"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Roman atypique lycantrope, Meute suit Nathanaël, Val et Calame. Si le premier est un loup-garou né de la violence et la solitude, le second est un humain à qui l'on a volé la voix alors que le troisième est un loupiot traumatisé, incapable d'accéder à la moindre autonomie. Ce récit fantastique est avant tout celui d'une tranche de vie, de ce moment où tout bascule entre le noir et la lumière. Karine Rennberg est une autrice nantaise. Elle taille ses personnages dans la pierre en nuance de gris, de ceux à porter du sang en parure pour vous emmener dans les recoins sombres de l'imaginaire lupin.
https://bookshowl.blogspot.com/2022/04/meute-karine-rennberg.html
Alors que j'ai entendu que du bien sur ce livre, je dois malheureusement dire que de mon côté il m'est complètement passé au dessus. J'ai adoré le style qui m'a vraiment changé de ce que j'ai l'habitude de lire, mais j'ai trouvé que le récit était vraiment lent et ne décollait jamais vraiment.
J'ai d'abord été prise au dépourvu par le style. Ecrit à la deuxième personne du singulier, le narrateur se focalise sur un personnage puis un autre d'une manière vraiment très particulière dont je suis au final tombée amoureuse. Un style franchement étonnant et frais que je n'avais encore jamais lu. Par contre j'ai trouvé dommage que les points de vues changent aussi rapidement. Je me suis parfois emmêlé les pinceaux et oubliais quel personnage on suivait. Et je m'attendais également à ce que le récit soit plus dur, plus cru mais au final c'est vraiment très sage...
Le changement de personnage se double aussi de trop nombreuses ellipses. Arrivé à la fin du livre, j'avais même le sentiment que l'auteure nous narrait les choses les moins importantes, s'intéressant toujours aux mêmes choses (à savoir la relation entre les personnages) et laissant le reste de côté sous forme d'ellipses.
Et la relation entre les différents personnages est à la fois la force de ce livre mais aussi sa faiblesse. Oui, c'est fort, touchant et très humain ; l'aspect meute et loup-garous est super intéressante et vraiment bien faite, mais j'ai trouvé l'évolution des relations tellement longue ! Et je veux bien comprendre que Calame a été complètement traumatisé par ce qui lui est arrivé, mais le rabâcher sans arrêt n'était pas franchement nécessaire selon moi. C'est bon, on a compris, cela va mettre du temps, il est flippé par tout, c'est bon, passons un peu à autre chose maintenant.
Et malheureusement, en plus des relations qui n'évoluent pas très vite, la plupart des éléments à suspense du récit m'ont semblé vraiment prévisibles. On comprend très vite ce qui est arrivé à Calame et on se doute bien sur que c'est aussi ce qui est probablement arrivé aux loups disparus. J'ai donc vraiment trouvé le récit plat, et mêmes les arènes de combats auxquelles participent les personnages pour gagner de l'argent ou rembourser leurs dettes n'ont pas su m'intéresser. Pour les personnages, ces arènes sont presque une habitude, il n'y a pas vraiment de sentiment d'urgence, de stress ou de peur... et pourtant ces arènes sont parfois des battle royales ou seul le gagnant ressort vivant. J'ai continué en espérant qu'il arrive quelque chose à la fin, la meute de Nath commence en effet à trouver son équilibre, mais c'est tout...
J'ai vraiment l'impression d'être passée complètement à côté de ce livre. Et c'est vraiment dommage car le style est unique, les relations entre les personnages sont intéressantes, les problèmes et troubles abordés sont importants et j'ai adoré le naturel de toutes les relations qu'elles soient amoureuses, fraternelles, de meute, gays ou amicales, mais le récit n'a jamais décollé selon moi et je me suis malheureusement beaucoup ennuyée...
Dans meute, on concilie deux choses incompatibles a priori : cocooning et tous les codes classiques du post-apo. Rien ne manque, de la ville abandonnée aux habitants et gangs en passant par les combats omniprésents, la loi du plus fort, la pauvreté… et pourtant le destin du groupe de personnages que l’on suit à un côté très doux.
Le titre est meute donc comme on peut s’y attendre il va aussi être question de loups. L’autrice réussi à mettre dans cet univers très sf/post-apo de la lycanthropie. Ce roman est dont à l’intersection des différents genres de l’imaginaire et c’est réussi.
La grande force pour moi est de réussir à créer une impression de douceur dans un univers très sombre, malgré la prédominance de la violence on s’y sent bien. Qu'est-ce qui fait qu’un univers si sombre laisse le sentiment inverse ?
La réponse est plutôt simple, c’est la galerie de personnages avec en particulier deux personnes hyper attachants, complètement cabossée et qui, malgré leurs armures vont apprendre à composer ensembles et pourquoi pas se reconstruire.
Le récit est un récit chorale où la narration est à la deuxième personne du singulier. J’avais peur de lire un roman utilisant le tu, ce choix me laissait perplexe et pourtant c’est exactement ce qu’il fallait. Ce n’est pas dérangeant et c’était même crucial pour l’intrigue.
