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Des samouraïs, on retient souvent l'image qu'en ont fixée les films de sabre et les récits légendaires: des guerriers au courage et à la morale exemplaires, fidèles à leur devoir jusqu'à une mort qu'ils méprisent. Du 10e siècle, époque de leur émergence, à leur disparition à la fin du 19e siècle, les samouraïs, chevaleresques chevaliers du Japon, auraient ainsi été des figures immuables perpétuant un même code d'honneur immémorial, le bushidô.
La réalité historique est, bien entendu, très différente de cette image simpliste, forgée en grande partie au moment du nationalisme militariste du début du 20e siècle et alimentée par certaines fascinations occidentales. Au fil des siècles, le guerrier a vu son armement et sa manière de combattre profondément évoluer, bien sûr, mais aussi son rôle social et sa culture. Le cavalier des débuts, qui suivait la "Voie de l'arc et des flèches" et que la cour impériale utilisait tout en réprouvant sa grossièreté, est devenu un être raffiné, urbain, pratiquant les armes comme un art et les arts comme une recherche de distinction.
L'exposition Samouraïs, guerriers et esthètes et ce catalogue sont fondés sur une collection privée promise en don à la Bibliothèque nationale et universitaire. Ils sont l'occasion de découvrir plus précisément cette culture des samouraïs, à travers ce que nous en raconte un objet décoratif qui leur est propre: la garde de sabre ou tsuba. Cet objet est une particularité du sabre japonais car, contrairement aux armes occidentales, son montage sur la lame du sabre était amovible et le propriétaire pouvait donc le remplacer au gré de ses besoins. Il est donc devenu, à partir du 15e siècle, un objet de décoration et, dans l'Occident qui, après 1853, découvrit le Japon d'Edo, un objet de collection au même titre que les estampes ou les céramiques.
Avec une incroyable diversité, cet objet raconte la culture d'un samouraï qu'on découvre épris de théâtre autant que d'affaires militaires, observateur de la nature et de la société qui l'entourent. Prouesse de métallurgie à l'inventivité sans pareille, multipliant les références à l'histoire, à la littérature, aux religions, aux arts, le tsuba est une "véritable encyclopédie du Japon".
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