"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
J'ai adoré, et également "l'attentat". Déçue par contre, par son dernier "Les vertueux". :-(
Dans les ruines brûlantes de la cité millénaire de Kaboul, la mort rôde, un turban noir autour du crâne. Ici, une lapidation de femme, là des exécutions publiques, les Taliban veillent. La joie et le rire sont suspects. Atiq, le courageux moudjahid reconverti en geôlier, traîne sa peine. Le goût de vivre a également abandonné Mohsen, qui rêvait de modernité. Son épouse Zunaira, avocate, plus belle que le ciel, est désormais condamnée à l'obscurité grillagée du tchadri. Alors Kaboul, que la folie guette, n'a plus d'autres histoires à offrir que des tragédies. Le printemps des hirondelles semble bien loin encore...
" Un cri déchirant au coeur de la nuit de l'obscurantisme. " Alexandra Lemasson - Le Magazine littéraire
Bonjour . On plonge dans le labyrinthe de la peur et de l’horreur. Sous couvert d’un roman , Yasmina Khadra nous révèle la vie difficile , angoissante , inquiétante , remplie de tourments des Afghans sous l’emprise des extrémistes islamiques
En Afghanistan, la guerre fait des ravages. Tout n'est plus que ruines. La misère s'installe partout. Les bombes ont fourni un lot d'estropiés dans les rues et les habitants de Kaboul ont faim. Les talibans font la loi : les femmes sont voilées des pieds à la tête et il est impossible de rire ou de se toucher dans la rue. Les hommes se déshumanisent (quelques soient leurs conditions sociales) et commettent des lapidations ou se réjouissent des mises à mort publiques. Difficile de survivre sans devenir fou. Quant à l'amour, il ne résiste pas.
On se croirait de retour au Moyen Age, mais cela se passe aujourd'hui.
20 ans après. Relecture de ce terrible roman. Il n’a pas pris une ride et hélas, il est toujours d’actualité…
Kaboul. Les années postsoviétiques et la prise de pouvoir par les talibans : « la ruine des remparts a atteint les âmes. La poussière a terrassé les vergers, aveuglé les regards et cimenté les esprits ».
A l’intérieur de cette ville en proie à la tyrannie et à la barbarie, deux couples.
Atiq, un geôlier qui ne pense plus, ne croit plus à rien et sa femme Mussarat atteinte d’une maladie incurable. Et Moshen, ancien notable, amoureux fou de Zunaira, « magistrate licenciée par l’obscurantisme. » Comme l’ensemble des femmes, elle doit sortir habillée de son tchadri qui la couvre de la tête aux pieds. « Avec ce voile maudit, je ne suis ni un être humain, ni une bête, juste un affront ou une opprobre que l’on doit cacher comme une infirmité. »
Pour survivre, il faut cesser de penser, il faut cesser de respirer : « Moshen a cessé de rêver. Sa consciente s’est éteinte. Il s’assoupit dès qu’il ferme les yeux et ne ressuscite qu’au matin, la tête aussi vide qu’une cruche. »
Pas de manichéisme chez Yasmina Khadra. Il ne choisit pas la facilité et décrit les êtres humains tout en nuances, avec beaucoup de justesse.
Chacun essaie de survivre avec ses désirs, ses lâchetés face à l’horreur. Atiq ne supporte plus sa femme malade et l’amour dévorant qu’elle lui porte. Il voudrait la voir morte physiquement. Comme il est mort, lui, dans la tête et le cœur… En même temps, il ne veut pas la répudier…
Zunaira va reporter toute sa honte, toute sa haine, de n’être plus rien sur son mari Moshen.
Pourtant la poésie est présente avec l’amour fou qui dévore les personnages. Seule antidote à l’anéantissement.
Écriture somptueuse, phrases courtes, mots appropriés qui portent d’un bout à l’autre la tragédie de l’histoire.
Un récit intense et puissant où chacun comprend avec son cœur et ses tripes, l’asservissement des hommes, l’exclusion des femmes, la non-vie.
Du grand Khadra !
https://commelaplume.blogspot.com/
Nous sommes il y a un peu plus de vingt ans, sous le premier gouvernement des Talibans. Kaboul en ruines vit dans la peur d’un quotidien rythmé par les exécutions publiques et les lapidations de femmes. Même rire y est répréhensible, ce dont d’ailleurs les habitants, désespérés, ont perdu la force. Atiq, le moudjahid devenu gardien de prison, ne peut se résoudre à répudier, comme le voudrait la norme, son épouse atteinte d’un cancer. Mohsen et sa femme Zunaira, autrefois avocate et maintenant confinée à l’étroitesse sans visage ni identité du tchadri, ont vu leurs carrières et leur mode de vie réduits à néant. Ils ne sont pourtant tous les quatre qu’au début de la tragédie qui va les réunir...
