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Le visage de pierre

Couverture du livre « Le visage de pierre » de William Gardner Smith aux éditions Christian Bourgois
Résumé:

Fuyant les États-Unis et le racisme qui y règne, Simeon, un noir américain, arrive au début des années 1960 à Paris. Ici, les noirs se promènent sans craindre pour leur vie, et la diaspora américaine a pignon sur rue : dans les cafés, on refait le monde entre deux morceaux de jazz, on discute de... Voir plus

Fuyant les États-Unis et le racisme qui y règne, Simeon, un noir américain, arrive au début des années 1960 à Paris. Ici, les noirs se promènent sans craindre pour leur vie, et la diaspora américaine a pignon sur rue : dans les cafés, on refait le monde entre deux morceaux de jazz, on discute de politique en séduisant des femmes... Tout semble idyllique dans la plus belle ville du monde. Mais Simeon s'aperçoit bien vite que la France n'est pas le paradis qu'il cherchait. La guerre d'Algérie fait rage, et un peu partout, les Algériens sont arrêtés, battus, assassinés. En rencontrant Hossein, un militant algérien, Simeon comprend qu'on ne peut être heureux dans un monde cerné par le malheur : il ne peut pas rester passif face à l'injustice.
Écrit en 1963, Le Visage de pierre fut le seul livre de William Gardner Smith à n'avoir jamais été traduit en français, et l'on comprend pourquoi : pour la première fois, un roman décrivait un des événements les plus indignes de la guerre d'Algérie, le massacre du 17 octobre 1961. Dans cet ouvrage où l'honneur se trouve dans la lutte et dans la solidarité, William Gardner Smith explore les zones d'ombre de notre récit national.

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Avis (3)

  • « Le visage de pierre » fait partie de ces chefs-d’œuvre de la littérature injustement méconnus.

    Traduit en français 60 ans après sa publication aux Etats-Unis, ce roman remarquable - et d’une rare puissance littéraire - est de ceux qui vous remuent et raisonnent longtemps en vous.

    On y...
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    « Le visage de pierre » fait partie de ces chefs-d’œuvre de la littérature injustement méconnus.

    Traduit en français 60 ans après sa publication aux Etats-Unis, ce roman remarquable - et d’une rare puissance littéraire - est de ceux qui vous remuent et raisonnent longtemps en vous.

    On y suit l’histoire de Simeon Brown - double littéraire de l’auteur - jeune journaliste afro-américain débarqué à Paris pour fuir le racisme de son pays.
    Lui qui a connu la ségrégation et la violence provoquées par sa couleur de peau, voit en la France - pays des libertés et des droits de l’Homme - un havre de paix.

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    « L’Amérique était derrière lui, son passé aussi ; il était en sécurité. La violence ne serait pas nécessaire, le meurtre non plus. Paris. La paix. »
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    Si au départ tout semble idyllique, Simeon s’aperçoit bien vite que cette France des années 60 - alors embourbée dans la guerre d’Algérie - connaît aussi le racisme.
    Les Algériens - à l’image des noirs américains aux Etats-Unis - y sont victimes de ségrégation, de discrimination, de violences policières et de tortures.

    Dans ce roman courageux qui porte les fantômes de notre histoire nationale et ses plaies, William Gardner Smith raconte notamment le massacre du 17 octobre 1961 au cours duquel 200 Algériens sont morts après avoir été jetés dans la Seine à la suite d’une manifestation pour l’indépendance de leur pays.
    Ce texte de 1963 est la première fiction écrite sur ces évènements ce qui peut expliquer une traduction aussi tardive ici …

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    « Simeon hésita. Il ne voulait surtout pas jouer les rabat-joie. Mais il devait le dire : « J’ai l’impression que les Algériens sont les nègres de la France. » »
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    Peut-on vivre libre et en toute insouciance dans le pays qui nous recueille quand celui-ci - à l’image du pays que l’on quitte - racialise une partie de sa population ? Telle est la question qui sera la toile de fond de ce récit.

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    « Tout le monde, se demanda Simeon, était-il raciste envers quelqu’un d’autre ? »
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    C’est un roman magnifique et révoltant qui se lit la rage au ventre, et le poing serré que nous livre ici William Gardner Smith.
    Lire ce roman c’est se prendre une vraie claque et, ils sont rares les romans de cette trempe !

