"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Une nuit noire, une voiture dans la forêt, un lièvre qui traverse la route comme une comète, un accident. Ou plutôt une occasion de suivre le lièvre et s'enfoncer dans la forêt intérieure. Visiter la cathédrale humaine et le musée de la vie. Retrouver la grotte primodiale. Devenir ciel.
Quelle distance nous sépare des animaux? Il ne s'agit pas ici des animaux de compagnie, auxiliaires zélés de nos vies bourgeoises. Il s'agit des autres. Les animaux que l'on appelle sauvages. Nature aime à se cacher, diton.
Elle aime tout autant se laisser voir et inventer. N'ayons pas peur de dire que le livre de Paz Boïra est une oeuvre inspirée, une vision. Il n'a pas cependant l'exubérance des textes prophétiques et des écrits mystiques. Il ne cherche aucune surenchère mais au contraire nous arrive dans le dépouillement de sa nudité: ombres et lignes de graphite. Comme à son habitude, Paz Boïra a choisi le silence: aucun texte ne vient troubler les images du rêve qu'elle nous ouvre. Ce silence, ce n'est pas l'absence de paroles ou de bruit.
C'est le silence habité de la poésie, un langage angélique. Quelle distance nous sépare des animaux? Aucune. Ils nous montrent la terre, le ciel: L'Un. Paz Boïra nous plonge dans l'ombre pour nous faire marcher vers lalumière.
Son oeuvre n'a jamais brillé d'une telle évidence.
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