"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
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Au cœur d’un Rwanda plongé dans l’horreur du génocide, trois convois transportant 1000 orphelins tutsis, ont effectué le trajet de Butare vers le Burundi entre juin et juillet 1994. Initiés par des humanitaires de l’ONG suisse Terre des hommes, soutenus par le préfet hutu dissident Nsabimana et encadrés par des journalistes de la BBC, ces convois ont traversé de nombreux obstacles, sauvant les enfants d’une mort certaine.
A travers ce récit autobiographique, l’autrice qui a fait partie du premier convoi avec sa mère tutsi, raconte le génocide tel qu’elle l’a vécu à 15 ans, depuis les premiers meurtres dans les rues de Butare jusqu’au pogrom de toute son ethnie.
Mais elle soulève également bien d’autres sujets sensibles, comme l’origine coloniale de l’éthnicisation de la société rwandaise et le soutien du gouvernement français au régime dictatorial hutu, qui a permis aux génocidaires de fuir vers le Zaïre après la reprise du pouvoir par les forces armées tutsis. Elle dénonce également le détournement des photos prises par la presse internationale qui a laissé penser que ce génocide n’était qu’une simple guerre interethnique africaine, rajoutant aux clichés des légendes totalement hors contexte.
Et plus son récit avance, plus l’autrice se révolte contre l’omerta générale qui l’empêche d’obtenir la liste des enfants sauvés ou d’accéder aux photos archivées des convois. Si le sujet est passionnant, la découverte progressive de nouveaux éléments donne au texte un fil un peu hachuré que ne simplifie pas le nombre d’acteurs important de cette grande action humanitaire.
Beata Umubyeyi Mairesse nous offre, avec ce livre, un récit qui dépasse la quête personnelle et défend, par ses mots, le besoin légitime d’un peuple à raconter sa propre histoire et la revendication du droit à l’image de chacun, souvent bafoué par la presse de guerre.
Une lecture exigeante mais passionnante qui part d’un dramatique fait historique et prend une dimension humaine universelle et essentielle.
"Le Convoi" est un récit essentiel qui enrichit la littérature sur le génocide des Tutsis au Rwanda. À travers une écriture sobre et belle, Beata Umubyeyi Mairesse offre une méditation profonde sur la survie, la mémoire et le pouvoir de l'humanité même dans les moments les plus sombres de l'histoire.
Livre d'essai. L'auteure, rescapée du Rwanda, génocide perpétré par les Hutus contre les Tutsis. Béata retrace ces années où avec sa mère, elles échappent au massacre. Installée en France, elle reconstitue le puzzle de ces moments. Elle cherche tous les éléments, preuves pour justifier son existence et enfin témoigner. Certains passages, vécus par l'auteure sont difficiles, sont difficiles même à lire. Nous ne pouvons qu'apprécier que Béata soit parmi nous grâce à un mensonge et nous l'encourageons dans ses démarches, avec sa seule arme, qui est l'écriture. Respect.
Hasard des lectures et des rencontres.
Je viens de finir le très réussi roman de Gaëlle Nohant, "le bureau d'éclaircissements des destins" qui parle des camps et du retour des survivants et du devoir de mémoire.
Puis j'ai assisté à une rencontre sur une exposition "La vie sociale et politique des papiers d'identification en Afrique" et une conversation littéraire & scientifique à la mémoire des victimes du génocide contre les Tutsis au Rwanda avec Beata Umubyeyi Mairesse, écrivaine franco-rwandaise.
Je viens de lire son livre "le convoi". Elle raconte et explique de façon sincère, sensible, détaillée, sa recherche et son enquête pour trouver des traces (photos), des noms des enfants qui ont fait partie des convois humanitaires qui ont sauvé des enfants lors du génocide rwandais.
Elle avait 15 ans lors de cette fuite et a des souvenirs. Elle a retrouvé quelques photos, tirées de reportages de journalistes et elle a mené une réelle enquête pour retrouver des membres de l'association "Terre des hommes" qui ont participé à ces convois mais aussi des enfants rescapés. Elle parle très bien de ses recherches, de ses doutes, des difficultés qu'elle a rencontré pour retrouver des archives, des témoignages.
Ecrivaine, elle a écrit des romans et de la poésie mais pour ce texte et cette enquête, elle a senti qu'il fallait qu'elle fasse un texte plus personnel et ne pas passer par le romanesque.
Elle décrit ce qui s'est passé lors de ces évacuations, à travers ses propres souvenirs, les souvenirs recueillis, des reportages, des archives..
Avec une belle écriture, ce texte est un beau témoignage et le titre, qui pourrait faire penser aux convois nazis a ici une consonnance plus positive, il s'agit de convois vers la vie et non vers la mort. Elle parle d'ailleurs très bien des témoignages des survivants et des rencontres qu'elle a pu faire lors de rencontres dans des lycées, avec des survivants de la Shoah et des similitudes dans la difficulté d'en parler et d'utiliser les archives. Ce qui fait donc écho avec la lecture du texte de Gaelle Nohant, sur l'International Tracing Service est le plus grand centre de documentation sur les persécutions nazies.
Des textes qui permettent de tenter d'appréhender ses époques et la façon dont il est nécessaire de s'en souvenir et de ne pas oublier.
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