"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
«Année après année, Mathilde revint à la charge. Chaque été, quand soufflait le chergui et que la chaleur, écrasante, lui portait sur les nerfs, elle lançait cette idée de piscine qui révulsait son époux. Ils ne faisaient aucun mal, ils avaient bien le droit de profiter de la vie, eux qui avaient sacrifié leurs plus belles années à la guerre puis à l'exploitation de cette ferme. Elle voulait cette piscine, elle la voulait en compensation de ses sacrifices, de sa solitude, de sa jeunesse perdue.»1968 : à force de ténacité, Amine a fait de son domaine aride une entreprise florissante. Il appartient désormais à une nouvelle bourgeoisie qui prospère, fait la fête et croit en des lendemains heureux. Mais le Maroc indépendant peine à fonder son identité nouvelle, déchiré entre les archaïsmes et les tentations illusoires de la modernité occidentale, entre l'obsession de l'image et les plaies de la honte. C'est dans cette période trouble, entre hédonisme et répression, qu'une nouvelle génération va devoir faire des choix. Regardez-nous danser poursuit et enrichit une fresque familiale vibrante d'émotions, incarnée dans des figures inoubliables.
Nous continuons l'histoire de la famille Belhaj au Maroc. le domaine est prospère, les enfants grandissent...
Nous retrouvons Amine, ancien soldat, qui se tue à la tâche pour faire prospérer le domaine agricole et Mathilde sa femme. Elle a suivi son mari dans son entreprise mais à quel prix ?
Des relations familiales compliquées, des désirs d'émancipation, le poids des traditions, le jugement des autres, voilà qui pèsent lourd dans la gestion du quotidien et des situations de chacun.
Une fresque familiale magnifique qui de surcroit nous éclaire sur la situation économique et politique du Maroc de la fin des années 60, début des années 70
Le deuxième tome de l'histoire romancée de la famille de Leïla Slimani est toujours aussi nostalgique.
Cela débute en 1968 ; Aïcha poursuit ses études de médecine à Strasbourg et est complétement dépassée par les évènements de mai.
Les cours sont suspendus ; elle en profite pour retourner voir sa famille au Maroc.
Les choses ont changé, la pauvreté s'est éloignée, la piscine a été creusée mais malgré tout, le bonheur a du mal à s'installer.
Il est question de choix difficiles, des relations parents-enfants, de jalousie fraternelle, du besoin d'échapper à une vie déjà tracée, du mouvement hippie, de révoltes sociétale et de désir.
La encore beaucoup de contradictions et d'ambivalences,
Là encore la tradition côtoie la modernité.
La plume est toujours aussi élégante et mélancolique.
Un peu de légèreté arrivera t'elle dans le troisième tome ?
Ce tome 2 de la trilogie de Leila Slimani m'a nettement moins convaincue que le premier, l'écriture est plutôt surannée et le livre traîne en longueur , les redites qui certes signent constance dans le temps et conservatisme sont nombreuses.L'auteure campe avec justesse les personnages dans l'action, le mouvement mais le récit manque de passages descriptifs qui l'auraient mieux inséré dans le Maroc si bien que les personnages perdent en consistance, parfois on frôle la caricature.
Le lecteur retrouve avec plaisir les personnages de la saga familiale dans un Maroc des années 1970 écartelé entre le conservatisme et les courants de modernité, de libéralisation comme le mouvement hippie qui rassemble des jeunes à Essaouira.
La ferme de Mathilde et Amine est devenue prospère, ce sont désormais des notables argentés qui monnayent leur réputation..Amine consent à construire une piscine surtout pour Aïcha étudiante en médecine à Strasbourg.Mathilde, la quarantaine mène une vie monotone, au service des autres et
subit les infidélités de son époux. tandis que les jeunes gens de la famille évoluent vers une vie plus citadine, moins contrainte.
Avec « Regardez-nous danser », Leïla Slimani nous offre le deuxième volet de sa saga familiale « Le pays des autres ».
Après s'être attachée à la figure de sa grand-mère Mathilde, la robuste alsacienne venue au Maroc pour y vivre avec son rigide mari Amine, elle se concentre sur Aïcha, la fille du couple et mère de l'écrivaine.
