"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Séduire au risque d'en mourir : tel fut le sort de plusieurs héroïnes de ce livre dont le rôle politique sous la Révolution s'acheva sur l'échafaud. Ainsi d'Olympe de Gouges ou de Mme Roland...
On l'a oublié ou négligé : de grandes figures féminines tentèrent d'infléchir le cours de la Révolution dans un sens ou dans un autre. La plupart s'efforcèrent d'influencer des hommes politiques du temps - de là leur nom d'« égéries » - faute de pouvoir se faire entendre à la tribune et participer aux grandes décisions. Une revendication que les révolutionnaires ne cessèrent d'étouffer. Et pourtant, n'étaient-ce pas les femmes qui avaient ramené le roi de Versailles à Paris ou contribué à la chute de la monarchie ?
Voici l'histoire de la Révolution vue sous un autre jour, expliquant, entre autres, le renoncement du duc d'Orléans à la régence après la fuite du roi ou la chute inattendue de Robespierre le 9 Thermidor.
Dans les coulisses de la scène politique, ne fallait-il pas chercher l'égérie ?
J’ai choisi ce livre car mon intérêt pour l’Histoire est connu, et j’ai mis beaucoup de temps à lire, et à rédiger ma critique, car difficile de réaliser une synthèse…
Les auteurs ont choisi de découper leur ouvrage en plusieurs parties, des origines de la Révolution, à l’hypothèse de création d’une monarchie constitutionnelle, pour aborder ensuite la Terreur et pour finir le Directoire, en nous dressant pour chacune un portrait des femmes qui ont été influentes.
Certaines sont très connues et j’ai retrouvé avec plaisir une femme que j’admire : Olympe de Gouges qui s’est battue pour le statut des femmes et des minorités (les Noirs par exemple). Le portrait de Madame Roland est intéressant également car je connaissais fort peu de choses sur elle.
Autre chapitre intéressant, celui consacré à Charlotte Corday, dont bien-sûr on connait l’épilogue, Marat assassiné dans sa baignoire… la manière dont Charlotte construit son acte avec précision, force le respect.
Les auteurs évoquent également, ces femmes qui ont joué un rôle dans le déclenchement des évènements, les soulèvements, la marche des femmes pour ramener le Roi de Versailles et dont on connaît si peu de choses, à peine a-t-on entendu leur nom ci ou là… Louise-Renée Leduc, alias, Reine Audu car elle régnait sur les Halles, centre d’approvisionnement de Paris, par exemple, ou encore Pauline Léon clubiste, qui voudrait bien convaincre les hommes que les femmes ont aussi des idées
« Devant les menaces qui pèsent sur le pays, elle exhorte les législateurs à permettre aux femmes de s’armer, car « l’amour de la patrie en danger et la haine des tyrans leur feront aisément braver tous les dangers ». Cela ne signifie pas rassure-t-elle, que les femmes abandonneront leurs tâches d’épouses et de mères de famille… »
Une de ces femmes m’a plutôt fascinée ; il s’agit de Theresia Cabarrus, qui prend position énergiquement pour les droits des femmes, qui lui vaudront des railleries, et un emprisonnement qui lui permettra de faire la connaissance de Tallien dont elle deviendra la maîtresse, ce qui au passage lui attirera les foudres de Robespierre le vertueux. Elle participera à sa chute ce qui lui vaudra « le surnom de Notre Dame de Thermidor, ce surnom suggérant que c’est elle qui aurait renversé Robespierre ».
Certaines, je l’avoue, m’étaient totalement inconnues : Mme de Polastron, Mme de Sapinaud pour ne citer qu’elles.
Je remercie vivement Babelio et les éditions Robert Laffont qui m’ont permis de lire ce livre, de découvrir certaines de ces égéries, dont le destin fut trop souvent funeste, et grâce à la bibliographie proposée par les auteurs, je vais pouvoir approfondir…
http://encreenpapier.canalblog.com/archives/2019/08/30/37586604.html
La Révolution française est un phénomène qui marque une coupure dans l’histoire de France. Elle marque la rupture avec l’Ancien Régime et montre une nouvelle manière de penser, où l’égalité entre français serait la nouvelle norme. Entre français oui, mais pas entre français et françaises, puisque la femme est exclue de la vie politique… Pourtant malgré cet état de fait, la femme a joué son rôle dans cette Révolution : elle a manifesté ; elle a écrit ; elle s’est exprimée ; elle est même passée sous le couperet de la guillotine. Ceci montre donc que la femme a eu son rôle dans cette Révolution qu’on a souvent faite homme. Monsieur et Madame Tulard, vont nous rappeler qui étaient ces femmes. Ce qu’elles ont fait et ce qu’elles sont devenues.
