"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans un bourg viticole de Provence,un ouvrier agricole s'accuse du meurtre de celui que tout le monde appelle l'Arabe. Or la police ne trouve aucune trace du cadavre. Le commissaire Jean-Yves Grenier, récemment muté dans le sud, et sa ravissante assistante Marjolaine, cherchent à comprendre ce qui se cache derrière cette curieuse affaire. Chantage, corruption, escroquerie ? Comme le dit la jeune femme : « Rien n'est carré dans le Midi, rien n'est jamais blanc ou noir, les bons et les méchants ne sont pas ceux qu'on croit. » Dans ce décor de carte postale, trop beau pour être vrai, les tensions s'exacerbent tandis que la température grimpe.
Nouveau venu dans le polar Patrick Valandrin tient là un bon personnage, à la fois agaçant et attachant. Le Jygue est un homme qu'on plaint, victime de son alcoolisme, qu'on aimerait secouer un peu en lui disant de se bouger, de se prendre en mains et de se faire soigner, et qu'on aime bien parce qu'il est sincère, emprunté, fragile et néanmoins impossible à faire bouger de sa ligne de conduite, opiniâtre malgré les embûches et les coups bas, il ne lâche pas tant qu'il n'a pas la solution à son problème, même s'il doit se mettre les puissants locaux à dos, un orchidoclaste (comme dirait HF Thiéfaine) pour ses supérieurs. Secondé et soutenu par Marjolaine Pamier, leur équipe est performante et marche là où d'autres n'osent pas mettre les pieds : le monde des affaires et de la politique. L'intrigue est placée dans le milieu viticole en pleines élections législatives, les dernières, celles où l'on donnait le Front National vainqueur dans tout le sud. Le député sortant, de droite Emmanuel de Cluny est un type imbuvable, qui n'hésitera pas à s'allier au FN pour gagner, qui ne veut pas prononcer le nom de celui qui a osé se présenter contre lui (tiens, tiens, ce dernier point me rappelle un battu de 2012 qui au mépris de tout respect si ce n'est pour l'homme au moins pour la fonction, ne nomme notre président actuel que sous "Moi je". La défaite est encore dure à avaler...). Les protagonistes sont tellement réalistes qu'on y croit à fond. De même pour les viticulteurs : entre les gros qui veulent faire du profit à tout prix et ceux qui font du vin de qualité, parce qu'ils adorent cela et qu'ils y croient. C'est un véritable plaidoyer pour le vin bio parce que dans ce domaine aussi, certains paysans se bougent et créent des vins absolument formidables et abordables (bon, je ne suis pas très connaisseur du vin de la région d'Avignon, mais si un viticulteur -un bio, je préfère, mais je ne suis pas sectaire- me lit, je suis preneur, je donne mes coordonnées sans souci...). Je baigne actuellement dans des lectures sur ce sujet à travers plusieurs supports et je trouve cela très intéressant : l'essai avec Eric Fottorino, le polar avec Patrick Valandrin et même la BD bientôt avec Yves Camdeborde et Jacques Ferrandez.
Mais comme il s'agit d'un polar, revenons à l'intrigue qui est assez classique, mais très bien amenée, le contexte et les personnages lui donnant un intérêt supplémentaire. Magouilles, chantage, corruption, escroquerie, paysages idylliques, personnages torturés ni tout-noirs ni tout-blancs, canicule qui fait monter les températures et les tempéraments...
Une bien belle collection que celle de La Différence noire -avec en plus des couvertures très réussies- qui publie là un polar excellent ; pour un premier essai, Patrcick Valandrin, se montre très doué.
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