"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
À l'âge de cinquante-neuf ans, Fiona Maye est une brillante magistrate spécialiste du droit de la famille. Passionnée, parfois même hantée par son travail, elle en délaisse sa vie personnelle et son mari Jack. Surtout depuis cette nouvelle affaire : Adam Henry, un adolescent de dix-sept ans atteint de leucémie, risque la mort. Les croyances religieuses de ses parents interdisant la transfusion sanguine qui pourrait le sauver, les médecins s'en remettent à la cour. Après avoir entendu les deux parties, Fiona décide soudainement de se rendre à l'hôpital, auprès du garçon. Mais cette brève rencontre s'avère troublante et, indécise, la magistrate doit pourtant rendre son jugement.
Dans ce court roman, Ian McEwan allie avec justesse la froideur de la justice à la poésie et à la musicalité qui imprègnent la vie des personnages. Dans un style limpide, il crée une ambiance oppressante et fait preuve d'une complexité thématique impressionnante. Les certitudes se dérobent : où s'arrête et où commence l'intérêt de l'enfant?
Juge aux affaires familiales, Fiona Maye doit ne jamais perdre de vue l'intérêt de l'enfant dans les jugements qu'elle rend. Et la tâche s'avère souvent ardue et complexe. Surtout lorsqu'il est question d'éthique et de religion, car appliquer la loi, s'appuyer sur la jurisprudence peuvent avoir des conséquences imprévisibles qui sont parfois loin d'être positives. Une cruelle réalité que la brillante cinquantenaire va découvrir au moment même où sa vie conjugale menace de faire naufrage.
Décidément, quel que soit le sujet abordé Ian McEwan a un regard extraordinairement lucide sur la société contemporaine. Ici, comme à son habitude, dans ce roman intelligent et remarquablement écrit, il explore à fond son sujet - la famille, le couple et la justice. Un récit époustouflant de vérité où j'ai retrouvé avec délice la virtuosité et la profondeur du tout aussi réussi Expiation qui m'avait fait connaître cet auteur incontournable.
Fiona Maye est juge spécialisée dans les affaires familiales. Elle est droite, honnête, sincère.
Le cas d’un jeune homme témoin de Jéhova, atteint d’une leucémie et qui refuse une transfusion sanguine la secoue particulièrement. Parallèlement, son couple subit quelques turbulences.
C’est une histoire parfaitement maîtrisée avec des personnages bien étudiés qui laissent filtrer l’émotion.
Fiona est un individu hors norme qui réconcilie avec la justice.
Ce livre m'a réconciliée avec les JAF...
Quelle belle façon d'interroger la justesse des décisions de justice (c'est dur à dire mais facile à écrire
Un beau moment de lecture: "L'intérêt de l'enfant", de Ian McEwan, chez Gallimard.
Le pitch: À l'aube de la soixantaine, Fiona Maye est une juge aux affaires familiales brillante et reconnue par ses pairs. S'étant investie pleinement dans ses fonctions au détriment de sa vie personnelle, le couple qu'elle forme avec Jack est sur le point de vaciller. Se sentant négligé, son mari lui annonce son intention d'avoir une liaison et quitte le domicile conjugal. Mais l'heure ne doit pas être à l'apitoiement pour Fiona, qui se voit attribuer une affaire délicate, celle d'Adam Henry, témoin de Jéhovah de 17 ans, atteint d'une leucémie et refusant, à l'instar de ses parents, de recevoir une transfusion sanguine qui pourrait pourtant lui sauver la vie. En pleine tourmente sentimentale, et après avoir entendu toutes les parties au dossier, cette femme sans enfant décide de bousculer ses habitudes et ses principes, et d'aller rencontrer le jeune homme à l'hôpital. L'échange, bref mais troublant, va chambouler leur existence...
Lu sur les conseils d'une collègue lectrice, ce roman a su rapidement capter toute mon attention.
L'auteur parvient en effet à aborder tout en finesse des questions délicates, tant sur le plan éthique et juridique que sur le plan intime. L'essoufflement du couple et la vie professionnelle intrusive y sont aussi brillamment dépeint, et laisse le lecteur en pleine réflexion. Les personnages semblent certes trop distants pour attirer l'empathie, pour autant ils se révèlent complexes et intéressants. L'écriture est sobre et juste, belle et poétique.