Même si la figure centrale est bien la jeune femme, étudiante en médecine en cette année 1968 où l'Occident va être traversé par une succession de crises, de nombreux personnages défilent tout au long des quelques 360 pages du récit et l'index les recensant au début du livre est bienvenu.
Alors que Mathilde se lamente sur les sacrifices faits pour sa famille qui l'ont empêché de se réaliser, Aïcha poursuit ses études de médecine à Strasbourg et se prépare à rentrer au pays. Entre la France en pleine révolte étudiante, prémices d'un individualisme forcené, et le Maroc où le poids des communautés et des traditions est prégnant et le regard des autres toujours inquisiteur, le fossé civilisationnel est vertigineux.
Sous le regard dubitatif de ses parents, « Aïcha n'était plus tout à fait chez elle ».
Si Léïla Slimani mêle avec adresse récits intimes et événements historiques dans un Maroc où le roi muselle toutes les oppositions, elle a perdu le souffle romanesque qui faisait le sel du premier opus. L'écriture est un peu plate et les personnages peu attachants (Omar). On a l'impression que l'autrice s'est donné comme objectif d'évoquer tous les thèmes qui lui sont chers : la condition de la femme, la maternité, le poids des traditions et de la religion, les effets de la colonisation... À force, le parti pris de l'exhaustivité atténue la puissance du récit. Après « La Guerre, la guerre, la guerre » j'attends donc beaucoup du prochain volume qui clôturera la trilogie franco-marocaine.
http://papivore.net/litterature-francophone/critique-regardez-nous-danser-leila-slimani-gallimard/
J’ai retrouvé avec grand plaisir les personnages de cette famille et la plume de Leïla Slimani.
A la fin des années 1960, Amine a transformé, grâce à son travail acharné et son opiniâtreté, son domaine en une entreprise florissante. Et Mathilde, son épouse, va enfin voir son rêve de piscine dans son jardin se concrétiser. Aïcha, leur fille, est partie faire ses études de médecine à Strasbourg, ville d’origine de sa mère. Selim, leur fils, peine à trouver une place au sein de la famille et surtout la reconnaissance de son père.
Dans ce Maroc post-colonial gravitent plusieurs mondes : les plus aisés copient le mode de vie à l’occidentale, les opportunistes cherchent à accéder au cercle proche de la royauté, des intellectuels rêvent de pouvoir changer le fonctionnement de la société et enfin les plus pauvres qui se raccrochent aux traditions même si elles sont archaïques.
Pourtant tous devront composer avec la chape de plomb imposée par Hassan II, celle-ci impliquant répressions, disparitions et la corruption à tous les niveaux.
Si Leïla Slimani nous fait découvrir l’histoire du Maroc, elle décrit également parfaitement la psychologie d’une société où tout le monde épie tout le monde avec les troubles que cela peut engendrer chez certains et le désir de fuite chez d’autres.
J’ai dévoré ce roman en deux jours. J’aurais voulu avoir le troisième tome à portée de main pour connaître la suite. Malheureusement, il va falloir attendre quelques mois pour sa parution.
Après un tome 1 qui s’intéressait surtout aux parents, Amine et Mathilde, nous suivons dans ce roman la vie des deux enfants Aïcha et Selim. Le regard de Leila Slimani toujours aussi juste dans la vie qu’elle donne à ses personnages retient une attention qui parfois fait défaut mais revient plus fort ensuite. Le cadre de vie des enfants est imprégné des évolutions de la société marocaine évoquée avec justesse et subtilité par l’autrice. Le style brillant qu’on lui connaît renforce de façon magistrale une histoire qui sans cela eût pu être banale.
Regardez-nous danser est le deuxième volet de la trilogie d'inspiration familiale démarrée il y a deux ans par Leïla Slimani. le premier, le Pays des autres, était centré sur les grands-parents avec notamment l'installation de l'Alsacienne Mathilde, après son mariage avec le spahi Amine dans une ferme ingrate de la région de Meknès, juste après la Seconde guerre mondiale. Dans le deuxième, douze ans ont passé et cette fois, le Maroc post colonial vit sous le règne d'Hassan II. L'éclairage est sur la génération suivante, en l'occurence Aïcha et Selim, les enfants de Mathilde et Amine.
