"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Février 1931 : au terme de deux longues années de travail, Charlie Chaplin vient d'achever Les Lumières de la ville. Harassé de problèmes personnels, déstabilisé par l'avènement du cinéma parlant, il ressent le besoin de s'éloigner de son travail, de ses affaires et de son pays d'adoption.
Il décide donc de rejoindre son Angleterre natale, entre autre pour y présenter son dernier film. Depuis son exil aux États-Unis en 1912, c'est la deuxième fois qu'il regagne l'Europe. Prévu pour durer quelques semaines, ce voyage tiendra Chaplin loin des États-Unis pendant seize mois. Angleterre, Allemagne, Autriche, Italie, France, Algérie, Suisse, Égypte, Sri Lanka, Singapour, Indonésie, Japon. Chaplin effectue un tour du monde au gré des événements et de ses rencontres.
Malgré ses doutes sur l'avenir de son art et sa peur obsessionnelle de devenir un cinéaste démodé - incapable de faire parler son personnage de Charlot et d'inclure des dialogues à ses films -, il est au faîte de sa gloire. Il est donc accueilli, à chacune de ses étapes, comme une véritable star. Des foules en liesse l'attendent et l'acclament, tant à Londres, qu'à Berlin, Paris, Colombo, Surabaya et Tokyo. Il est par ailleurs reçu par toutes les personnalités - politiques, artistiques et scientifiques - de l'époque : Churchill, Marlène Dietrich, Albert Einstein, Aristide Briand, H. G. Wells, Maurice Chevalier, Gandhi, Albert Ier de Belgique. En marge de toutes ces célébrations et de la griserie engendrée par la notoriété, Charlie Chaplin reste des plus attentifs à la crise qui secoue alors le monde. Son regard sur la société est empreint du destin d'un homme ayant accédé à la gloire, après une enfance de misère, dans une fin de XIXe siècle annonçant le règne de l'industrialisation et du capitalisme. Ses rencontres avec les politiciens des différents pays où il séjourne donnent lieu à des conversations sur la situation du moment. Charlie Chaplin observe, écoute, analyse, s'engage. Et ce voyage de près d'un an et demi confirmera le cinéaste dans ses préoccupations - il est à noter qu'à son retour aux États-Unis, il réalisera Les Temps modernes en 1936 et Le Dictateur en 1940, illustrations éminemment économique et politique des constats que Chaplin put faire lors de son tour du monde.
Je regardais il y a quelques jours un documentaire sur Chaplin dans lequel était évoqué le tour de monde que fit l’acteur en 1931.
Ni une ni deux, me voilà en train de plonger dans ma PAL, de farfouiller dans mes tiroirs et d’en sortir ce livre publié par les éditions du Sonneur qui ont le don de débusquer des titres jamais traduits en France.
Nous sommes donc en 1931, Chaplin est une star, « Les lumières de la ville » viennent de sortir mais entre l’arrivée du cinéma parlant et ses déboires avec les femmes, il ressent le besoin de prendre un peu de recul.
Le voilà donc parti pour un tour du monde qui durera plusieurs mois avec pour première escale son Angleterre natale. Suivront l’Italie, la France, l’Allemagne, la Suisse, l’Autriche, l’Algérie, le Japon, le Sri Lanka, Bali…
Ce livre est le journal de ce long voyage. Un accueil digne d’une rock star lui est réservé partout. Il rencontre toutes les personnalités de l’époque, toutes les figures qui comptent dans le monde politique, culturel, scientifique. On croise ainsi Winston Churchill, le Mahatma Gandhi, Albert Einstein et bien d'autres (dont certains qui ne sont pas restés à la postérité).
Entre les repas mondains et les visites touristiques, Chaplin s’imprègne de l’air du temps. La crise de 1929 se ressent encore, le monde change, le bruit des bottes n’est pas loin.
Le style est bien évidemment plus journalistique que littéraire.
J’ai trouvé certains passages plus intéressants que d’autres (notamment la partie anglaise) mais j’ai lu ce documentaire d’une traite et avec grand plaisir.
Une lecture des plus instructives si on aime l’acteur ou tout simplement l’histoire.
Traduit par Moea Durieux
Lire un texte écrit par Charlie Chaplin, c’est un peu magique. On ne peut s’empêcher d’avoir sur la rétine des images, des clichés extraits de ses films, ces films incroyables qui ont comblé notre jeunesse et aussi probablement développé notre esprit critique. Charlie Chaplin a quitté les feux de la rampe durant plus d’un an pour faire ce tour du monde. Le besoin de prendre du recul, la nécessité de comprendre le pourquoi et le comment des choses, la volonté de mieux se connaître pour avancer, son rapport aux femmes, le désir, la vie et la mort ? ... Peu importe, il était alors à un tournant de sa vie, personnelle et professionnelle (un divorce, son dernier film « les lumières de la ville », film mythique, l’avènement du cinéma parlant …). Il était au cœur de l’Histoire (nous sommes en 1931). Accueilli comme une star dans chaque pays d’accueil, il s’interroge sur le rôle qu’il peut jouer face au nazisme, lui, porteur d’un message, message qui sera crucial dans « les temps modernes » et ensuite « le dictateur ».
Ce texte est intéressant et émouvant. On a le sentiment d’entendre un ami, un frère. Voilà une autre facette de ce curieux personnage dont on a tant parlé mais qui reste, aujourd’hui encore et au-delà de ses films, bien mystérieux.
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