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Eté 2020. La forêt amazonienne est en flammes. Quelques mois plus tôt, entre septembre 2019 et mars 2020, dix-neuf millions d'hectares de forêts sont partis en fumées en Australie, entraînant la mort de près de trois milliards d'animaux. En avril 2020, c'est tout le Nord de la Thaïlande qui a vu sa forêt détruite. Ces désastres irréparables ont touché à vif le coeur de Mireille Gansel, qui dans son précédent livre, La Voix du fleuve, était partie à la rencontre du peuple Maori, en Nouvelle Zélande, dont la sagesse ancestrale enseigne que nous ne pouvons traiter comme une "chose" sans âme la nature qui nous entoure.
Les poèmes de ce livre sont nés de cette émotion. Mireille Gansel observe les arbres qui l'entourent, ceux qu'elle rencontre dans ses marches à travers les villes, elle se souvient aussi des forêts de tous les pays qui ont marqué son parcours de poète et de traductrice, de l'Allemagne au Viet-Nam. Elle écoute leur voix silencieuse, elle leur parle et fait de son propre livre une forêt de poèmes où le lecteur peut s'aventure à son tour pour "être arbre / avec les arbres / racine / avec les racines des arbres / et terre avec la terre / branche dans le ciel / et feuille au bord du vent" .
Dans ce recueil de poésie en deux partie, la première, la plus importante, nous invite à « entrer dans le temps des arbres »
On est tout de suite happé par la triste réalité : les forêts brûlent. Hélas, ces incendies se répètent d’un continent à l’autre.
« Ce matin
Écoute dans le silence des arbres
Ils pleurent leurs frères qui
Brûlent en Amazonie »
Dans des poèmes très courts, parfois en deux lignes seulement, l’auteure raconte ces arbres qui ont ponctué ses voyages, qui habitent des parcs ou qui, simplement ont attiré son regard. Beaucoup sont anonymes, d’autres plus connus comme « le saule à la pointe de l’île de la Cité » que tout le monde connait pour figurer sur les cartes postales.
On croise les arbres de nos régions : châtaignier, érable, cyprès ou encore tamaris et ceux, plus exotiques de l’Asie, : prunus Yoshino ou « l’éclat des flamboyants dans les rues de Hanoï »
Les arbres, il ne suffit pas de les regarder, il faut aussi savoir les écouter nous dit la poétesse : « écoute les feuilles-lumière/ dans le grand arbre de la vie »
La seconde partie est une sorte de monologue entre l’autrice et Anna Akhmatova, une des plus importantes poétesses russes du XXe siècle surnommée la « reine de la Neva » ou « l'Âme de l'Âge d'Argent ».
Même sans connaitre l’œuvre d’Anna Akhmatova, ce qui est mon cas, on est tout de suite saisi par la douceur nostalgique de ces courts poèmes.
« Les yeux fermés lire vos mots
Écrits en lettres de souffle
En chiffres de rimes
Dans l’encre invisible
Dans les mots de tous les jours
Et des plus démunis. »
Des poèmes tout en simplicité, ce qui les rend touchants. Un recueil à lire au calme, à l’ombre d’un arbre que, dorénavant, on ne regardera plus du même œil.
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