"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Souvent aux beaux jours, Ágústína grimpe sur les hauteurs du village pour s'allonger dans le carré de rhubarbe sauvage, à méditer sur Dieu, la beauté des nombres, le chaos du monde et ses jambes de coton. C'est là, dit-on, qu'elle fut conçue, avant d'être confiée aux bons soins de la chère Nína, experte en confiture de rhubarbe, boudin de mouton et autres délices.
Singulière, arrogante et tendre, Ágústína ignore avec une dignité de chat les contingences de la vie, collectionne les lettres de sa mère partie aux antipodes à la poursuite des oiseaux migrateurs, chante en solo dans un groupe de rock et se découvre ange ou sirène sous le regard amoureux de Salómon. Mais Ágústína fomente elle aussi un grand voyage : l'ascension de la « Montagne », huit cent quarante-quatre mètres dont elle compte bien venir à bout, armée de ses béquilles, pour enfin contempler le monde, vu d'en haut...
L'histoire d'une adolescente handicapée motrice, dans les années 70, en Islande. Elle a été abandonnée par sa mère qui préfère courir le monde en s'adonnant à des recherches scientifiques sur les oiseaux. Elles correspondent par écrit. Elle n'a pas connu son père qui ne connait pas lui-même son existence. Elle vit chez une amie de sa grand-mère et son plus grand rêve, malgré ses difficultés à marcher, c'est celui d'escalader la montagne. Une amitié se crée avec un jeune garçon. On se voit espérer alors une aide de sa part, en restant conscient que cette serait insuffisante. Mais alors, comment pourrait-elle gravir cette montagne ? Vous l'apprendrez en lisant la dernière phrase de ce court roman. Et si vous êtes comme moi, aussi émotive et l'effet du champagne aidant... et bien sachez que j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Rassurez-vous, il m'en reste pour le prochain roman... Soyons sérieux : beaucoup de nature, de poésie dans ce petit roman plein de couleurs.
Le rouge vif de la rhubarbe c’est l’histoire d’Ágústína, une jeune adolescente handicapée qui vit dans un petit village côtier islandais avec sa grand-mère. Sa mère l’a plus ou moins abandonnée à cause de son handicap. Enfin officiellement, elle ne l’a pas abandonné, elle est chercheuse et toujours sur le terrain depuis des années oui bien sûr. Ágústína rêve d’escalader avec ses béquilles la colline qui surplombe le village pour avoir une nouvelle vue de son environnement. En tant que personne handicapée, elle a une certaine liberté de mouvement qui permet d’aborder le quotidien de ce village sous un prisme original. A travers le regard d’Ágústína, on découvre une vision poétique et décalée du passage du temps dans un village traditionnel. On rencontre un à un les différents éléments qui marquent l'année : échanges entre voisins, création de confitures, entraides, vente à domicile, pêche, récolte…
C’est déroutant d'avoir un récit qui donne un regard extérieur en provenance d’un membre de la communauté. Finalement est-elle complètement intégrée ? Elle est la plupart du temps incluse mais sa différence lui offre beaucoup plus de tolérance et de liberté que les jeunes de son âge. Le village accepte ses forces et ses faiblesses et adapte son quotidien mine de rien. Faire le tour des voisins pour déposer les cadeaux, ce n’est pas facile en béquilles donc elle n’a pas à le faire en revanche quand on se déplace en béquilles on muscle les bras ce qui est un avantage pour certaines taches. Ágústína semble déconnectée de la réalité, elle est dans son monde et on suit ces réflexions, ces souvenirs et le quotidien du village dans le désordre de ses pensées. Le résultat est un très beau petit texte qui se savoure et navigue entre onirisme et quotidien. C’est une lecture intimiste et déroutante réussie.
Agustina, jeune fille handicapée, ne se déplaçant qu'à l'aide de cannes, envoie une bouteille à la mer. Son ambition dans la vie: comprendre qui elle est, pourquoi elle a été conçue dans le champ de rhubarbe du village. Aucune révolte quant à son handicap; elle veut juste comprendre et apprendre à mieux se connaître. Mais "incapable de se distancier suffisamment des choses", s'attachant trop aux détails, il lui fallait une vue d'ensemble.
Elle nourrit alors un rêve ambitieux: au printemps prochain, grimper en haut de la Montagne: "...monter vraiment très haut, bien plus haut que la chambre de la tour. Le point culminant de la contrée se dressait précisément à huit cent quarante-quatre mètres d'altitude au-dessus de la plage de sable noir. Il ne venait à l'idée de personne de se hisser là-haut..." (Pages 35-36)...Agustina, du haut de ses quatorze printemps, donne ainsi une belle leçon de vie, sans amertume ni rancœur: on ne mesure pas la chance que l'on a de posséder deux jambes qui fonctionnent normalement.
...Loin des préoccupations terre à terre des villageois dont la vie s'organise autour de la longueur des nuits et des jours, de leurs plants de rhubarbe...Loin également de sa mère partie à l'autre bout du monde étudier les oiseaux mais qui ne manque jamais de lui envoyer des missives pleines de désinvolte tendresse.
