à son petit frère et par les conflits qui ne cessent d’éclater entre ses parents, par sa faute uniquement lui semble-t-il. Le roman est court, moins de deux-cent pages, et pourtant j’ai le sentiment de bien connaitre Marcus, Sam, Lia, Paul et Mary, comme s’ils étaient des amis qui venaient me murmurer des confidences à l’oreille durant la nuit. Je me suis attachée à eux, parce qu’ils sont éminemment humains, avec leurs peurs et leurs doutes, avec leur fragilité.
Et soyons parfaitement honnête, la vraie particularité de ce petit livre, c’est bel et bien son ambiance. Et quelle ambiance ! Dès les premières pages, le lecteur lui-même ne se sent pas en sécurité : tout nous est présenté comme hostile, angoissant, dangereux. Et au fur et à mesure que les chapitres s’enchainent, que les événements toujours plus inquiétants ont lieu, la tension monte et fait frémir le lecteur au moindre petit bruit environnant. Ce n’est clairement pas un roman à lire au milieu d’une clairière au cœur de la forêt, vous risqueriez bien de hurler de frayeur tandis que le buisson en face de vous bruisse au passage d’une petite souris inoffensive ! Il est question de légendes anciennes, de spiritisme, de Bête assoiffée de vengeance, de disparitions inquiétantes … Il fait nuit, le tonnerre gronde, le vent souffle, les animaux fuient et l’eau courante est remplacée par de l’acide … Et voilà que tout cela est vécu au travers du regard d’un enfant que tout effraye, d’un petit garçon paniqué qui ne parvient plus à gérer ses angoisses intérieures combinée à cette peur partagée avec les autres. Et franchement, franchement, ce n’en est que plus terrifiant. Je dois avouer que pas une seule seconde je me suis doutée de ce qui se cachait derrière tout cela, j’étais persuadée d’être plongée au cœur d’un véritable thriller fantastique alors que finalement … les apparences sont tellement trompeuses, et rien de tout cela n’est ce que l’on pensait être. Brillant, une fois de plus, et la tension dramatique est admirablement bien gérée !
En bref, un petit livre qui semble bien innocent au premier abord mais qui fera frissonner d’appréhension tous les lecteurs un tant soit peu trouillards. Une ambiance digne des thrillers les plus terrifiants, des personnages d’une complexité et d’une profondeur rares, une narration qui sème le doute dans l’esprit du lecteur, tous ses ingrédients combinés et savamment mélangés donnent un coup de cœur monumental qui m’a littéralement secouée. Ajoutez à tout ceci l’évocation brulante de réalisme de troubles psychologiques trop souvent dénigrés ou minimalisés, et vous obtiendrez un roman jeunesse qui mériterait d’être plus connu ! Alors n’hésitez plus : allez donc voir si votre bibliothèque ne le possède pas dans ses étagères ! Je vous le promet, votre temps ne sera pas perdu !
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