Prix Goncourt 2018, Nicolas Mathieu nous confie sa bibliothèque idéale
«Le soleil se leva derrière eux, et alors... brusquement, ils découvrirent à leurs pieds l'immense vallée. Al freina violemment et s'arrêta en plein milieu de la route. - Nom de Dieu ! Regardez ! s'écria-t-il. Les vignobles, les vergers, la grande vallée plate, verte et resplendissante, les longues files d'arbres fruitiers et les fermes. Et Pa dit : - Dieu tout-puissant !... J'aurais jamais cru que ça pouvait exister, un pays aussi beau.»
Prix Goncourt 2018, Nicolas Mathieu nous confie sa bibliothèque idéale
Prix Pulitzer.
Superbe, magnifique lecture ! Une plume incroyable, incisive ... Il y a quelques années, j'ai lu des souris et des hommes du même auteur, je me souviens de la soirée qui a suivi : larmes, blues, on me parlait je n'étais pas là ... je n'arrêtais pas d'y penser ! Pour ce livre, je ne pleure pas mais j'ai le coeur gros !!! L'histoire de cette famille est très touchante. La mort du grand-père qu'ils doivent laisser sur place faute d'argent m'a mis par terre !
Un vrai chef d'oeuvre ! rien à rajouter !
« Dans l'âme des gens, les raisins de la colère se gonflent et mûrissent, annonçant les vendanges prochaines. »
Dans l’expérience d’un lecteur, il est des oeuvres dont on ne sort pas indemne. Ce livre en fait partie. Ayant une portée historique, « Les raisins de la colère » traite avec réalisme des conséquences de la Grande Dépression américaine dans les années 1930.
La famille Joad cultivent les terres d’Oklahoma depuis plusieurs générations, et subissent de plein fouet une sècheresse historique. Vivant dans une grande misère, il se font expulser du jour au lendemain par leurs propriétaires. Commence alors un long périple vers la Californie, tous entassés sur un vieux camion. Avec la promesse d’une vie meilleure, l’espoir d’enfin manger à sa faim et de retrouver sa dignité. Une fois sur place vient la désillusion, amère et cruelle.
Le roman alterne avec habileté entre les chapitres évoquant l’histoire de cette famille forte et courageuse, et ceux plus généraux sur la migration des « Okies » le long de la fameuse route 66, victimes d’un phénomène migratoire inédit jusqu’alors. Ces chapitres sont pour Steinbeck un plaidoyer contre le capitalisme et ses effets délétères sur les êtres humains.
John Steinbeck écrit une histoire universelle et intemporelle. La simplicité apparente et la grande place des dialogues ne cachent pas la profondeur de ce récit que l’on sent enrichie de son expérience. Son envie de témoignage est prégnante. Les dialogues, truffés d’expressions argotiques et sans commentaire, entrainent l’empathie du lecteur qui assiste en direct à l’histoire, comme un spectateur.
Mais quand il décrit la nature, Steinbeck devient poète. Il nous fait ressentir dès les premières pages du roman le souffle brûlant du vent, la terre aride et dévastée, la couleur de feu du ciel. Ce roman juste et réaliste prend aux tripes, j’ai terminé la lecture totalement sidérée.
Ne rien expliquer mais tout éclairer…
Lu il y a fort longtemps, c’est sa nouvelle traduction qui m’a donné l’envie d’y revenir, ne serait-ce que pour le confort de lecture.
Dans sa préface, Charles Recoursé nous dit : « quatre-vingt-dix ans plus tard, à une autre échelle et en d’autres lieux, nous y sommes ou bien nous y serons bientôt. Les personnages de Steinbeck sont les paysans affamés par les vagues de chaleur au Pakistan et au Kenya, ou ruinés par les grands propriétaires au Brésil ; ce sont les employés des entrepôts géants de la vente en ligne et les livreurs sans papiers qui sillonnent nos villes. Un jour, peut-être, quelqu’un écrira leur roman. »
La justesse de ce propos est omniprésente.
Oklahoma 1930, Tom Joad junior rentre chez lui après quatre ans d’emprisonnement, pour homicide lors d’une rixe après beuverie.
