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Jamaïque, petit village de pêcheurs. Une famille : la mère, Dolores, qui vend des pacotilles aux touristes américains. La fille aînée, Margot, qui ne recule devant rien pour avoir le droit à une autre vie. Et Thandi, encore adolescente, à la fois brillante étudiante et jeune fille en plein désarroi. Trois femmes "empêchées", à la fois d'être ce qu'elles veulent, mais aussi de faire preuve de tendresse ou de sincérité, au risque de paraître faibles. Or ce qu'elles ont de commun, c'est leur force. Avec ce premier roman, Nicole Dennis-Benn évoque tout à la fois la dynamique explosive des relations familiales et amoureuses, la sexualité, l'homophobie, la prostitution, le racisme, mais aussi la vie de la classe ouvrière jamaïcaine et l'aspect destructeur du tourisme. Un grand roman social.
« Rends-moi fière » de Nicole Dennis-Benn est une épopée implacable et juste. Un kaléidoscope en Jamaïque. Une plongée dans une famille pittoresque. Les habitus éclatent à l’instar du fruit la grenade. On pénètre dans l’histoire riche d’idiosyncrasie au fort caractère. Les protagonistes principaux sont trois femmes. Delores, et ses deux filles Margot et Thandi. Emblème d’une Jamaïque qui bridait les femmes en proie à une religiosité et aux coutumes bien trop ancrées. Fascinantes, elles sont le symbole des femmes éprouvées. La vie bousculée par les difficultés pécuniaires, la pauvreté et pour Margot et Thandi la peau bien trop noire. Cette saga est une prouesse. Le souffle d’un pays qui élève les poussières, les fortes chaleurs, le tourisme caricaturé et la sociologie dépasse les clivages des quartiers pauvres. Pas de pathos. Ici, c’est la féminité qui est décryptée. Margot : « Elle savait déjà que l’impuissance est synonyme de faiblesse et qu’il est inutile d’avoir la foi en Dieu. Ce n’est pas lui qui fait bouillir la marmite et paye la scolarité de sa sœur. »
Au cœur de ce roman dense d’évènementiel il y a la gravité d’une homosexualité tabou, la prostitution cachée comme la poussière sous le tapis. Deux femmes ne peuvent s’aimer. C’est le drame de cette saga alliée aux torpeurs intestines des disparités sociétales. La mère Delores est certes aigrie, violente et méchante mais son travail est le seul moyen d’échange pour l’éducation scolaire de ses filles. A contrario elle voit l’inceste dans son antre et aucun son ne bafouer ce qui se passe. Ses filles sont la cartographie des mœurs et palpitations d’un pays ployé sous les croyances, les non-dits et le désir de liberté et d’émancipation. « Rends-moi fière » est l’adage crucial de ce roman douloureux mais lumineux. Magnétique et captivant c’est un futur grand film sur grand écran. Le meilleur livre de l’année selon le New York Times. Traduit avec brio de l’anglais (Jamaïque) par Benoîte Dauvergne. Publié par les majeures Éditions de l’Aube.
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