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Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, des visionnaires politiques s'armèrent d'un courage rare pour élaborer un espace inédit où la coopération et le droit remplaceraient la haine et la guerre : l'Europe.
Cinquante ans plus tard, au moment de doter d'une Constitution cette nouvelle entité politique, la France joue de malchance.
Son président de la République décide de recourir à la voie référendaire, à un moment où 70 % de l'opinion était favorable à la Constitution. Il pensait, grâce à une victoire écrasante, non seulement se débarrasser de ses rivaux à droite, mais casser en deux le parti socialiste.
Pour ce qui est de la division de la gauche, mission accomplie. Mais le mécontentement que suscite l'action de son gouvernement est tel que le débat sur l'Europe disparaît pour laisser la place à une empoignade sur des thèmes qui n'ont rien à voir. L'Europe devient le bouc émissaire de tous les ressentiments et, dans les sondages, le non rattrape puis dépasse le oui.
Le vrai débat était pourtant passionnant, noble, et porteur d'enjeux énormes : Accepte-t-on, oui ou non, d'abandonner la Nation comme entité politique souveraine, en Europe ? Débat passionnant, mais tabou. C'est celui qu'essaye d'ouvrir cet essai.
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