"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Avec pour toile de fond un «Deep South» dont les petites villes ne sont jamais loin des rivières et des lacs, Les grands solitaires présente le petit monde habituel de Barry Hannah : poètes alcooliques paumés traînant de bar en bar, vétérans de Corée mal réadaptés à la vie civile, gamins meurtriers en quête de pureté dans un monde trop lourd. Parfois, le narrateur se remémore son enfance, une sorte de Paradis perdu, lumineux, dans lequel la pêche devient une expérience mystique, et les adultes des demi-dieux. On est frappé par la compassion et la délicatesse avec lesquelles Hannah traque les éclats de tendresse dissimulés sous l'ivresse, le mal-être, la violence. Ses héros sont des nostalgiques, qui se réfugient dans l'alcool ou dans le souvenir. Chez Hannah, tout était toujours mieux avant, et le temps dégrade. Hannah est un poète, qui se laisse porter par des associations d'images et de mots au fil d'une prose incantatoire sans équivalent depuis Faulkner.
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