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Ils vivent dans la même ville, ils sont condisciples et il n'y a guère de jour où ils ne se voient ou n'échangent de longues lettres. Ils sont deux et pourtant ils fondent une Académie. Ils se prénomment Sigmund (ou Sigismund) et Eduard mais signent souvent Cipion et Berganza et aiment s'écrire en espagnol. Ils appellent les jeunes filles des «principes». Ils veulent «tout se dire». Ce sont deux adolescents d'autrefois. Aux lettres à Eduard Silberstein, nous avons voulu joindre dans notre édition les lettres que Freud adressa à un autre ami d'adolescence, Emil Fluss, le frère de la charmante Gisela, celle à qui le jeune Sigmund dut ses premiers émois amoureux et dont il est souvent question dans les lettres à Silberstein. À travers ce qui s'est échangé entre les trois amis, le lecteur aura une image aussi exacte que possible d'une période peu connue de la vie de Freud, alors lycéen puis étudiant en médecine et en philosophie ; il connaîtra les intérêts intellectuels et littéraires du jeune homme, ses attachements et ses partis pris, sa fantaisie et son sérieux, ce qui le passionne et le trouble. Ces lettres, outre leur valeur documentaire, se lisent comme un Bildungsroman.
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