"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Liwa Ekimakingaï a passé son enfance et continue d'habiter chez sa grand-mère, Mâ Lembé, car sa mère, Albertine, est morte en lui donnant la vie. Il est employé comme cuisinier à l'hôtel Victory Palace de Pointe-Noire. Et il attend de rencontrer l'amour. Un soir de 15 août où l'on fête l'indépendance du pays, il réunit ses plus beaux atours à peine achetés l'après-midi, et assez extravagants, pour aller en boîte. Au bord de la piste de danse, la belle Adeline semble inatteignable. Pourtant, elle accepte ses avances, sans toutefois se compromettre. Elle signera sa fin...
Le roman est une remontée dans la vie et les dernières heures du jeune homme, qui assiste à sa propre veillée funèbre de quatre jours et à son enterrement. Aussitôt enseveli, il ressort de sa tombe. Pour se venger ?
En toile de fond, la ville de Pointe-Noire et ses cimetières - en particulier le Cimetière des Riches, où tout le monde rêverait d'avoir une sépulture mais où les places sont très chères, et celui dit Frère-Lachaise, pour le tout-venant dont Liwa fait partie.
Dans ce grand roman social, politique et visionnaire, la lutte des classes se poursuit jusque dans le royaume des morts, où ceux-ci sont d'ailleurs étrangement vivants.
Mais qui est donc ce nouveau venu au cimetière du Frère-Lachaise? Pourquoi est-il pleuré par tous alors qu'il n'était pas célèbre et qu'il n'avait pas eu encore le temps d'accomplir de grandes choses du fait de son jeune âge ?
Alors que Liwa Ekimakingaï, commis de cuisine de Pointe-Noire avait une longue vie devant lui, le jeune homme se réveille la vision trouble au beau milieu des morts au cimetière du Frère-Lachaise. C'est alors qu'il va rencontrer une multitude de résidents du lieu qui vont tour à tour lui raconter leur histoire et le dissuader de se venger. Mais pourquoi le spectre de Liwa Ekimakingaï devrait se venger? De qui et de quoi?
En écoutant ce livre, j'ai rapidement été plongée dans les croyances et les coutumes de la République du Congo, ce qui a été pour moi une première. J'ai vraiment apprécié être accompagné par la voix de son auteur, Alain Mabanckou qui a réussi à nous transmettre avec justesse les émotions insufflées par sa plume. Le choix des sonorités choisies par Lizzie m'a donné l'impression d'un voyage en Afrique, et ce, pour mon plus grand plaisir.
Je tiens à remercier Lizzie et Netgalley France de m'avoir offert la possibilité de découvrir " le commerce des Allongés", ouvrage que j'ai beaucoup aimé. Au travers de son œuvre Alain Mabanckou a réussi à nous dresser le portrait d'une ville marquée par son passé colonial et où les différences sociales demeurent importantes au sein même de la population de Pointe-Noire.
Je ne peux que vous conseiller cette lecture qui vous permettra d'en apprendre plus sur la République du Congo et sur ses traditions
Liwa Ekimakingaï se réveille en voyant le monde à l'envers. Mais que lui arrive-t-il ?
Très vite, il comprend qu'il est mort . Et le narrateur va nous conter la courte vie de Liwa : sa vie chez sa grand-mère Mâ Lembé, sa mère Albertine, sa vie de cuisinier à l'hôtel Victory Palace et ses dernières heures avant son décès...
Dans le cimetière des pauvres, Liwa va faire connaissance de ses voisins...
Comme l'a dit Clara Dupont-Monod lors d'une de ses chroniques, ce récit ressemble à une histoire d'immeuble à l'horizontale .
Nous faisons connaissance avec un certain nombre d'habitants de Pointe-Noire, les coutumes du pays, la façon de procéder de certains politiciens.
Alain Mabanckou arrive à rendre attachant chacun de ses personnages, même si certains d'entre eux peuvent paraître antipathiques aux premiers abords.
L'auteur réussit également à nous happer dans son histoire en faisant usage du tutoiement, ce qui n'est pas forcément chose aisé avec un personnage principal mort dès les premières lignes.
Écouté en livre audio, la lecture par l'auteur lui-même est une véritable réussite. Il sait y mettre l'intonation aux moments importants.