Les scènes choc se succèdent, révoltantes, insupportables, dans une Kaboul livrée à la folie terrifiante et à la violence abjecte d’un totalitarisme obscurantiste proprement effarant. « A Kaboul nous sommes tous des mendiants. » « Nous avons tous été tués. Il y a si longtemps que nous l’avons oublié. » « Aucun soleil ne résiste à la nuit. » Accablés par le lent pourrissement qui les gagne, dans le dégoût de leur impuissance complice lorsque chaque jour accroît leur compromission horrifiée d’humains tremblant de sauver leur peau, Atiq et Mohsen ne savent plus comment trouver de paix, alors qu’en dépit d’eux-mêmes et de la pression fataliste des autres hommes de leur entourage, ils ne peuvent tout à fait se résoudre à accepter l’inacceptable. C’est une femme, ultime incarnation de ce qui survit de leur âme et de leur coeur, qui sert finalement de détonateur à leur révolte et à leur colère, dans un sursaut désespéré, avant la mort et la folie, pour tenter de sauver une once de liberté, et, du même coup, d’humanité.
Ce premier volet d’une trilogie illustrant « le dialogue de sourds qui oppose l’Orient et l’Occident » est un livre fulgurant, aux images fortes et aux dialogues percutants, qui, sur le fond apocalyptique d’un Afghanistan jeté dans un chaos économique et humanitaire inouï, met en lumière le désespoir sans fond d’une population persécutée par un régime de terreur lui imposant d’inconcevables et draconiennes restrictions. L’on y frémit en particulier du sort des femmes, ni plus ni moins rayées de la condition humaine, si tant est que ce terme ait encore une signification pour un régime bannissant jusqu’à pensées et sentiments au prétexte d’obédience aveugle à l’autorité religieuse. Pourtant, c’est justement par les femmes, que, dans ce drame réaliste non dénué de la poésie d’un conte persan, réussit à subsister un semblant d’espoir, incertain et fragile.
Un roman coup de poing, plus que jamais d’actualité, sur l’infinie tragédie afghane, et une magnifique invitation à réfléchir à la notion de liberté. Coup de coeur.
J'ai adoré, et également "l'attentat". Déçue par contre, par son dernier "Les vertueux". :-(
Un auteur dont je poursuivrai la découverte, c'est sûr.
Lu il y a longtemps, mais excellent souvenir. Un des romans qui m'ont rendu fan de Yasmina Khadra
Très beau roman de Yasmina Khadra qui témoigne de la situation du peuple afghan sous le régime taliban. On suit en parallèle le destin de deux couples dans une capitale qui n’a de couleur que celle du sang et d’odeur que celle du plomb. Les habitants subissent et errent plus qu’ils ne vivent et agissent, contraints par une force qui les dépasse et les accable. Pourtant, dans cette ville en ruines où l’inertie est pour beaucoup une tentative de préservation mentale et physique, quelques voix s’élèvent et laissent bruire une révolte contre l’obscurantisme. Des chemins se croisent et l’humanité renaît, avec tout ce que cela comporte de risques et de tragédies…
Écrit en 2002… Et pourtant… Un roman qui nous rappelle, s’il était nécessaire, l’importance de la littérature qui, face à la grande Histoire, nous ouvre les portes de l’infiniment petit en mettant en avant les destinées individuelles, avec beaucoup de subtilité et de sensibilité. On a l’impression d’y être : dans cette capitale dévastée et déshumanisée, dans ces rues salies par les corps lapidés et par la noirceur et la folie des âmes, dans cette prison qui voit ses occupants défiler, dans ces maisons lourdes de silences et de regrets. C’est un roman qui nous happe et qui nous fait prendre position car il est absolument impossible de rester insensible face aux actes décrits et aux pensées révélées. Mais tout est instable car l’être humain est changeant : un personnage honni peut s’avérer désespérément fragile quand un autre, insignifiant, peut cacher une grandeur d’âme insoupçonnée. C’est en outre extrêmement bien écrit mais le style peut déstabiliser au début : il faut persévérer, la poéticité du texte est aussi une arme contre la barbarie et elle dit tout ce que l’humain a de beau en lui.
Si difficile...tellement d'actualité. Et juste superbe
J'ai pu découvrir le film grâce au 37° Festival International du Premier Film d'Annonay et je n'ai pas été déçu par l'adaptation de ce court roman mais le livre, comme d'habitude, apporte davantage de détails, de précisions et les deux se complètent admirablement.
Cette plongée dans l’Afghanistan des talibans est terrible de réalisme et de folie. L’adaptation au cinéma de ce roman court et tellement fort, Les Hirondelles de Kaboul, par Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec, sous la forme d’un film d’animation m’a motivé pour réparer un oubli fâcheux, la lecture du livre de Yasmina Khadra.
Cet écrivain algérien, de son vrai nom Mohammed Moulessehoul, a adopté les deux prénoms de sa femme comme pseudonyme en hommage à celle qui l’a toujours soutenu. Ex-officier de l’armée algérienne, il avait publié déjà plusieurs livres quand il a décidé de se consacré au métier d’écrivain en 2000. Son œuvre littéraire est importante et reconnue mondialement.
Dans Les Hirondelles de Kaboul, Yasmina Khadra s’attache aux pas d’Atiq Shaukat (42 ans), gardien de la geôle où sont enfermées les femmes condamnées à mort. Il joue facilement de la cravache lorsqu’il se déplace dans les rues surpeuplées de Kaboul. Bien sûr, sa femme, Mussarat, très malade, reste à la maison.
