"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Deux soeurs, deux coeurs, une seule âme.
1926, Nowa Wies. Jamais Helena n'aurait imaginé quitter la Pologne, ce pays blanc qu'elle aime tant, et sa soeur jumelle Broni qui est comme une seconde âme pour elle. Pourtant, afin de sauver l'enfant illégitime de Broni, elle part pour un exil sans retour avec le nourrisson. La France sera leur refuge, et le silence d'Helena la garantie de leur survie. Du moins le croit-elle.
2022, Paris. Thomas n'a jamais réussi à parler avec sa mère, Dorothée, de son pays d'origine qu'elle a effacé de sa mémoire, jusqu'au jour où les questions deviennent trop nombreuses et trop pressantes. Il sent qu'il doit " retourner " en Pologne, reprendre l'histoire là où elle s'est arrêtée.
Un roman qui retrace, à travers le vingtième siècle, les destins croisés de quatre générations qui se font écho autour d'une seule quête : celle de la liberté.
Lorsque j’ai appris que Marjorie Tixier était invitée à Annecy par l’association "Alors Raconte" pour parler de son dernier roman "Le Pays blanc", je l’ai tout de suite acheté. Je ne connaissais pas l’auteure, et pas davantage le thème abordé dans l’ouvrage. J’aime la découverte. Celle-ci fut magnifique et j’ai vraiment beaucoup aimé.
Ce livre fait partie de ceux que l’on ne doit pas raconter, ou très peu. Le plaisir grandit au fil des pages et de la découverte. Il y a Helena qui quitte sa Pologne natale en 1926 pour un exil sans retour en France, je vous laisse en découvrir la raison. Il y a Thomas qui lui y "retourne" en 2022, sans jamais y être allé, pour découvrir le pays de sa mère que celle-ci a effacé de sa mémoire. Et il y a l’auteure qui retrace ainsi sur un siècle la vie de quatre générations. Les personnages sont nombreux dont le destin s’entrecroise et ont entraîné la lectrice que je suis dans un voyage magique au "Pays blanc".
Secrets de famille, histoire de la Pologne le temps d’un siècle, plongée dans l’art "…un Dieu qui me guide autant qu’il m’éprouve." sous toutes ses formes : peinture, dessin, broderie, sculpture et même littérature, ce récit est foisonnant, brillant et émouvant. Les personnages sont magnifiquement brossés. L’écriture de Marjorie Tixier sublime l’ensemble. Elle est poétique, musicale, élégante et fluide. La lecture est aisée qui suit pas à pas les protagonistes dans leur quête d’identité, de liberté, dans leur vie présente et antérieure.
J’ai adoré cette lecture qui m’a projetée dans le temps et l’espace. J’ai adoré "Le retour au passé [qui] justifie l’élan vers le futur, la quête des origines [qui] prépare le sens à venir." J’ai adoré les balades dans les rues de Cracovie aux côtés de Thomas et Micha. J'ai adoré les dessins de Thomas. Et j'ai particulièrement adoré la rencontre avec Stanislaw Wyspianski, artiste dont la béotienne que je suis n'avait même jamais entendu parler, et son œuvre.
"Le Pays blanc", un roman en noir et blanc, d’une grande luminosité.
Un bon point supplémentaire pour la beauté de la couverture qui à elle seule illustre à merveille le récit.
https://memo-emoi.fr
Je ne connaissais pas la plume de Marjorie Tixier et je me suis lancée dans cette lecture tout à fait par hasard. Enfin le hasard d’un titre, d’une couverture, dont j’étais curieuse de découvrir l’intrigue.
Quelle bonne surprise que cette lecture ! Une thématique que j’explore moi-même, enfin, je tente, partir en quête du passé des générations précédentes pour comprendre ce que je suis.
En partant à la quête de ses origines, que sa mère a souhaité occulter, Thomas, part à la reconquête de lui-même. Nous sommes sur un roman psychologique d’une grande densité qui part d’une histoire qui ne lui appartient pas et qui a lieu en 1926 pour finalement trouver un sens à sa vie et comprendre ce qui l’anime et enfin se comprendre.
À travers quatre générations, Marjorie Tixier brosse l’Histoire et le drame de la Pologne. Partagée entre plusieurs empires, elle ne retrouve son indépendance qu’en 1918, mais sera à nouveau envahie en 1939 par l’Allemagne nazie, où les Juifs et les opposants sont victimes de purges. À la libération, la Pologne tombe sous le joug des Russes et ne retrouvera son indépendance qu’en 1989. Une Histoire riche en drame, sanglante qui a laissé une empreinte indélébile sur de nombreux Polonais.