Nathanaël est un des personnages principaux. Il ne veut pas de meute mais va pas être pousser par les événements à cohabiter avec le petit loupiot. Loupiot est un jeune complètement prostré. Il ne parle pas et a une façon très particulière de communiquer. Et enfin il y a Val, l’humain et ami de Nathanaël. Celui qui est au courant pour les loups garous mais ne devrait pas l’être. Il est d'un soutien fou, est hyper protecteur, aime aider les autres et se fait régulièrement charrier parce qu'il est à ace.
A ce trio s’ajoute toute une galerie de personnage dont le petit ami de Nathanaël qui a une construction réussie et intéressante. Ce personnage a une place clé dans un gang et surtout l’a gardé malgré un accident qui a laissé des séquelles.
Dans un univers aussi sans foi ni loi, arriver à ne pas mourir quand on se retrouve avec un handicap c'est une espèce de performance non négligeable qui m’a beaucoup touchée. Autre personnage détonnant, la cheffe du gang est une femme pas piqué des hannetons qui as une façon de faire régner l'ordre bien angoissante. Du coté des personnages de meute, la variété est aussi au rendez-vous. Certains sont plus tolérant que d'autres, certains plutôt martyrisés d’autres plutôt harceleurs… Une chose est sure, on a une sacrée galerie où la diversité est au rendez-vous. On aime les suivre. C’est le genre de livre où on se pose et où on a l'impression de faire parti du groupe. On vit leur quotidien, on a même pas l'impression que il y a des choses horribles qui se passent alors qu’on est servi entre les combats clandestins dont les participants ne sont pas toujours volontaires, les disparitions de loups, les enquêteurs louches… J’ai adoré c’est un gros coup de coeur.
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--- Team vampires ou team loups-garous ? ---
À l’origine, je suis plutôt team vampires. Toutefois, j’ai rapidement délaissé les dents longues avec l’arrivée en masse de la bit-lit, genre qui ne me correspond pas du tout. J’ai tout de même eu le temps de découvrir quelques romans de loups-garous, mais la seule saga qui me revient, c’est Frisson de Maggie Stiefvater. Je l’ai lue quand j’étais ado, j’avais adoré !
Pourquoi est-ce que je vous parle de ça ? En vérité, c’est surtout pour rassurer les lecteurs qui auraient peur des clichés du genre, car Meute s’en éloigne grandement. Certes, Karine Rennberg ne réinvente pas le mythe du loup-garou – oui, des hommes se transforment en loups à la pleine lune – mais la romance est tout à fait secondaire et il n’y a pas d’héroïne badass un brin désinvolte qui ne craint jamais la mort. Quoique… Val pourrait prétendre à ce titre, néanmoins il est loin d’être conventionnel !
--- L’histoire imbriquée de trois personnages ---
Comme le dit si bien le synopsis, Meute est un roman tranche de vie qui décrit une période particulière de la vie de Nath, le héros principal. Il n’y a donc pas de quête à proprement parler, mais des existences chamboulées.
L’auteure propose trois points de vue : Nath la violence contenue, Val la force tranquille et Calame le traumatisme dans son plus simple appareil. Les deux premiers sont frères de cœur depuis l’enfance, le troisième vient bouleverser leur vie par l’intensité de ses peurs et l’innocence de son âme.
Peut-être ai-je trouvé Nath et Val un peu trop dévoués l’un envers l’autre parfois, mais cela n’enlève rien au travail de Karine Rennberg pour creuser leur personnalité, approfondir leur psychologie. Ce sont des héros attachants, j’ai d’ailleurs craint pour leur vie à plusieurs reprises. Il faut dire qu’ils ne vivent pas dans un monde facile…
--- Un univers soft-apocalyptique ---
Même si, pour l’auteure, l’univers est plus un décor qu’une finalité, j’ai apprécié cette sombre réalité. Ce monde n’est pas celui que nous connaissons, il est régi par la violence qui oppose les gangs rivaux. Raids et combats d’arène sont monnaie courante, Nath et Val y participent même, mais pas toujours de son plein gré pour ce dernier.
Karine Rennberg se sert de ce monde difficile pour dresser des obstacles sur la route de ses personnages et aborder des thématiques aussi actuelles que sensibles : les violences de toutes sortes, la différence, l’orientation sexuelle, le racisme, etc. Les liens de meute permettent au lecteur de percevoir ces thématiques d’une autre manière, plus instinctive, plus crue aussi. Et c’est là un aspect de l’histoire que j’ai particulièrement apprécié ; on sent que l’auteure s’est renseignée afin d’être au plus près de la réalité des loups.
C’est donc un roman rempli d’épreuves qui renforcent les personnages plutôt que de les détruire, qui les rapprochent plutôt que de les éloigner. Bref, un roman sombre, mais rempli d’espoir !
--- Une touche d’originalité ---
J’aurais peut-être dû commencer par là, car c’est ce qui choque dès les premières lignes : Karine Rennberg a écrit Meute à la deuxième personne du singulier, comme si les héros s’adressaient à eux-mêmes. Un moyen efficace pour agripper son lecteur. Certes, c’est déroutant au début, mais on s’y fait. Mieux, on prend plaisir à cette écriture différente qui est davantage dans l’émotion que dans l’action.
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