En chemin il aperçoit une tortue sur le dos qui n’arrive pas à se remettre en marche, un symbole.
Il croise également la route de l’ancien pasteur Jim Casy, il l’invite à se joindre à lui, la famille Joad ayant affection et respect pour cet homme.
Mais la surprise qu’il pense faire à sa famille, lui le libéré pour bonne conduite, va se terminer par une surprise encore plus grande, la ferme de sa famille est à moitié détruite et abandonnée. C’est le vieux Muley, résistant à sa façon, qui va leur dire les bouleversements survenus.
« Ce soir, j’avais prévu de dormir ici. C’est pour ça que je suis venu. Je me disais, « je surveille, comme ça quand ils reviendront tout sera nickel.» Mais je savais bien que je me racontais des histoires. »
Tom junior apprend que sa famille est allée s’installer chez son oncle paternel John.
Tom et Casy repartent, toute la famille est sur le point de prendre la route pour la Californie, là où le soleil brille et le travail abonde. L’espoir d’une vie meilleure.
Tous les fermiers de l’Oklahoma ont été expulsés par les riches propriétaires qui veulent cultiver le coton de façon mécanique.
Len engins agricoles sont devenus des armes pour démolir les habitats et faire fuir les résistants.
La famille Joad va faire vivre aux lecteurs toutes les étapes de ces bouleversements survenus après la Grande Dépression.
Prendre avec eux la route 66, c’est vivre étape par étape la déshumanisation en marche.
« Les gens sont sous le choc. À les voir on dirait des somnambules.
Comment on fera pour vivre sans nos vies ? Comment on saura qui on est sans notre passé ? »
C’est un brûlot politique et écologique, qui dit la déshumanisation en les affublant du nom dédaigneux de Okies, les parias de l’Oklahoma.
Ils ne sont pas les bienvenus, juste de la main-d’œuvre facile à manipuler pour un salaire chaque jour minoré.
Tout est problématique, l’essence, la réparation du camion, la nourriture, la maladie, la mort…
De la rage au cœur aux larmes, poings serrés.
La mécanisation réduit et détruit le travail, appauvrit les sols et le contrôle de tout cela par les grandes banques, ennemies sans visage.
Autre bouleversement, très bien senti par Steinbeck, la place de la femme. Ma Joad est une figure magnifique, elle impulse, elle tranche, elle endosse, elle opère la cohésion du groupe et des relations avec les autres errants.
Dans les camps de transit c’est elle qui dirige, qui empêche les autres de baisser les bras. Mais à quel prix ? Son cri du cœur :
« Me touche pas. Si vous me touchez pas je vais tenir le coup. Sinon c’est fini . »
Où que la famille Joad aille, c’est l’exclusion avec des millions d’autres comme eux, d’où une ségrégation sociale. C’est un cercle vicieux, anéantissement sans espoir, la misère muselée.
Une quête sans fin du jour suivant, une adaptation aux forceps à la mondialisation, aux des millions d’humains sont condamnés à générer des profits à un petit nombre d’élus.
L’auteur connait son sujet, tout sonne juste, le langage des protagonistes, les attitudes, les valeurs qui ne sont pas détruites même dans l’adversité la plus cruelle, la scène finale est comme un uppercut et celui-ci vient des femmes.
Cette lecture résonne d’un constat : aujourd’hui rien n’a changé.
Pérenniser la précarité, et inciter, pousser les plus démunis à se battre les uns contre les autres.
Il n’y a plus de débat, un seul espoir en un mot : RESPECT, une valeur fondamentale de l’humanité. C’est un choix de société.
Mais au XXIe siècle ce n’est toujours pas gagné.
Un livre exceptionnel, un chef d’œuvre.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2022/12/28/les-raisins-de-la-colere/
un monument qui laisse d’impérissables souvenirs
Je décide d’écrire cette chronique à chaud. Je viens de tourner les dernières pages, encore émue. Je suis soufflée par ce roman. J’ai pris une grosse claque.
