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Miss Hokusai, ("Sarusuberi"), est un grand classique japonais du manga. Paru entre 1983 et 1987 dans le magazine Weekly Manga Sunday, il relate la vie d'O-Ei, l'une des quatre filles du peintre Tetsuzo, quie se fera connaître sous le nom de Hokusai.
L'histoire commence au Japon en 1814, pendant la période d'Edo (l'actuelle Tokyo). O-Ei tient de son père son talent et son obstination. Elle peint très souvent à sa place, sans signer son travail, afin de boucler les commandes. D'autres figures d'artistes font leur apparition dans le manga, en particulier Ikeda ou Utagawa.
Le manga évoque aussi la relation entre O-Ei, Hokusai et la demi-soeur d'O-Ei, une petite fille aveugle de naissance.
Hokusai, meurt à 90 ans. O-Ei lui survit pendant neuf ans mais nul ne sait où elle est morte.
J’adore l’oeuvre d’Hokusai, ses estampes, sa manga… et en me renseignant sur sa vie, j’ai découvert un homme très porté sur le sexe, et son art, qui ne se préoccupait pas beaucoup de son entourage. Sa fille, O-Ei, l’a supporté, dans tous les sens du terme durant sa longue vie. Rester aux côtés de son père lui a permis de conserver une certaine liberté, contrairement à nombre de femmes de l’époque à Edo. J’étais donc aux anges à l’idée de découvrir en images la vie de cette artiste peintre de talent…
Concernant l’ambiance générale du manga, j’ai adoré le style graphique, s’approchant des estampes en vogue au Japon au XIXème siècle. Chaque entête de chapitre s’inspire d’une oeuvre de l’époque, et on peut admirer le talent de la mangaka.
Dans ce manga, on découvre le quotidien de cette famille d’artistes. Hokusai a beau être déjà célèbre, il ne roule pas sur l’or, loin de là. Il vit avec sa fille dans leur atelier, le sol jonché de ses « ratés » et autres reliefs de repas.
Car outre le dessin, on les voit souvent, en compagnie de commanditaires ou disciples, boire du saké et manger. Cela semble même parfois leur activité principale, avant le dessin. Ça et les visites aux femmes, notamment dans les maisons de plaisir, où Hokusai et ses amis consomment, et O-Ei dessine. Car O-Ei n’a pas froid aux yeux. Elle réalise comme les autres des commandes d’estampes érotiques, très à la mode à Edo. Estampes dont les reproductions partielles ou non, expliquent le fait que ce manga soit conseillé à partir de 14 ans seulement.
Les personnages s’expriment sans fard, ce qui peut parfois être choquant avec nos yeux de femmes et d’hommes du XXIème siècle, notamment quand les hommes font des remarques déplacées sur les femmes : « c’est rien qu’une femelle quoi » pour ne citer qu’un exemple. Si ces répliques m’ont fait tiquer, elles restent dans l’air du temps au début du XIXème siècle à Edo. La mangaka est historienne et elle a eu à cœur de retranscrire au plus près la vie quotidienne des artistes de l’époque.
Petit bémol, dans ce premier tome, on voit plus le père que la fille. Même si elle a passé sa vie dans l’ombre du maître, j’espérais la voir plus au cœur du manga. Elle est quand même très souvent en arrière plan, quand j’aurais aimé voir l’histoire plus de son point de vue…
J’ai aimé retrouver l’ambiance des dessins d’Hokusai et sa fille (qui signait parfois du nom du maître), ainsi que l’humour de ce manga. J’ai aimé me plonger dans leur vie quotidienne. J’ai hâte de voir ce que donnera le deuxième et dernier tome de cette série ! Il est annoncé pour le mois d’avril.
https://leslecturesdesophieblog.wordpress.com/2019/02/03/manga-miss-hokusai-tome-1-suguira-hinako/
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