Marjorie Tixier construit une saga familiale avec en toile de fond ces drames humains et historiques pour en faire un récit d’une grande densité. On ne peut rester indifférent aux personnages meurtris dont l’amour reste la quête principale. Mais le sens de l’honneur a un prix bien trop élevé pour les générations qui n’ont pas vécu ces drames.
L’intrigue est bien entendu romancée, mais l’auteur aborde ce que l’on appelle en psychologie l’analyse transgénérationnelle, qui part du postulat que nous portons en nous, les traumas de nos ancêtres et qu’ils ont une incidence sur notre vie. L’analyse transgénérationnelle est une méthode thérapeutique qui explore le passé d’une personne à partir de ses préoccupations du présent pour l’aider à intégrer son héritage familial.
Bien entendu l’auteur ne parle pas de ça dans son livre, mais lorsque Thomas part en Pologne, il souhaite surtout comprendre ce qu’à vécu sa mère. Il sent un drame qu’elle n’évoque jamais et au fond de lui, ne pas savoir lui pèse, l’empêche d’être un artiste accompli. Il se sent tiraillé entre les non-dits, le mutisme de sa mère et ce profond sentiment de ne pas être complet.
En partant à la quête de ses origines, Thomas mettra enfin des mots sur les maux sa mère qu’il porte comme une croix.
L’art tient une place importante dans ce récit aux ramifications multiples, comme un baume qui vient combler un manque, une manière d’exorciser les traumatismes. C’est d’ailleurs une des formes d’expression utilisée en psychologie.
J’ai trouvé ce livre passionnant, diablement bien construit, la temporalité entre les différentes époques amène une densité au récit et un rythme sans aucun temps mort, sans pour autant perdre le fil des histoires. Car il n’y a pas, comme vous vous en doutez une seule histoire. L’auteure exploite la psychologie de son personnage principal pour en faire le porte-parole de la quête de soi et de la reconstruction après les traumas des générations antérieures dont il porte la charge. Cette recherche des origines sera révélatrice et lui permettra aussi de s’affranchir des traumatismes de ses ancêtres pour enfin trouver sa place avec cet héritage familial.
https://julitlesmots.com/2024/08/14/le-pays-blanc-de-marjorie-tixier/
Un roman acheté sur les recommandations d'une blogueuse, attirée par le fait qu'on parle de la Pologne, un roman inattendu, original, bien écrit, bien construit…
Des personnages attachants, intéressants, une histoire de fiction qui pourrait bien être réelle. Il y est question de l'émigration, de la guerre, des origines, des secrets de famille, de la gémellité, tout cela abordé simplement et dans un langage agréable.
Magnifique.
Le titre de ce roman fait référence à la Pologne qui est le point de départ de ce roman et de la fresque familiale que l'on va suivre au fil des pages. Tout commence par Thomas, un jeune homme qui a besoin de connaître son passé et ses racines pour mieux appréhender le présent car il lui manque une clé pour se comprendre. Il va donc se rendre en Pologne pour partir sur les traces de sa famille.
Helena et Broni sont jumelles et vivent plutôt paisiblement dans un village polonais dans les années 1920. Broni se retrouve enceinte de son amant et pour ne pas jeter l'opprobre sur sa vie de famille, l'époux de Broni décide de faire disparaître cet enfant. Helena va donc être contrainte au déracinement pour protéger ce secret et donner une chance à Aniela qui est cet enfant illégitime. Elle devient sa mère de cœur et va venir en France pour travailler dans les régions houillères du Nord de la France et ensuite se retrouver au service de l'ancien directeur de la Bibliothèque de Pologne à Paris. Elle qui souhaitait mettre de la distance avec son pays et son passé, va se retrouver confrontée à lui. Cependant, elle ne renonce jamais à sa promesse et ne dévoilera rien a sa petite protégée.
Aniela grandit et cherche à comprendre qui elle est et d'où elle vient. Elle sait que ses attaches sont en Pologne sans réellement en saisir le lien. Elle tombe amoureuse d'un artiste polonais et se rend en Pologne pour vivre sa relation en tant que maitresse car son amant est déjà marié. De leur union naîtront des jumelles et elle refusera de quitter ce pays malgré tous les événements politiques qui s'y passent.