Chassée de leurs terres à cause de l’industrialisation, la famille Joad prend la route pour la Californie, terre de promesse. Ils sont des milliers sur les routes à poursuivre ce rêve. Des milliers n’arriveront jamais. Le rêve se transforme vite en cauchemar. L’eldorado n’est pas. Mais le lien familial est plus fort que tout. Ensemble ils sont plus forts, ensemble ils peuvent survivre et affronter cette chienne de vie.
Je suis bluffée par le personnage de Man, cette mère de famille qui tient ses troupes, les recadre, les nourrit et ne perd jamais espoir. Rose de Saron se métamorphose à la fin du roman et accède à une place presque biblique. Les personnages féminins sont forts, résiliants et inspirants.
Prix Nobel de la littérature en 1962, ce roman n’a pas pris une ride. Brûlant d’actualité, il nous rappelle qu’être migrant n’est pas un choix mais une nécessité.
J’aurais tant à dire sur ce roman, et tant a déjà été écrit. Alors le mieux, c’est que vous le lisiez sans attendre !
Les raisins de la colère de John Steinbeck
Si je ne peux malheureusement pas dire que ce roman fut un coup de foudre, j’en suis vraiment désolée car une fois séduite et captivée au milieu de l'histoire, ce fut une très belle lecture.
Je suis un peu passée à côté de l’histoire pendant que la famille Joan traversait le pays de l’Oklahoma vers la Californie. Ils ont dû laisser leurs terres saisies par la banque pour aller chercher du travail. La Californie est imaginée comme le graal durant cette période de dépression.
C’est une fois arrivée en Californie que j'ai accroché et que tout s’est révélé. Pourtant j’ai apprécié toute la subtilité de l’écriture, l’ampleur du tableau dressé par l’auteur.
Car la famille qu’on suit n’est qu’une parmi beaucoup d'autres. Steinbeck contextualise et dresse un tableau assez effroyable du phénomène de l’exode, de l’hyperpuissance des banques qui contrôlent à l’extrême salaires, mode de vie, n’appréciant pas les camps d’émigrés trop bien organisés sur lesquels ils n’auraient pas la main.
Steinbeck donne vie à la masse de migrants qui se déplacent pour trouver du travail et se nourrir, essaient de s’organiser. La famille Joan est une parmi d'autres. Si je ne me suis pas tout de suite attachée aux membres de la famille Joan, je n’ai pu qu’être impressionnée au cours de la lecture par leur persévérance, leur détermination, leur courage et leur force.
Un roman incroyable dont je ressors bluffée.
En janvier je lisais A l'est d'Eden et je pensais avoir fait ma plus belle lecture de l'année. Grave erreur, je n'avais pas encore lu Les raisins de la colère.
On n'est jamais prêt à lire un roman comme ça…. En tout cas, moi je n'étais pas préparée à prendre ça dans la face.
Ce livre est d'une actualité brulante avec son thème principal universel et intemporel: la quête d'une vie meilleure, le choix de l'exode aussi cruel soit-il à cause du poids de la misère.
De là découle des sous-thèmes: l'exploitation du petit, le progrès, les excès du capitalisme, la loi du profil, l'économie déshumanisée.
Et puis il y a la force dramatique du roman et sa structure subtile, alternant l'air de rien la fiction et le documentaire, qui vous accroche presque instantanément.
La qualité littéraire de Steinbeck explose dans les descriptions, dans la psychologie des personnages, dans les dialogues.
Pas utile d'en dire plus, vous trouverez n'importe où sur internet des analyses de ce classique bien plus complète qu'une simple chronique.
Je vous invite à lire les nombreuses citations présentes sur le web, qui à elles seules montrent tout le talent, l'humanité, la pertinence de Steinbeck et qui je l'espère vous convaincront de lire (ou relire) ce chef d'oeuvre.
Mon livre préféré de loin
J'ai embarqué avec les Joad cette famille d'Okies pour le meilleur mais surtout pour le pire...
Lire ce livre c'est souffrir de la faim avec eux, avoir des cors aux mains, s'alourdir sous la chaleur du sud.
C'est ce réjouir avec eux quand Tom trouve un travail et pleurer avec eux lors de l'accouchement de Rosasharn.
Une lecture nécessaire
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