En bref, un roman intense qui, bien plus que de l'intérêt de l'enfant, aborde la vie.
Dès les premières pages, Ian McEWAN nous plonge dans les tempêtes intérieures et intimes de Fiona MAYE, 59 ans, haut magistrat en matière familiale à Londres.
Elle se trouve confrontée à effectuer simultanément des choix impérieux tant sur le plan professionnel, que sur le plan personnel.
Son métier de Juge aux affaires familiales est pour elle une véritable vocation, mettant un point d’honneur à rendre des jugements réfléchis et minutieux dans des affaires familiales particulièrement délicates où souvent elle doit composer avec les préceptes religieux des familles.
Les problématiques juridiques abordées sont contemporaines (l’avenir de deux jeunes filles juives dont les parents sont en désaccord sur leur éducation, la séparation de deux frères siamois face à deux parents catholiques qui s’y opposent …) et l’ambiance des audiences en juridiction totalement en phase avec la réalité.
Mais face à son investissement professionnel, elle a mis en second plan sa vie privée et son époux.
L’abîme s’ouvre devant elle lorsqu’elle doit faire face d’un côté à la demande de son époux de l’autoriser à entretenir une relation adultère avec une jeune femme afin de vivre une dernière fois l’ivresse de l’amour, puis de l’autre trancher juridiquement sur l’administration d’une transfusion sanguine à un jeune homme de 17 ans, membre des témoins de Jéhovah.
Ce roman est intéressant en ce qu’il permet de montrer les deux facettes du personnage : un magistrat respecté par ses pairs qui rend des décisions pleines de bon sens et réfléchies, mais qui confronté à ses propres problèmes de séparation n’applique pas les principes qu’elle prône. On ne fait pas les mêmes choix pour autrui que pour soi-même.
McEWAN nous démontre aussi que derrière une rigidité de façade nécessaire à un magistrat, sa cache un être sensible pour qui trancher des questions de vie ou de mort régulièrement laisse des traces tout au long d’une carrière et d’une vie.
Le roman est agréable à lire et c’est avec intérêt que l’on suit les choix difficiles de cette femme d’âge mur à l’image d’un roc, mais qui se laisse attendrir par ce jeune témoin de Jéhovah, la conduisant à se comporter de manière inhabituelle et risquée.
Je trouve cependant que l’issue du livre nous laisse sur notre faim, l’évènement final aurait mérité plus de développement sur les choix du jeune garçon et la relation qu’il avait créé avec sa « Lady ».
Tout au long du livre, nous nous attachons aux pas de Fiona Maye, juge aux affaires familiales, et nous partageons sa vie professionnelle, comme sa vie intime. Nous sommes à Londres, en été, et il pleut.
Alors que Fiona est complètement absorbée par les affaires sensibles et très délicates sur lesquelles elle doit se prononcer, Jack, son mari, 60 ans, est tenté par une aventure avec une femme de 28 ans. Il quitte le domicile conjugal avec sa valise.
Même si elle est perturbée par ce qui lui arrive, elle doit trancher dans un conflit opposant un couple membre d’une communauté ultra-orthodoxe. Les parents se déchirent à propos de l’éducation à donner à Rachel et Nora, leurs filles. Faut-il les cantonner à la maison pour élever leurs futurs enfants ou les laisser faire leurs études comme le veut leur mère ?
Le drame des deux siamois qu’il faut opérer afin d’en sauver un alors qu’ils vont mourir si on les laisse en l’état, l’oblige à prendre une nouvelle décision très délicate. Pendant qu’elle relit les rapports préparés, sa situation personnelle perturbe sa réflexion mais une affaire urgente va constituer la trame du livre : un garçon de 17 ans luttant contre la leucémie, doit être transfusé mais il refuse, comme ses parents. Ils sont Témoins de Jéhovah. Comme dans toutes les affaires familiales où elle intervient : « Elle statuerait sur ce qui avait commencé dans l’amour et se terminait dans la haine. »
Dans la dure solitude du réveil, elle trouve le silence de Jack « cruel et choquant » mais l’audience à propos du jeune Adam l’absorbe vite. On rappelle que ce refus des transfusions sanguines par les Témoins de Jéhovah est une décision prise par un Collège central basé à Brooklyn, en 1945… L’assistante sociale insiste : « Un enfant ne devrait pas se laisser mourir au nom d’une religion. »
Quand elle décide d’aller voir Adam à l’hôpital, l’histoire prend une autre envergure. Alors qu’il se condamne à mourir, il apprend à jouer du violon : « Apprendre le violon ou tout autre instrument était un acte d’espoir, de foi en l’avenir. » Aussi, Fiona se réfère au Children act de 1989 qui met d’abord en avant l’intérêt de l’enfant.