Nous sommes en 2001. Les talibans ont conquis le pouvoir par la guerre et appliquent leurs principes religieux comme des forcenés, s’en prenant essentiellement aux femmes, bannissant toute musique, interdisant de rire dans la rue et envoyant de force les hommes à la mosquée écouter les prêches enflammés de mollahs illuminés.
D’emblée, l’horreur s’impose avec cette lapidation publique d’une prostituée, scène insupportable au cours de laquelle Moshen Ramat, fils de bourgeois bien élevé, marié à la belle Zunaira, jeune magistrate licenciée sans procès ni indemnité, participe à l’horreur, emporté par l’hystérie collective.
C’est lorsqu’il avoue cela à Zunaira que leur couple craque. Au fil des pages, lisant le style épuré de l’auteur, j’ai constamment ressenti toute l’horreur d’un régime traitant les femmes comme des êtres inférieurs, les enfermant sous cette toile de tente grillagée devant leur visage dès qu’elles sortent, le tchadri, obligatoirement accompagnées par un homme.
L’histoire de ces deux couples que tout oppose, Atiq et Mussarat d’un côté, Moshen et Zunaira de l’autre, m’angoisse au fil des pages alors que les talibans brutalisent, arrêtent, exécutent, que les enfants sales traînent dans les rues de la capitale, que les blessés de guerre tentent d’épater les passants en enjolivant leurs exploits et que le mollah Bashir prêche pendant plus de deux heures à la mosquée où Moshen a été conduit à coups de cravache.
Il y a aussi le vieux Nazish qui était muphti à Kaboul et qui rêve de partir alors que ses fils ont été tués à la guerre. Qassim Abdul Jabbar, milicien réputé, méprise sa famille et n’espère qu’une chose : diriger la forteresse, le plus grand centre pénitentiaire du pays. Pour plaire aux mollahs, il fournit des condamnés à mort dont les exécutions attirent la foule et ravissent les dirigeants.
Je n’en dis pas plus car ce roman révèle une surprise que je n’ose qualifier de belle mais je salue l’imagination de l’auteur qui réussit à apporter une note d’espoir dans un pays qui, s’il a été depuis délivré des talibans, est toujours déchiré par des luttes sanglantes.
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Un roman court (148 pages), dur, déchirant, mais oh combien nécessaire pour nous rappeler ce qu'a vécu ce peuple afghan. Dès la première page, le décor est planté : "Les terres afghanes ne sont que champs de bataille, arènes et cimetières." Yasmina Khadra, notamment par l'intermédiaire de deux couples, va réussir à nous faire vivre et ressentir la vie quotidienne à Kaboul, telle qu'elle est devenue depuis que les Taliban et les Mollahs font régner sur le pays un régime dictatorial.
Il y a Atiq Shaubat qui ne se déplace jamais sans sa cravache et son trousseau de clés. il est geôlier à la maison d'arrêt. Cet ancien moudjahidine est plus ou moins en train de perdre la raison en voyant ce qu'est en train de devenir son pays, d'autant que sa femme Mussarat est mourante.
Il y a d'autre part Moshen Ramat époux de la belle et instruite Zunaira qui se retrouve à avoir fait quelque chose d'impensable pour lui : " Une prostituée a été lapidée sur la place. J'ignore comment je me suis joint à la foule de dégénérés qui réclamait du sang. ... je me suis surpris à ramasser des cailloux et à la mitrailler, moi aussi."
Les destins croisés de ces quatre personnes nous plongent dans ce régime qui impose peur et violence à la population. Une petite lueur d'espoir peut cependant encore naître dans le coeur de certains habitants. Il faut noter que dans le roman, ce brin d'espoir et de révolte est porté par des femmes. Ces femmes dont les conditions de vie sont impensables tant elles sont inhumaines. Grâce à elles, un homme, même s'il va finir par sombrer dans la folie aura tenté de se redresser et aura pu vivre des instants de vraie vie.
L'auteur va nous entraîner avec ces personnages sous une chaleur accablante, l'air empli d'une odeur épouvantable, dans les rues de Kaboul. Nous avons l'impression d'être au coeur de cette foule loqueteuse, de frôler ces vieillards, ces mendiants ou ces invalides de guerre qui hantent les rues ou la cour de la mosquée, entourés parfois par des nuées de mioches livrés à eux-mêmes.
Avec "Les hirondelles de Kaboul", nous nous retrouvons dans un lieu, une nation privée de liberté et d'humanité, un pays où les droits sont inexistants, où la justice est entre les mains des talibans et où les femmes n'ont plus de place et n'ont droit qu'au mépris. Difficile de survivre et de garder quelque espoir dans un tel contexte.
Un livre d'une vérité effrayante, d'un réalisme bouleversant, mais dans lequel la poésie n'est pas absente et qu'il faut avoir le courage de lire car Il rend compte d'événements que nous préférerions occulter.
C'est avec impatience que j'attends l'opportunité d'aller voir le film d'animation éponyme, adapté de ce roman.
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Cet auteur ne m'a jamais déçue non plus.