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Ouverture - Pour voir, pour sentir par Paulette L'Hermite-Leclercq Il y a plusieurs façons de comprendre le titre de ce livre. La première est la plus simple. Le « sujet des émotions » au Moyen Âge est-il un vrai sujet, un nouveau terrain ouvert à la recherche historique ? Une histoire des émotions est-elle possible et souhaitable ? Les deux chapitres d'introduction qui associent d'emblée dans l'entreprise les historiens et les psychologues, tous ouverts à l'anthropologie, prouvant le mouvement en marchant, entendent le démontrer et en dégagent vigoureusement les enjeux épistémologiques et les précautions de méthode. Si les difficultés sont redoutables : le vocabulaire labile, le lexique de l'affectivité changeant d'une langue à l'autre, une liste fixe et stable des affects faisant l'unanimité des chercheurs, distinguant bien les strates de l'affectivité - émotions, sentiments, humeurs, tempéraments - toujours introuvable, on mesure d'emblée heureusement qu'une révolution était urgente et qu'elle est bien engagée. Il est désormais inconcevable d'aborder le sujet dans une perspective européo-centrée, de postuler une progressive civilisation des moeurs. Il est impossible de maintenir le cloisonnement entre l'affectif et le cognitif, le corps et l'âme, le sauvage et le civilisé, l'individu et la société. À la recherche de la raison des émotions et des émotions de la raison, comment conduire la pratique historique ? La première partie, « Penser et dire les émotions au Moyen Âge », regroupe six réflexions sur ce thème (B. Rosenwein, C. Casagrande et S. Vecchio, E. Coccia, D. Boquet, A. Boureau, I. Rosier-Catach).
On peut aussi comprendre ce « sujet des émotions » autrement. Ici le « sujet » serait compris comme l'équivalent de la personne individuelle, analysée dans une de ses dimensions, en tant qu'elle éprouve des émotions. C'est ce que fait la deuxième parti??e du recueil où cinq auteurs étudient sous la rubrique « Une fabrique de l'intime » ce que les documents médiévaux, de type hagiographique ou littéraire, nous disent des émotions éprouvées ou suscitées chez autrui par quelques figures du bas Moyen Âge (P. Levron, J.-Fr. Cottier, B. Beyer de Ryke, P. Nagy, V. Fraeters).
Dans la troisième partie, « Les contours du sujet émotionnel », le « sujet » des émotions est conçu autrement encore : il s'agit d'étudier maintenant ce que l'on pourrait définir, en suivant le dictionnaire, comme « ce qui fournit la matière ou l'occasion des émotions » ou ce qui les fait naître : quelles odeurs (M. Roch) ? Quel spectacle, quel « sujet de tableau » choisi et représenté par l'artiste (F. Veratelli, B. d'Hainaut-Zveny, A. Caiozzo) ? Quelle pathologie analysée et décrite par les malades en face de leur médecin (N. Cohen-Hanegbi) ?
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