Ian McEwan, ensuite, nous promène un peu en Angleterre. Fiona retrouve ses souvenirs d’ado à Newcastle et l’auteur décrit les rapports entre les gens qui constituent l’institution judiciaire, leurs jalousies, leurs problèmes, leurs soirées, leurs goûts musicaux comme lors de ce concert de Noël à Great Hall.
Toujours sous la pluie, Fiona qui décide, qui tranche dans la vie des gens, comme ses collègues, en vient à constater une chose essentielle : « Elle croyait que ses responsabilités s’arrêtaient aux murs de la salle d’audience. »
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
My Lady, entendez Fiona Maye, 59 ans, magistrate du droit de la famille, brillante, passionnée et respectée de tous, est plongée dans un dossier délicat un dimanche soir, allongée sur sa méridienne, quand son mari Jack universitaire, lui assène abruptement qu'elle est plus assidue à la chambre des affaires familiales qu'à la chambre conjugale.
Il lui rappelle que cela fait sept semaines et un jour qu'elle n'a pas rempli le devoir conjugal, alors ou elle s'exécute ou bien il prendra une maîtresse. Il a envie de s'éclater, lui.
L'ultimatum est tombé, et Fiona a un nouveau cas à trancher, celui d'un jeune de dix-sept ans, atteint de leucémie et qui refuse toute transfusion, car ce n'est pas conforme aux préceptes de sa religion, sa famille et lui sont témoins de Jéhovah.
Elle va devoir analyser, trancher au mieux de l'intérêt de l'enfant.
L'auteur nous fait part de détails très intéressants qui nous poussent à réfléchir comme Fiona, car ce ne sont que des cas délicats où elle doit faire régner le droit avant la morale ou autre considération.
La maîtrise du sujet est telle que le plaisir de lecture n'en est pas freiné.
Et de façon sous-jacente, se poursuit une belle réflexion sur la vie, celle que l'on se choisit, celle que l'on subit, ainsi que les mille moments où il faut ne rien considérer comme acquis.
Fiona est dans l'urgence en permanence, questions de vie ou de mort ; cela donne le rythme à ce roman.
Il faut souligner l'exceptionnel qualité des recherches faites par l'auteur, qui sait nous en redonner l'essence.
Les cas évoqués sont inspirés de cas réels et ce n'est jamais lourd, juste passionnant.
La vie est une musique, dans un orchestre chacun doit jouer sa partition.
Une lecture émouvante où vos certitudes lecteurs vont vaciller...Carpe Diem ?
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 17 mars 2017
Le roman se centre sur la figure de Fiona Maye, magistrate spécialisée dans le droit des enfants, qui doit juger du cas singulier d'un jeune homme dont les parents sont témoins de Jéhovah, et qui, malade, refuse de subir la transfusion qui pourrait lui sauver la vie du fait de ses convictions religieuses.
J'ai beaucoup apprécié l'art de l'auteur consistant à extraire d'une situation anecdotique des réflexions plus fondamentales sur ce que signifie l'intérêt de l'enfant, sur le bien fondé de la démarche de ses parents, de Fiona, de ce qui est "juste" ou non dans une situation complexe. L'auteur évite d'adopter un biais normatif en soulignant que la situation exige une bonne décision, et parvient à rendre avec subtilité les paradoxes du choix de Fiona.
Le roman est habilement construit et se lit facilement.
Ma chronique complète est ici :
http://viederomanthe.blogspot.fr/2016/02/linteret-de-lenfant-ian-mcewan.html
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