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Pour qui pense encore que la mort est taboue, il peut être tentant d'ignorer la quantité d'efforts menés par les acteurs dans nombre d'espaces de la vie sociale pour parler et débattre de la mort et des morts. Il peut être aussi tentant de minimiser le fait que ces rapports sont de plus en plus problématisés. Mais il devient plus difficile de le faire quand ces débats atteignent les espaces médiatique et public et les sphères de l'État.
Ce numéro cherche à interroger l'épaisseur historique et contemporaine de la politisation de la mort, ainsi que les idéologies qu'elle confronte, pour faire notamment de la mort un sujet de débat, des morts des citoyens de droits, reconnus et protégés par l'État, mais pas seulement. Il est aussi question de confronter les idées que nous nous faisons d'un cadavre, de restes funéraires, d'un défunt, de sa mémoire et de l'avenir de son identité et de son intégration dans des collectifs. Ce faisant, le numéro éclaire la façon dont les rapports aux morts réfractent des idées au sein de dispositifs et de milieux sociaux particuliers, sur ce qu'est un corps, une identité individuelle et collective, les éléments de la personnalité, la propriété individuelle, les atteintes à la personne, et plus généralement : ce que devraient être les droits des individus au moment où ils ne sont plus en mesure de se représenter politiquement.
On est alors conduit à envisager autrement la parole publique autour de la mort, comme des tentatives toujours précaires de dénaturalisation et de renaturalisation du biologique, impliquant des relations de représentation dans des groupes familiaux, professionnels, religieux, militants, etc. pour en débattre. On est amené à repartir du constat d'une forte politisation possible de la mort et des rapports aux morts, et tout de suite conduit à se demander ce qui favorise le débat public, ou ce qui fait échouer la lutte et la réduit à nouveau au silence. On est aussi conduit à réfléchir aux morts qui ne sont pas représentés, qui restent "relégués", par absence d'intérêt ou du fait d'un "cens" inachevé, et à identifier les principaux obstacles à la possibilité de débattre de la mort et des morts et de ce qu'il en reste au cours d'épreuves de représentation. C'est donc la façon dont le travail des vivants façonne des idéologies politiques sur les morts, depuis leur insertion dans certains groupes sociaux, et la façon dont il exprime un certain idéal d'action de l'État et d'organisation des sociétés que ce numéro interroge.
C'est à ce travail que se sont attelés les coordinatrices et les contributeur·trices de ce numéro. Il invite à travailler ces questions en explorant des objets variés, tels que le droit à l'euthanasie et à une mort provoquée, la négociation des funérailles des "vieux", l'application de mesures sanitaires imposant l'invisibilisation ou l'immobilité de certains morts, la libéralisation religieuse des cimetières et des tombes, l'exploitation commerciale de l'1/2uvre de certains défunts, ou encore, la critique d'une tentative de légitimation de la crémation pendant la Grande Guerre pour le corps de soldats et la dénonciation sous la Commune du traitement fait de restes humains à l'époque pré-révolutionnaire. Autant de sujets problématisés par certains acteurs et vis-à-vis desquels d'autres groupes et classes sont conduits à se positionner pour penser et justifier d'un meilleur gouvernement des personnes dans leur destin individuel.
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Dernière réaction par Jean-Thomas ARA il y a 4 jours
Dernière réaction par RC de la Cluzze il y a 9 jours
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