La vie du village:
Le rouge vif de la rhubarbe nous offre un beau voyage hors temps, où rien ne peut être plus important que la confection de confitures de rhubarbe que les femmes se partagent et les représentations théâtrales organisées par la troupe d'amateurs, raconté dans ce style inimitable plein de légèreté et de profondeur: "Chez des voisins, d'abord au numéro cinq de la rue, Nina, Vermundur et Agustina participèrent à la confection du boudin. Puis seulement elles deux au numéro sept. Et de nouveau tous les trois au numéro neuf où les habitants voulaient garnir leur farce de raisins secs, ce qui obligeait à mesurer les ingrédients dans deux bassines différentes." (Page 54).
Le quotidien du village suit une cadence ancrée dans une autre réalité que celle de la vie moderne. Non que les habitants se désintéressent de la destinée de leur pays, mais leurs préoccupations sont recentrées autour de valeurs plus importantes à leurs yeux: pourquoi perdre du temps et de l'énergie à accumuler des biens qui finalement ne sont pas si nécessaires que cela. Ainsi, le tapissier-matelassier, qui est également l'agent de police du village, occupe ses longues périodes d'oisiveté à empailler les oiseaux protégés et toutes sortes d'autres animaux.
L'ophtalmo, qui vient deux fois par an, s'installe à l'étage de la bibliothèque.
Le jeudi soir, c'est séance ciné au foyer rural. Le jour de la fête des marins pêcheurs, l'église, l'école et la banque, les trois édifices les plus importants du village ( religion, éducation, argent) pavoisent et la plupart des bateaux sont à quai.
...Et bien sûr, la confiture de rhubarbe pour la confection de laquelle Audur Ava Olafsdottir nous donne astuces et secrets avec beaucoup de naturel: "Pour huit kilos de rhubarbe, il en fallait autant de sucre. Cette proportion pouvait toutefois varier d'une ménagère à l'autre. Sucre, cuisson, calibre et taille des morceaux, texture, couleur tout dépendait de l'imagination, du caractère et du temps disponible de chacune." (Page 19)...Et la confiture devient un art...
Un roman un peu hors du temps, une saison avec Agustina et ce projet fou de faire le sommet de la montagne du village, à 844 mètres avec ses béquilles.
Rêveuse Agustina raconte sa vie, d'où elle vient, pourquoi elle vit avec Nina, entrecoupée de lettres de sa mère à la fois présente et tellement lointaine. Elle regarde les nuages, la mer, va et vient entre la plage et le jardin où elle a été conçue. Les personnages sont doux, se voudraient attachants mais ça manque de relief, l'histoire est un peu comme un épais brouillard, on cherche le chemin. On ne croit pas vraiment à son envie d'ascension de prendre de la hauteur sur la vie.
Conçue dans un champs de rhubarbe, venue au monde sur le siège arrière d'une Moskvitch, Ágústína n'a pas les jambes suffisamment forte pour la soutenir. Pourtant, elle rêve de gravir la montagne qui domine son petit village islandais. 844 mètres qui sembleraient inaccessibles à toute autre que cette adolescente encouragée par l'amour inconditionnelle de Nina qui l'élève comme sa fille depuis que sa mère est partie observer les oiseaux quelque part en Afrique.
Le rouge vif de la rhubarbe ou quand Audur Ava Olafsdottir débutait en écriture... Un premier roman donc mais qui porte en lui toutes les qualités propres à cette auteure : la simplicité des situations, la poésie et la douceur, des personnages un peu décalés et la splendide nature islandaise.
Ágústína, sirène ou ange selon les circonstances, courageuse, rêveuse, lunaire, la bonne Nina, mère de substitution, experte en confiture de rhubarbe, en boudin, en couture, Vermundur, le bricoleur serviable, Salomon, le nouveau venu qui très vite devient un ami de cœur...autant de personnages attachants dans ce village entre mer et montagne, aux plages de sable noir. Les saisons passent, des premiers rayons de soleil aux tempêtes de neige, de la cueillette de la rhubarbe à la fabrication du boudin, rythmées par les lettres d'une mère absente qui court après les oiseaux au sud de la planète...
Une petite pépite que ce premier roman qui invite au rêve et au voyage sur cette terre islandaise douce et violente à la fois. Des couleurs, des sensations, une poésie à découvrir.
Toujours autant d'affection pour la poésie des romans d'Audur Ava Olafsdottir.
Cette fois ci nous suivons Augustina, handicapée de naissance qui ne peut marcher et veut gravir la montagne de son village à plus de 844 mètres. Nina, Simon, Verdermur sont les autres personnages qui gravitent auprès de notre jeune adolescente tandis que sa mère est partie en exploration et apparait au fil des courtes lettres reçues. Le jardin de rhubarbe qui pousse dans cette contrée austère est une première victoire pour Augustina qui compte bien réaliser son exploit.
Un court texte à découvrir
Un tout petit livre qui se lit d'un traite.
J'ai adoré ces personnages atypiques, attachants et avant tout humains.
L'histoire se passe en Islande, on est totalement dépaysé. L'auteure retranscrit très bien l'ambiance et le décors.
La force de ce roman pour moi c'est l’écriture de l'auteur poétique, juste et doté d'une pointe d'humour qui fait mouche.
Ça fait du bien de lire quelque chose d'original, de créatif, ça sort de ce qu'on a l'habitude de lire et c'est tant mieux !
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !