"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le 31 janvier 1907, Marthe Erbelding, 11 ans, disparaît. Albert Soleilland reconnaît le crime. À l'enterrement puis au procès, l'émotion populaire est vive. L'affaire fait la une des journaux. Les reporters enquêtent. Symptomatique des débats politiques de l'époque, ce fait divers joua un rôle majeur dans le débat sur l'abolition de la peine de mort.
J'ai adoré ce récit, voilà, n'y allons pas par 4 chemins.
L'histoire qui nous est proposée nous offre plusieurs lectures. Et ça, j'aime beaucoup.
Il y a d'abord, une enquête. Qui est très sordide. On ne voit rien, mais tout est suffisamment décrit pour comprendre la violence de l'agression.
En parallèle, on parle de la presse de l'époque. En pleine transformation, elle s'inspire de ce qui se fait de l'autre côté de l'Atlantique, en cherchant le "scoop" pour attirer le lecteur.
Et puis enfin, l'auteur parle aussi de la société de l'époque, celle qui vit dans l'insécurité, et dont la seule réponse qu'a trouvé le peuple, c'est de refuser en masse l'abolition de la peine de mort (qui n'aura lieu qu'en 1981!).
Tout ça est parfaitement mis en image dans un style "vintage", traits épais et couleurs sombres. Les doubles pages qui servent d'ouverture de chapitre sont de magnifiques tableaux, un régal pour les yeux.
Voici donc un titre sorti en septembre, de manière trop discrète à mon goût. Une bd qui permet de constater l'avancée de la France sur certains sujets (comme la peine de mort) mais aussi la stagnation sur d'autres points (l'insécurité, l'importance de la presse à scandale).
Une lecture intéressante et importante.
Paris, février 1907
C'est une disparition, peut-être même un crime ! Marthe, une fillette, a disparu alors qu'elle partait à un spectacle au Ba-ta-clan accompagnée de M. Soleilland. C'est l'histoire extraordinaire qui prive Valentin, journaliste dans un quotidien populaire, de voyage de noces à Venise avec Marguerite. D'autant que les propos de ce Soleilland ne semblent pas tenir la route... Où est passée la petite Marthe ?
Pour ce 5ème opus de la collection La découverte chez Delcourt, Sylvain Venayre part d'un fait divers réel pour faire le portrait de la presse de l'époque et de son influence sur la société. On suit l'enquête de Valentin, non pas tellement pour trouver la vérité, mais pour feuilletonner une histoire à même de fidéliser les lecteurs du journal. Détails sordides, affirmations tirées d'indiscrétions, tout y passe !
Dans ce contexte de début de siècle, juste avant la création des fameuses Brigades du Tigre, les peintures de Hugues Micol sont absolument formidables ! J'adore ce style vintage, cette épaisseur, ces décors et cette vie parisienne précise, les enseignes, les tenues... Je me suis régalé les mirettes pendant 144 pages !
Cet album me faisait de l'œil et j'ai vraiment apprécié ma lecture. Un petit dossier final montre bien les liens du sentiment d'insécurité avec l'évolution de la société. Et ça résonne bien avec le présent, sauf que les chaînes d'info continue ont remplacé Le Petit Parisien, Le Matin et autre Petit Journal...
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