Le roman ne donne pas tout de suite le lien entre Thomas et les différents personnages cités précédemment. Mais on a ici le destin de plusieurs femmes qui ont combattu à leur manière et ont réussi à s'émanciper pour une cause qui leur était chère. L'amour sous toutes ses formes est très présent dans cette lecture. D'abord, celui qui unit des personnes d'une même famille mais aussi les liens amoureux. Mais l'amour le plus fort reste celui que l'on porte pour une patrie ou à un héritage. C'est surtout cette notion qui ressort de ce roman car tous les personnages sont attachés à la Pologne, d'une manière qu'ils ne comprennent pas forcément très bien mais qui remonte à leurs racines familiales.
Un roman historique qui nous fait découvrir l'attachement et le pouvoir que peut avoir notre héritage culturel.
Après deux premiers romans autopubliés, les Editions Fleuve éditent en 2020 « Un matin ordinaire », viendront ensuite « Un autre bleu que le tien » puis « A l’encre rouge ». En cette rentrée littéraire Marjorie Tixier, professeure de lettres modernes née en 1977, nous offre avec « Le pays blanc » un regard touchant sur la Pologne et le peuple polonais durant un XXème siècle très douloureux.
Au XIXème siècle après avoir subi la domination autrichienne, la majorité des territoires passent sous contrôle russe. La Pologne ne retrouve son indépendance qu’en 1918 et la sérénité qu’en 1921 avec la « Paix de Riga ». Trêve de courte durée, puisqu’avec la seconde guerre mondiale et le « Pacte Hitler-Staline » le pays est à nouveau divisé entre l’Allemagne nazie et la Russie soviétique qui perpétueront les pires exactions en vue de l’extermination de l’élite et de la communauté juive. Puis viendront, à la fin du conflit des redécoupages de frontières suite à la perte ou l’annexion de certains territoires et ce toujours sous la tutelle communiste pour ne retrouver qu’une entière indépendance en 1989. Le 22 décembre 1990, Lech Walesa est investi président de la République, ce qui permit une transition vers une véritable démocratie.
Paris 2022, Thomas, jeune peintre, est en mal d’inspiration. Il prend la décision d’une escapade en Pologne, pays de naissance de sa mère qui refuse de lui parler de ses origines. « Ce vide me fit pressentir que ma mère avait des secrets. Après avoir francisé son identité, n’allait-elle pas jusqu’à nier toute origine étrangère ? Ce que d’aucuns auraient considéré comme une richesse lui paraissait honteux. Et toute tentative d’en comprendre les raisons se heurtait à un mur dont les dimensions ne cessaient d’augmenter. ». Notre jeune artiste débarque à Cracovie, bien décidé à élucider cette part d’ombre, pour base de recherches, avec l’aide de son père, il a pu obtenir l’acte d’état civil de Dorota qu’il connaissait sous le prénom de Dorothée. Il y fait deux découvertes surprenantes, sa maman a une sœur jumelle et son grand-père exerçait la profession de peintre, comme lui-même. En outre, il fait la connaissance de Micha, une jeune régisseuse de musée, qui prendra part aux recherches, et pour cause…
Nowa Wies 1926, à Cinquante kilomètres à l’ouest de Varsovie, deux sœurs jumelles, Helena et Bronislawa, vivent pauvrement mais sereinement avec leur maman Leokadia, les trois enfants de Broni complètent la maisonnée. Andrzej, le mari de Broni, est parti travailler dans les mines du nord de la France, pour mettre un peu de « beurre dans les épinards ». Broni s’est uni à lui par raison mais son cœur bat toujours pour Szymon, qui a le malheur d’être né juif, raison pour laquelle elle n’a pu se marier avec lui. La tentation, en l’absence d’Andrzej est trop forte, les amoureux se retrouvent et fatalement le malheur arrive. Aniela naquit, juste avant le retour de France d’Andrzej qui ne pouvait être le père, vu sa longue absence. Pas d’autre solution que de faire disparaitre l’enfant illégitime ou du moins l’éloigner. Helena, par amour pour sa sœur se sacrifie et s’exile, à son tour, avec l’enfant pour les corons du nord de de la France.
Belle ode à la Pologne que ce roman, pays martyr s’il en est, qui a su renaître de ses cendres. Jolis portraits de femmes, aux destins personnels foudroyés par l’Histoire et leur propre histoire bouleversante.
