"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
La silhouette se rapprochait lentement. À chaque pas, son image nous apparaissait un peu plus nette. Il s'agissait d'un personnage mesurant pas loin de deux mètres, vêtu d'une cape noire dont la capuche masquait la totalité du visage. Il avait une démarche incertaine, voire chancelante, un peu comme s'il n'avait plus marché depuis des lustres et redécouvrait peu à peu d'anciens automatismes. Soudain, la lune perça à travers le feuillage dense au-dessus de nos têtes et vint éclairer notre visiteur imprévu. Nous fîmes tous les trois un fantastique bond en arrière, trop terrifiés pour même parvenir à hurler de peur. Les rayons venaient de nous dévoiler un visage creusé, sale et entièrement dépourvu de chair. Devant nous, se tenait un authentique squelette.
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--- Un extrait en guise de synopsis ? Très peu pour moi ! ---
Il s’agit là d’un ressenti totalement subjectif, mais je m’interroge sur cette méthode parfois adoptée par les éditeurs. Pensent-ils vraiment convaincre le lecteur de cette manière ? Cela me paraît très insuffisant compte tenu des milliers d’ouvrages disponibles sur le marché. Pour moi, le meilleur compromis serait d’y ajouter une petite accroche posant les bases de l’histoire.
Mais alors, pourquoi avoir acheté Lucy et le royaume des morts ? En vérité, j’ai rencontré l’auteur à Mon’s Livre 2018, et il m’a gentiment expliqué les débuts de son roman. Je vais donc m’essayer au délicat exercice de vous résumer ses propos.
Jeune adolescente, Lucy vit avec sa grand-mère depuis la disparition de ses parents. Jusque-là, rien de très original, je l’admets. Néanmoins, et c’est l’idée traduite par l’extrait au dos de la couverture, notre héroïne est sur le point de faire une découverte qui changera sa vie : un passage vers un autre monde, dont l’entrée est gardée par un étrange squelette…
Il ne m’en fallait pas plus pour attiser ma curiosité et me pousser à l’achat.
--- C’est en écrivant que l’on devient écrivain ---
Lucy et le royaume des morts rassemble les faiblesses propres à l’écriture d’un premier roman. De fait, le style d’Aurélien Levray est un poil rigide, comme s’il se cherchait encore en tant qu’auteur. Certaines phrases manquent de fluidité, d’autres de piment. En bref, le rendu est assez inégal. Cependant, ce sont des défauts qu’il est possible de gommer avec de la pratique.
--- Cet univers qui s’annonçait grandiose ---
Des fantômes, des spectres ou toute autre créature de l’ombre : voilà ce à quoi je m’attendais en débutant ce one-shot. Cependant, sans trop vous en dévoiler, sachez que je me trompais lourdement. Alors, certes, une mauvaise surprise se transforme parfois en une superbe lecture, mais ce ne fus pas le cas ici.
Cet autre monde, que je m’étais imaginé magique et haut en couleur, n’a clairement pas répondu à mes exigences. Pire encore, je l’ai trouvé peu original, sans artifices.
--- Linéaire et convenu ---
Comme bien souvent en fantasy jeunesse, l’héroïne doit affronter des épreuves, relever des défis pour atteindre son but. Et si les épopées de ce genre sont généralement classiques, elles ont au moins le mérite d’être haletantes. Mais… non ! Nouvelle déception donc, puisque l’action est finalement peu présente. Aurélien Levray préfère s’attarder sur le quotidien de ses personnages, choix que je ne comprends pas.
Et puis, pour être honnête, les épreuves qui jalonnent le parcours de Lucy et de ses amis sont loin d’être spectaculaires. Je dirais même qu’elles n’ont pas présenté les difficultés espérées. Jusqu’au dénouement, les événements s’enchaînent avec une facilité déconcertante.
--- Des personnages à peine esquissés ---
Je l’ai souligné dans ma chronique de Lake Ephemeral – heureusement, ce dernier a fait exception ! –, les jeunes protagonistes sont rarement fouillés. Pour preuve, Lucy et le royaume des morts réunit le courage, la force et la réflexion dans un trio d’adolescents sans surprise. Ils sont caricaturés, leur personnalité grossièrement ébauchée en un coup de plume rapide. Quel dommage !
La cerise sur le gâteau, ce fut la romance, toute niaise, qui n’a pas manqué de me faire grimacer.
--- N’ai-je donc rien aimé, alors ? ---
Je n’irai pas jusque-là. Le récit est tout de même distrayant, mais ça ne suffit simplement pas pour le classer dans la catégorie des bonnes lectures. De plus, et c’est un point essentiel, l’originalité que j’espérais retrouver dans ce one-shot n’était pas au rendez-vous.
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