    N.B : Il est à souligner ici le très beau travail de traduction de Brice Matthieussent !

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  • Années 60. Simeon, jeune noir américain fuit les Etats-Unis, fuit le racisme. Il choisit la France et Paris. Tout parait d'abord idyllique dans la capitale mais la guerre d'Algérie fait rage et Simeon va rencontrer des Algériens avec lesquels il va se lier d'amitié. Il va alors découvrir une...
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    Années 60. Simeon, jeune noir américain fuit les Etats-Unis, fuit le racisme. Il choisit la France et Paris. Tout parait d'abord idyllique dans la capitale mais la guerre d'Algérie fait rage et Simeon va rencontrer des Algériens avec lesquels il va se lier d'amitié. Il va alors découvrir une autre forme de racisme.

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  • Par quel bout prendre cette chronique ? C’est bien ce que je me demande depuis que j’ai tourné la dernière page de ce roman. Je me lance malgré tout, persuadée que je ne parviendrais qu’à partager une infime partie de la richesse de son propos, de sa puissance et de l’émotion ressentie à sa...
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    Par quel bout prendre cette chronique ? C’est bien ce que je me demande depuis que j’ai tourné la dernière page de ce roman. Je me lance malgré tout, persuadée que je ne parviendrais qu’à partager une infime partie de la richesse de son propos, de sa puissance et de l’émotion ressentie à sa lecture.

    Si ce roman américain écrit en 1963 n’avait jamais été traduit en français avant aujourd’hui, c’est qu’il y a une « bonne » raison. Il touche à une partie sensible de notre histoire et que la France n’y joue pas le beau rôle.

    L'histoire nous est racontée du point de vue d'un journaliste afro-américain qui s’installe à Paris pour échapper au racisme auquel il a été confronté depuis toujours aux États-Unis. La France lui apparaît d'abord comme une société presque utopique. Simeon, est traité d'égal à égal ici. Il n’est plus un « négro », il est un américain. Il rencontre d'autres compatriotes, ils mènent une existence oisive et culturelle au cœur du quartier latin. Sa relation avec Maria, juive polonaise, est tout à fait acceptable, il a même ses entrées dans les clubs. Des choses qui n’auraient pas été possible aux Etats-Unis. C’est la belle vie !
    Mais Siméon ne va pas pouvoir se voiler la face longtemps. Si lui est traité d’égal à égal avec les blancs, il n’en est pas de même pour ses amis algériens. Il n’y a pas de « négros » dans la ville des lumières, il y a des « bicots ».
    Pour la population algérienne de Paris c’est racisme ordinaire, violences policières, torture, et même camps de concentration. L’héritage du colonialisme se révèle dans toute sa brutalité. De cette prise de conscience, vont jaillir tout un tas de questionnements pour Simeon.

    Peut-il continuer à mener cette vie bohème maintenant qu’il sait ?
    N’est-il pas coupable d’avoir abandonné son pays pour mener une vie facile alors qu’il devrait se battre pour les droits civiques?
    Et pourquoi toutes les minorités s’opposent les unes aux autres ? Pourquoi par exemple cette tirade antisémite d’un de ses amis accusant les Juifs d'Algérie d'être des traîtres à la cause nationale, pire que les colonialistes eux-mêmes ?

    « Le visage de pierre » c’est le visage du racisme. Toutes les haines raciales, des Arabes, des Noirs, des Juifs sont montrées de concert et en conflit. Personne n'est imperméable à l'intolérance ou à l'aveuglement moral (dans une métaphore évidente, les deux membres du couple Simeon / Maria sont malvoyants).

    En choisissant un narrateur afro-américain pour raconter la guerre d’Algérie à Paris - avec pour point d’orgue le massacre d’octobre 1961 - William Gardner Smith a écrit une histoire incroyablement puissante. Une histoire qui dépasse cet événement sombre pour mettre en perspective toutes les injustices raciales.

    L’écriture d’une simplicité désarmante ne fait que renforcer le propos glaçant, un peu à la façon d’un William Melvin Kelley, et la traduction du maestro Brice Matthieussent n’est sans doute pas étrangère à la force de ce roman. C’est un grand livre, de ceux que l’on n’oublie pas (et qui mériterait une 6eme étoile).

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