J'ai retrouvé avec bonheur la justesse du regard de Leïla Slimani, toujours à fleur de peau de ses personnages. Elle poursuit avec une acuité toute sensible sa double radioscopie de la famille, à la fois étouffante et protectrice, et d'un pays qui se construit après son indépendance. C'est cette confrontation entre destins individuels et destinée d'un pays qui m'a le plus convaincue, avec au coeur la question passionnante de l'identité.
En 1968, Maroc et personnages ne sont qu'enchevêtrement de tensions et d'antagonisme entre conservatisme et aspiration à la modernité. le pays peine à se forger une identité propre. le néocolonialisme est insidieux, passant par exemple par des études universitaires dominées par les Européens ( Roland Barthes donne des cours à Rabat ) ou par la nécessité l'exil de la brillante Aïcha en Alsace pour étudier la médecine. Surtout, Leïla Slimani brosse un Maroc obsédé par le paraître et la suspicion, où chacun est soumis aux regards scrutateurs et à la surveillance implacable exercée par le régime autoritaire d'Hassan II qui réprime violemment des manifestations étudiantes tout en essuyant deux tentatives d'attentats régicides dans un pays aux inégalités sociales croissantes.
Dans ce Maroc, très loin d'un simple décor sans profondeur ni densité, l'auteure montre parfaitement comment la société pénètre dans le microcosme familial, s'insinue dans les trajectoires individuelles, notamment celles des jeunes. Aïcha, Selim et Medhi ( le futur mari d'Aïcha ) aspirent à l'ascenseur social par les études, ou à l'hédonisme, tiraillés en permanence. Comment s'arranger avec soi-même pour arracher son droit à être heureux sans trahir ses rêves dans une société aussi complexe et étouffante ?
Bizarrement, je n'ai pas été touchée par les personnages des « jeunes », notamment Selim, personnage pourtant intéressant, qui, élevé à l'occidentale, réalise qu'il a été arraché à une culture qu'il ne comprend plus, ni sa famille ni son pays, et se réfugie dans les paradis artificiels d'Essaouira, la hippie. Même chose pour Aïcha et Medhi, malgré les superbes pages finales dans lesquelles Medhi, plus âgé, s'interroge sur sa vie.
« L'âge ne suffisait pas à effacer les illusions. Tout aurait été tellement plus facile si les idéaux mouraient vraiment. Si le temps les faisait disparaître pour toujours et qu'ils ne trouvaient plus, en votre for intérieur, aucune attache. Mais les illusions restaient là, tapies en vous, quelque part Abimées, flétries. Comme un remords ou une vieille blessure qui se réveille les soirs de mauvais temps. On ne s'en débarrasse pas. On fait semblant d'y être indifférent. Toutes ces années, il avait connu une sorte d'exil intérieur. Survivait en lui une personnalité clandestine, réduite au silence et à l'immobilité, et qu'il ne laissait s'échapper qu'à de très rares occasions. Toute sa vie, plus que des autres, il s'était méfié de lui-même. »
Certains passages sont superbes mais je n'ai pas retrouvé le mordant et l'acidité du Pays des autres, ou alors de façon occasionnelle grâce au personnage de Mathilde désormais embourgeoisée après une vie à trimer ; et surtout celui de la tante mariée de force, Selma, superbe personnage de renégate toute en sensualité. Je me suis parfois un peu ennuyée, assoupie par un récit parfois sans relief qui peine à sortir d'un classicisme fluide mais sans aspérité. Quelques réserves, donc, mais qui ne n'empêcheront pas de me plonger dans le troisième tome.
Deux ans après "Le pays des autres", c'est un plaisir de retrouver Mathilde et Amine. Cette fois, l'histoire est centrée sur les enfants du couple, Aïcha et Selim et leurs amitiées, leurs amours.
Toujours le même souffle romanesque, le même plaisir de lecture.
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