Merci à #NetGalleyFrance et aux éditions Lizzie pour la découverte de ce merveilleux roman.
Un bon héros est-il un héros mort ? C’est le pari que prend Alain Mabanckou dans son dernier roman.
En effet après avoir ressenti le tremblement de terre et le cyclone, et s’être retrouvé allongé sur une butte de terre, l’homme à qui s’adresse les propos de ce roman, dans un tutoiement qui permet habilement de mettre à distance le monde de morts et celui des vivants a préféré se persuader qu’il était vivant.
En observant l’effet de sa disparition soudaine sur son entourage, et pour sa grand-mère qui l’a élevé, l’homme nous livre un récit qui parle de Pointe-Noire, de certains de ses plus originaux ressortissants, de son histoire passée. Puis de son histoire personnelle, celle qui l’a conduit dans ce cimetière en compagnie de trépassés qui lui conteront des événements en relation avec les quelques célébrités échouées autour de lui.
Un peu perdue dans les premiers chapitres, je me suis plus accrochée à la deuxième partie, celle qui relate le destin tragique de notre personnage en tenue bariolée.
Roman original, et instructif, conté comme d’habitude avec verve et détermination, pour ne pas dire truculence (clin d’oeil à l’auteur qui redoute ce qualificatif attribué à son écriture !)
304 pages Seuil 19 Août 2022
Quelle importance a la mort s’il est toujours possible de conclure quelques frasques les deux pieds en avant ? Définitivement aucune, si ce n’est se faire de nouveaux compères dans l’ultime demeure de terre et de pierre. Cette année, Alain Mabanckou se délecte d’un récit morbide faisant fi des commodités du réel. Epopée fantastique et surnaturelle, Le commerce des Allongés publié aux éditions du Seuil casse les codes et empoigne le lecteur dans un règlement de comptes qu’il n’est pas près d’oublier.
Liwa Ekimakingaï menait une existence plutôt simple de cuisinier à l’hôtel Victory Palace de Pointe-Noire. Le jeune homme vivait chez Mâ Lembé, sa grand-mère, sa génitrice étant morte en couche. Il avait presque tout à l’exception d’Adeline, une sublime jeune femme rencontrée un soir de 15 août lors de la fête de l’indépendance. Elle répondait à ses avances mais gardait toutefois un semblant d’inaccessibilité. Voilà une histoire plutôt commune si le jeune congolais ne s’était retrouvé quelques jours plus tard en train d’assister à sa propre veillée funèbre au cimetière du Frère-Lachaise. Famille et chanteuses-pleureuses sont désormais là pour célébrer le défunt durant quatre jours, après quoi il pourra s’en aller en paix. Mais trop de détails échappent à ce prématuré d’outre-tombe pour un quelconque repos éternel, il est temps d’enquêter, et pourquoi pas de se venger ?
Alain Mabanckou embarque son lecteur dans un excellent roman plus cocasse que jamais, il faut bien se l’avouer, entre les voisins de l’autre monde – un DRH à l’épitaphe truffée de fautes, une femme-corbeau inquiétante, et le cimetière qui défie quelques lois scientifiques. Si tout devient obsolète, la quête amoureuse reste intacte pour retrouver la chère Adeline dont le personnage principal est obsédé. Qu’elle prenne une tournure surnaturelle n’a donc rien de surprenant, Le commerce des Allongés brille par cette hybridité particulièrement bien dosée pour nous égarer de temps à autre, nous rattraper au vol et nous faire retomber sur nos pieds quand il est nécessaire de mettre le point sur quelque chose.
Ce quelque chose, c’est tout l’aspect social dressé dans le roman par l’écrivain franco-congolais qui n’hésite pas à esquisser les affres d’une société qui s’embourbe dans ses inégalités même la mort aux trousses. S’opposent alors le Cimetière des Riches dans lequel tout le monde rêve d’être enterré et celui où loge Liwa, bien moins prisé par les citoyens de Pointe-Noire. Rythmée, l’intrigue offre une tératologie sociétale qui en dit malheureusement long tout en confrontant ceux qui profitent du système monétaire et ceux qui le subissent. Soulevant invariablement des questions fatalistes que nous serions tous en mesure de nous poser sur les inégalités qui sévissent, Alain Mabanckou inquiète et fascine tout en proposant un récit terriblement plaisant. Sa légèreté macabre et décalée (que l’on aime secrètement ou non retrouver dans sa plume) prête à bien des sourires cyniques mais sincères.
