"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
A la fin du Moyen Age, au début de la Renaissance, un système mental succède à un autre.
Le monde cesse d'être pensé de façon théorique. Il est examiné et commence à être compris par l'observation. Les peintres jouent un rôle fondamental dans cette mutation. A partir du XIVe siècle, Giotto, Ambrogio Lorenzetti, puis les Limbourg, Jan Van Eyck, enfin Dürer et Léonard de Vinci, se donnent pour objet d'imiter les choses qui les entourent. Ils n'évoquent plus l'Eau, l'Air, la Terre ou le Feu - éléments abstraits - mais ils distinguent la vague, le torrent, la goutte, le lac ; ils représentent les nuages, si divers, et les vents, rapides ou tranquilles ; ils montrent les boues, les rochers, la flamme dans la cheminée ou l'incendie qui ravage les maisons.
Les oeuvres que ces artistes peignent favorisent une prise de conscience : celle de la beauté du monde mais aussi de sa fragilité. Le sentiment de la nature naît peut-être à ce moment, de cette crise visuelle qui est une crise européenne. L'objet de ce livre est d'explorer les origines du genre du paysage ; il est aussi, et plus profondément, de chercher les racines de notre monde moderne, que hantent les questions d'environnement et la peur d'un changement où sombrerait la nature.
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