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Le XIXe siècle voit le développement sans précédent du commerce de l'imprimé : le capitalisme d'édition, la presse à grands tirages qui s'impose à partir du Second Empire et sous la IIIe République en sont les signes les plus visibles, tandis que le genre romanesque fait reculer théâtre et poésie. Désormais, l'écrivain sorti de la dépendance du mécénat d'Ancien Régime se trouve pris dans un monde concurrentiel, exploité par directeurs de journaux et éditeurs, tandis que s'impose la professionnalisation de ce qui devient un métier, celui d'homme de lettres. Pour qualifier cet avènement d'un régime démocratique de la littérature, la métaphore de la prostitution littéraire, globalement infamante, est omniprésente dans la critique des années 1830, avant d'être actualisée par les auteurs eux-mêmes. La prostituée devient le répondant allégorique de l'écrivain, et la littérature se fait publique : publique d'abord parce qu'elle se donne à tous, comme les filles désignées par la même épithète, parce qu'elle est « soumise » et fruit de l'exploitation d'un patron, publique ensuite parce qu'elle recourt à tous les procédés publicitaires et médiatiques, publique encore parce qu'elle se diffuse partout et touche un public qui s'accroît continûment, publique enfin parce qu'elle est bien le produit d'un temps et d'une société qui ne cesse précisément de redéfinir son caractère démocratique.
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