L’autrice nous fait ressentir avec intensité, au travers de ce texte, la douleur de l’arrachement à la famille, au sol natal, des exils forcés. Elle fait un parallèle avec la tragédie qui se perpétue de nos jours en Ukraine, de cette bêtise humaine liée à l’intransigeance et au sectarisme, éternellement reproduite.
La poésie de l’écriture de Marjorie Tixier, ses références à l’art, adoucissent ces drames mais restent des vecteurs de témoignage de toutes ces horreurs.
Sortie dans vos librairies le 14 août.
Remerciements à Fleuve Editions pour cette jolie lecture.
L'une des agréables surprises de cette rentrée littéraire, c'est ce roman de Marjorie Tixier, à paraître aux Editions le Fleuve le 14 août prochain. Cette délicate couverture vous donnera un indice sur l'un des deux pays évoqués dans cette histoire de génération, en sus de la France, et je peux déjà vous dire qu'il ne s'agit pas de Monaco. Ici aussi, c'est une autrice que je découvre, et qui publie là son quatrième roman, avec ses deux autres titres publiés en auto-édition, elle en compte donc six, elle est professeur agrégée de lycée à Chambéry. C'est très curieux (ou pas), les titres de ses derniers romans sont liés entre eux par un titre qui relève du même champs sémantique, j'imagine que cela révèle un goût pour les images et descriptions chatoyantes et pittoresques, c'est en tout cas ce que révèle cette couverture, pour commencer, et cette histoire qui s'étend sur des générations de femmes, où le sang, autant concrètement que métonymiquement, joue un grand rôle dans ce récit.
Un même sang qui coule dans les veines, c'est ce qui relie tous les protagonistes de cette histoire dont le récit commence en France. Thomas Delvaux est peintre, issu d'une lignée maternelle dont il ignore tout : sa mère Dorothée étant peu diserte sur le sujet, c'est en ce pays maternel inconnu, la Pologne ainsi, qu'il va se rendre et transgresser le silence obtus de sa mère, son refus obstiné d'évoquer ce passé qui ramène au pays de la Vistule, à Cracovie. Décidé à visiter le Musée national pour s'initier à la peinture polonaise, et découvrir qui était la famille de Dorota Balinska, sa mère. La régisseuse du musée l'oriente vers les peintures d'un certain Stanislaw Wyspiański, dont un autoportrait dans lequel il rencontre son sosie. C'est le moment du retour en arrière, en 1901, mais toujours en Pologne, dans le petit village de Nowa Wieś, à l'ouest de la capitale, en compagnie des jumelles, Helena et Bronisława. On rentre sans ambages dans le sujet avec Bronisława, qui avoue à sa soeur qu'elle porte l'enfant de Szymon, son amant, alors qu'elle est mariée à Andrzej et déjà mère de trois enfants. Cette grossesse illégitime est le point de départ à une histoire familiale faite d'exils et de séparations, de morts, d'oublis et de reconstructions, vers la France.
Le pays blanc est un roman, une histoire composée sous le signe de la gémellité. D'abord, on l'a vite compris, de cette double identité que porte Simon, entre sa terre de naissance française et celle de ses origines, polonaises. Une gémellité qui signe également le destin des descendants d'Helena et Bronisława, cet héritage génétique qui ne manque pas de rappeler la binarité de l'histoire, de la façon de la voir et de la vivre, des choix, aussi, qui a mis Bronisława entre un époux qu'elle supporte et un amant, juif, qu'elle aime passionnément. Une histoire de liens qui se détendent et qui se refont autrement, de déchirement d'une unité. Ce qui est filé à travers l'histoire des jumelles, c'est cette impossibilité également à vivre l'amour, filial, familial, ou amoureux, dans son universalité, sans condition.
Leokadia Janowska, puis Helena et Bronisława, Aniela, puis Stanislawa et Dorota, et enfin Micha, et à côté de toutes, Thomas : cinq générations de femmes illustrent, d'une page à l'autre, d'un pays à l'autre, l'histoire ravagée de deux pays, l'un qui s'est enfoncé dans la dictature communiste après l'invasion communiste, l'autre qui a eu la chance de pouvoir tendre vers la démocratie, après la libération, même si les velléités de colonialisme et de guerre n'ont jamais complètement été décollées de sa peau. Deux nations qui se complètent, mais diffèrent autant que les soeurs jumelles sont dissemblables, passionnées et entières pour Bronisława, réfléchie et introvertie pour Helena, le même qui les unit, les sépare, comme si l'une avait gardé pour elle la chaleur de la passion, l'autre la froideur d'un esprit posé et retenu qui a choisit le parti de la raison avant tout, les deux faces d'une même pièce.
