"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Je suis née sous Giscard. Ça pose ou pas ? Voilà, donc je n'ai hérité ni du panache de de Gaulle, ni du confort de Pompidou, ni de la verve de Mitterrand. Ma guerre, c'est la guerre du Golfe. L'idole de mon adolescence, c'est Patrick Bruel. À l'âge où j'ai eu le droit de regarder la télé librement, j'ai découvert l'humour avec Michel Leeb, la philosophie avec BHL, le jeu d'actrice avec Valérie Kaprisky dans L'Année des méduses, et l'humanitaire avec Kouchner. Je continue ou j'arrête ?
J'ai des bases molles.
Ce spectacle convoque la France dans laquelle je suis née et dans laquelle j'ai grandi. Une France giscardienne, dont je me plains comme on se plaint de sa famille, sur laquelle j'ai aiguisé mon regard critique comme on apprend à le faire sur ses parents, et que je me surprends à regretter, comme on regrette parfois l'enfance qu'on a pourtant bien cherché à fuir. Ce spectacle convoque la nostalgie qui nous guette tous, celle des premières années de la vie bien sûr, mais surtout celle d'époques plus glorieuses. La nostalgie est un refuge pratique.
Le travail d'écriture s'est concentré ici sur autre chose : tirer ce fil qui avait germé dans ma tête depuis quelques années déjà, depuis cette réponse faite un jour le plus sincèrement du monde à un journaliste en interview : « C'est très difficile d'être un génie dans une époque médiocre. » Ici se croiseront donc, entre autres réflexions, les fabulettes d'Anne Sylvestre, les regrets d'être née sous le règne d'un aristo fin de race quand à quelques mois près j'aurai pu échapper à cette fameuse Génération X (1960-1979, paix à son âme), cinq définitions provisoires du mot « adulte », une du mot « artiste », et la vraie signification enfin dévoilée de l'expression « Je suis fatiguée ». Et le plaisir de régler leur compte à tous ceux qui ont connu les Yéyés, le Palace et la Vraie chanson française. Arriverons-nous à la fin de ce spectacle à nous débarrasser de tous les fantasmes des meilleurs temps révolus ? Je l'espère. Et pas besoin d'être en campagne pour décider de le décréter : « L'âge d'or, c'est maintenant. » Camille Chamoux
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