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Le Cirque de Satan, à travers l'histoire d'un lieutenant de police corrompu, dresse le portrait du quartier dangeureux et extravagant qui florissait au coeur de New York au tournant du vingtième siècle.
Dans les années 1910, à New York, entre la Cinquième et la Septième Avenue, il existait une incroyable cour des miracles : prostitution, jeux illégaux et crime organisés y proliféraient, mais également les théâtres, les music halls... Ce quartier était surnommé le tenderloin (filet de boeuf) par les policiers, qui y recevaient des pots-de-vin conséquents, et le Cirque de Satan par les ligues de vertu.
En 1911, Charles Becker est nommé chef de l'une des trois brigades des moeurs de New York, avec pour mission explicite de mettre de l'ordre dans les quartiers rouges de New York. Becker est un lieutenant de police apparemment sans reproche. En 1894, il avait témoigné contre la corruption policière devant le Sénat américain, et en 1904, il avait fait campagne pour une réforme des patrouilles de rue qui permettrait aux policiers d'y être plus efficaces.
Becker est rapidement entraîné dans des pratiques de plus en plus douteuses dans le Cirque de Satan. Il devient un extortionniste accompli, récoltant de l'argent auprès des maisons de passe et des casinos illégaux de Manhattan.
Finalement, il va trop loin. Commanditaire de l'assassinat d'un bookmaker en 1912, il fait l'objet d'un procès long et tortueux, et devient le premier policier américain condamné à mort pour meurtre en 1914. Il est exécuté à la prison de Sing-Sing en 1915.
Ce livre remarquable, au-delà de l'histoire de la déchéance de Charles Becker, invite le lecteur dans un Manhattan criminel et exubérant à son apogée.
À l'aube du XXe siècle, New York est une ville qui grossit constamment. Par vagues entières, les immigrés italiens, juifs, irlandais, déferlent sur la ville. Les nouveaux venus, dans un mouvement permanent, occupent les immeubles sordides de la ville, tandis que ceux qui leur laissent la place partent vers des quartiers plus riches de Manhattan ou vont ailleurs.
Mais la ville ainsi devenue en quelques années une des plus grandes du monde est aussi l'une des plus corrompues. Les démocrates qui dirigent New York (en accord avec les républicains) sont pourris jusqu'à la moelle. Les élections sont truquées et le clientélisme est la règle. Quant à la police, en majorité irlandaise, elle sert de bras séculier aux politiciens.
À Manhattan, un quartier de plaisir, surnommé le Cirque de Satan par les pasteurs et le Tenderloin (le filet de bœuf) par la police, concentre les bordels, les bars, les salles de jeux et de spectacles (sur Broadway) de la ville. Dans ces lieux de perdition, les capitaines de la police, qui ont payé les boss de la politique pour obtenir leur poste, « prélèvent » de l'argent qu'ils partagent avec eux.
Face à ce système bien rodé, certains s'émeuvent et veulent l'assainir. C'est le cas d'un directeur de la police, énergique mais naïf, qui crée à cette fin trois brigades et met à la tête de l'une d'entre elles Charles Becker. le policier, grand et massif, d'origine allemande et républicain, n'a jusqu'alors pas eu accès à la corruption, et a subi une carrière longue et peu brillante.
Enfin en position de pouvoir, Charles Becker, ancien flic intègre malgré lui, organise dans le Cirque de Satan une corruption à grande échelle, rançonnant les salles de jeux. Il gagne très vite beaucoup d'argent. Mais un tenancier, Rosenthal, avec qui il est associé, va se mettre en travers de cette éclatante réussite et menacer de dénoncer tout le système.
Après l'assassinat de Rosenthal, un procureur prêt à tout - craignant de ne pas être réélu - accuse Becker d'en être le commanditaire et monte un procès truqué. À la surprise générale, Becker est reconnu coupable et condamné à la peine capitale. Le policier fait appel, mais même si le deuxième procès est plus équitable, sa condamnation à mort est confirmée et il est exécuté sur la chaise électrique (dans des conditions atroces).
Mike Dash, avec sa précision d'historien, signe un livre aussi palpitant que captivant. Il donne de New York des années 1900 un cadre vivant ; il décrit à merveille un système qui a une vie intense, où il n'y a pas de bons - les hommes dont il parle sont tous mauvais à un degré ou à un autre. Le Cirque de Satan, leur oeuvre, s'est développée à la vitesse d'une ville qui, plus large que les hommes, en a englouti certains comme le lieutenant de police Charles Becker.
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