En définitive, c’est un contraste maîtrisé et politisé qui berce le lecteur au cœur des luttes sans oublier l’absolue beauté de l’imaginaire culturel et ancestral congolais.
Idée de départ très originale : un défunt « sort » de sa tombe et remonte les jours qui ont précédé son décès .. afin d’en savoir plus … et agir !
L’histoire se déroule au Congo et dénonce notamment les inégalités sociales (y compris dans les cimetières).
Dépaysement assuré et salutaire, avec, en plus, une écriture dansante et poétique.
Bref, j’ai passé un bon moment de lecture.
Par contre, je ne comprends pas le résumé porté en quatrième de couverture par l’éditeur « Seuil » : il dévoile, dès les premières lignes, une partie de la fin du roman !
https://leslivresdejoelle.blogspot.com/2022/08/le-commerce-des-allonges-dalain.html
Liwa Ekimakingaï a passé son enfance auprès de sa grand-mère, Mâ Lembé, et continue à habiter chez elle car sa mère, Albertine, est morte en lui donnant la vie. Commis de cuisine à l'hôtel Victory Palace de Pointe-Noire, capitale économique de la République du Congo, il attend de rencontrer l'amour. Un soir de 15 août où l'on fête l'indépendance du pays, il réunit ses plus beaux atours assez extravagants, tout juste achetés l'après-midi, pour aller en boîte. Il va perdre la vie ce soir-là.
A peine enseveli, Liwa qui n'accepte pas les conditions de sa mort ressort de sa tombe. Veut-il se venger ?
Dans une première partie "Le rêve le plus long de ta mort", Liwa remonte dans la vie et assiste à sa propre veillée funèbre de quatre jours et à son enterrement. Ensuite l'auteur raconte les rencontres que fait Liwa à peine arrivé à Frère-Lachaise, le cimetière des pauvres, pour conclure dans une dernière partie sur les circonstances de la mort du jeune homme qui voit défiler ses dernières heure de vie.
Au fil des pages, Alain Mabanckou nous fait découvrir les rites funéraires, l'accompagnement du défunt dans la danse et la joie avec la participation active de chanteuses-danseuses-pleureuses qui rivalisent d'ardeur dans leurs chants et leurs pleurs. Puis il nous régale avec les histoires savoureuses de certains des voisins de tombe de Liwa, notamment l'ancien DRH, chef de secteur, chargé d'accueillir les nouveaux et de les dissuader de commettre l'irréparable en ne pensant qu'à la vengeance. Grâce à une construction intéressante, les circonstances de la mort de Liwa ne nous seront dévoilées que dans les dernières pages du roman.
Alain Mabackou a l'art de faire vivre le monde des défunts et montre que la distinction sociale perdure par-delà la mort avec le Cimetière des Riches et Frère-Lachaise, Cimetière des Pauvres, et va jusqu'à mettre en scène un soulèvement des défunts qui s'opposent à ce qu'un criminel proche du président soit enterré parmi eux.
Il dépeint un pays où la corruption est pratique courante, un pays où chacun a tendance à vouloir résoudre ses problèmes en jetant des sorts, où les humains signent des pactes avec les esprits, où traditions, sorcellerie, présages, immolations d'animaux et même sacrifices humains, guérisseurs et féticheurs, "sorcières de maison" protectrices des riches, font partie du quotidien. Dans ce compagnonnage de chacun avec les esprits et les forces occultes, certains défunts ont même le pouvoir de se dissimuler derrière des enveloppes humaines prenant à leur gré les traits de n'importe quel individu pour ensuite se mêler aux vivants.
Il n'y a rien de macabre dans ce texte, au contraire, la mort est évoquée comme une seconde vie et la cohabitation entre défunts et vivants se passe en général bien. Avec son talent narratif et sa verve habituels Alain Mabanckou a réussi à me passionner avec cette histoire tellement différente de mes lectures habituelles que je suis certaine de m'en souvenir longtemps.
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