Nous connaissons bien sûr Olympe de GOUGE qui s’est opposée à Robespierre et a milité en politique ; Théroigne de MERICOURT l’amazone de la Révolution qui finira dans un asile et servira d’exemple pour rappeler aux femmes quelle était leur place dans la société ; Charlotte CORDAY qui assassina le tyran Marat dans sa baignoire ; mais il en existe bien d’autres venant de tous les milieux. Et c’est là le premier avantage de ce livre, c’est que de la bourgeoisie à la noblesse, en passant par le bas-peuple, on va avoir droit à un tour d’horizon complet de ces femmes révolutionnaires ou en mis en cause dans la Révolution, et découvrir grâce à cela l’intimité des salons avec Madame NECKER et HELVETIUS, les dessous de la politique avec Madame ROLAND ou encore avec Madame TALLIEN, et enfin la rue en colère avec Reine AUDU ou Claire LACOMBE.
Cependant, ce n’est pas un classement par classe sociale que les auteurs ont favorisé, en effet ils ont plutôt pris soin de catégoriser les égéries révolutionnaires en fonction de leurs actions et du moment politique. En clair, ils n’ont pas mélangé les égéries de la Terreur avec celles du Directoire, ce qui est un excellent atout pour ne pas se mélanger dans cette période bouillonnante.
En plus de découvrir ces femmes ou jeunes filles qui ont laissé leur trace dans l’histoire par leurs combats, leurs actes, leurs écrits et venant de tous les milieux, ce livre est aussi un plus pour approfondir la Révolution. Si en effet on voit très vite que les femmes ont joué un rôle dans cette Révolution auprès d’hommes plus ou moins influents, en secret ou au grand jour, que ça soit en politique ou juste pour réclamer du pain, ces pages vont aussi nous permettre d’approcher un peu mieux ces hommes de la Révolution, leur caractère et leurs actions. Ainsi que les tensions ou les alliances qui pouvaient se créer entre eux au fil des circonstances et donc avoir des conséquences politiques. En plus on va avoir une meilleure vision des complications politiques et de l'ambiance révolutionnaire avec ses faux procès, arrestations arbitraires, etc.
Outre aborder l’influence des femmes auprès des hommes et donc discerner ce qu’elles ont cherché à favoriser en politique avec plus ou moins de réussite, côtoyer les hommes de la Révolution permet de percevoir aussi la limite de ces derniers à la cause féminine ou à leurs demandes. De voir aussi la manière dont ils les considéraient.
Enfin, et en plus des combats de ces révolutionnaires qui parfois rejoignent celui des hommes, j’ai trouvé très intéressant de découvrir le portrait de ces femmes : leur intelligence ; leur panache ; leur force ; la fermeté de leur croyance ; leur courage de s’opposer à une politique avec par exemple Madame de LAROCHEJAQUELEIN ou leur courage face à la mort comme Madame ROLAND qui va à la guillotine en souriant. Qu’elles soient du peuple ou pas, qu’on soutienne leurs idées ou non, il est indéniable qu’on ne peut être qu’émerveillé devant « la force du sexe faible ». Même si avant cela en France – et même dans le monde – il n’a jamais manqué de femmes brillantes et entreprenantes : Christine de Pizan, Vigée le Brun, la Grande Mademoiselle, etc.
Bref ! Tout ce livre permet donc de découvrir le rôle de la femme lors de la Révolution qu’il soit officieux ou officiel, ainsi que celui des hommes. Il permet de voir en plus que la cause féminine est vraiment née avec la Révolution, quand bien même elle a essayé de la bâillonner et tenté de lui rappeler son rôle au foyer. Notamment à travers le décret d’interdiction de « toutes sociétés populaires exclusivement féminines » du 27 octobre 1793.
Cependant, ne nous leurrons pas les filles, la femme n’atteindra pas la liberté et l’égalité avec la Révolution. La graine est plantée mais la plante mettra du temps pour être prête à la cueillette. Leurs excès les ont desservis. Mais quand même, il est indéniable que le combat pour l’égalité de la femme a gagné son nom à cet instant précis, même si avant d'autres ont eu l'idée.
En résumé, c’était une lecture intéressante malgré le fait qu’elle soit parfois un peu longue, on découvre beaucoup sur la Révolution, ses femmes, ses hommes, ses idées, ses combats, et les liens qui unissent tous ces points. Par contre il est recommandé de connaître un peu cet évènement sinon vous aurez du mal je pense.
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