J'ai aimé ce roman pour ce mélange d'histoires qui nous présente la diaspora polonaise, et on en parle assez peu, qui s'est installée en France, est d'abord passée par l'enfer des mines et le diversement culturel qu'elle nous apporte encore aujourd'hui, on se souvient, même si la fondation de celle-ci est antérieur à l'époque où se passe notre histoire, de la librairie polonaise de Paris. Et toutes ces histoires d'amour, sororal, maternel, filial, mais aussi amoureux qui s'attachent à l'histoire des deux pays, dont l'histoire réciproque trouve parfois à s'accorder à travers l'art, la religion, les couleurs de leur drapeau. L'amour est ce fil rouge qui tisse un lien entre la Pologne, le pays blanc, et la France, pays du charbon noir : le drapeau bicolore de la Pologne qui exprime cette dualité, cette fracture constante qui commence par deux soeurs jumelles différentes, agrandie par une naissance adultérine, achevée par l'arrachement au pays natal (...)
Ce roman qui se partage entre la Pologne et la France, entre 1926 et 2022, retrace la vie de deux soeurs jumelles polonaises de 25 ans, inséparables, Helena et Broni, qui vont s'arracher l'une à l'autre, en 1926, pour protéger l'enfant illégitime de Broni. Helena part en France avec le nourrisson, Aniela et l'élève comme sa fille en respectant la promesse de ne jamais raconter leur secret. Mais Aniela partira en Pologne avec l'homme qu'elle aime, marié, juif, torturé par ce qui est arrivé à ses coreligionaires dont elle aura des jumelles; l'une partira en France et rejettera tout ce qui est Polonais, y compris sa soeur, et l'autre restera dans ce pays qu'elle aime tant. Leurs enfants, pressentant un secret sur leurs origines et sur leur famille, partiront en quête de la vérité.
C'est le troisième roman de l'auteure que je lis après "Un autre bleu que le tien" (2021) et "A l'encre rouge" (2023); comme les deux précédents, il nous offre de très beaux portraits de femmes mais l'arrière-plan est totalement différent. A travers quatre générations, Marjorie Tixier nous brosse l'histoire agitée et dramatique de la Pologne. Longtemps partagée entre les empires russe, autrichien et allemand (1795-1918), la Pologne recouvre son indépendance le 11 novembre 1918, envahie par l'Allemagne nazie le 1 septembre 1939, capitulation à la fin du mois, occupation de la Pologne où les juifs, l'intelligentsia, le clergé, l'armée sont victimes des purges sanglantes; libérée des nazis en 1945, la Pologne tombe sous le férule des Russes communistes et ne retrouve son indépendance qu'en 1989.
C'est dans ce contexte que de nombreux polonais ont trouvé refuge en France et qu'un lien fort entre les deux pays s'est établi. L'auteure installe certains de ses personnages dans les mines du Nord qui ont fait massivement appel aux ouvriers polonais mais aussi dans la communauté polonaise intellectuelle de Paris.
Les personnages sont tous tiraillés entre leurs racines polonaises et leur vie en France. Ils apprennent le français, cherchent à s'intégrer sans oublier leur pays, leur langue, leur culture, dans une sorte d'idéalisation du pays perdu et d'un retour souvent impossible aux origines.
L'art tient un rôle important dans ce roman; il est exutoire à la douleur, rêve d'un ailleurs ou d'un futur meilleur, une façon d'exorciser le destin, de combler un manque que ce soit par la peinture, la sculpture, la mode.
Les portraits de femmes sont magnifiques, guidées par un amour absolu les condamnant à des sacrifices surhumains : celui d'Hélène pour sa jumelle et pour sa nièce, celui de Broni pour son amour de toujours qu'elle n'a pu épouser car juif, celui d'Aniela pour celui qu'elle suit en Pologne renonçant à tout en France, celui de tous, hommes et femmes, pour leurs racines.
Je regrette, cependant, que certains personnages disparaissent du roman sans que l'on sache ce qu'ils sont devenus.
#LePaysblanc #NetGalleyFrance
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