"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le Chat, le Général et la Corneille débute par une nuit de décembre 1994, durant la première guerre de Tchétchénie. Un récit de violence, passion et culpabilité inextricablement lié à l'histoire de l'Europe contemporaine. Dans la lignée de La Fabrique des salauds, une puissante fresque menée tambour battant par Nino Haratischwili, la nouvelle sensation des lettres allemandes !
Décembre 1994, une troupe des forces armées de la Fédération de Russie est cantonnée dans un petit village musulman du Caucase pour réprimer les séparatistes tchétchènes.
Parmi les soldats se trouve Malisch, jeune homme épris de littérature, qui s'est enrôlé par désespoir amoureux. Très vite, il fait la connaissance de Nura, une adolescente du village dont la beauté et la fierté le fascinent. Mais la jeune fille ne tarde pas à être arrêtée par d'autres soldats, pour un motif fallacieux. Malisch se retrouve alors témoin, et peut-être même complice, des violences commises par ses camarades. Au cours de cette nuit, Nura sera violée et tuée - mais quelle est précisément la part de responsabilité de Malisch ?
Bouleversé par cet événement, le jeune soldat est devenu le Général , un homme au coeur dur et à la poigne de fer, prêt à tout pour dominer les autres. À force d'extorsion et de chantage, il parvient à s'enrichir et à gravir les échelons de la société russe jusqu'à devenir un oligarque multimillionnaire. Son seul objectif à présent est de protéger sa fille, Ada. Mais depuis vingt ans, et malgré ses efforts pour étouffer l'affaire, les rumeurs les plus sombres continuent de courir au sujet du Général, alimentées par la Corneille, un journaliste tenace et bien décidé à faire la lumière sur cette histoire.
Lorsqu'il rencontre le Chat, une jeune comédienne qui, sans le savoir, est le sosie de Nura, le Général voit là l'occasion de se venger de ses anciens complices... Et peut-être de soulager sa conscience ?
1994. Nura vit dans un village en Tchétchénie, avec sa mère et sa petite soeur Esma. Sa soeur ainée (Malika) est mariée et vit à Ourous-Martan. Leur père les a quittées dans des conditions infamantes … Nura n’a qu’un seul but : garder son indépendance et fuir son village pour devenir actrice et voyager de par le monde …
1995. Le père de Malich était un héros de l’armée russe et sa mère n’a de cesse de lui faire embrasser la carrière du défunt, par un odieux chantage affectif si nécessaire … Alors qu’il est amoureux de Sonia, sa génitrice l’acculera à l’obéissance puis à la révolte et c’est en simple soldat (qui fuit des représailles …) qu’il s’engagera dans la guerre contre la Tchétchénie.
Berlin, 2016. Sesili (surnommée « Le chat ») adore le théâtre qu’elle exerce à Berlin. Elle porte le même prénom que sa grand-mère géorgienne (la famille est réfugiée en Allemagne) et ses relations avec sa mère et sa soeur sont très difficiles … Onno, un journaliste allemand raté (dont le pseudo est « La Corneille ») ne parvient pas à effacer de sa mémoire une histoire d’amour et surtout de trahison, provoquée par un de ses articles … Alexander Orlov, oligarque russe que tout le monde appelle « Le Général » est obsédé par un drame et n’a qu’une idée en tête : revivre ce terrible évènement vieux de plus de vingt ans, qui s’est déroulé en Tchétchénie … Il parviendra à ses fins (de gré ou de force !) en utilisant les « fantômes du passé » de Sesili et Onno …
Nino Haratischwili a vraiment le chic pour laisser ses lecteurs dans un « flou artistique » le plus longtemps possible ! Leur jetant quelques bribes d’information, au fil des chapitres : et ça marche ! Vous voulez absolument connaitre le fin mot de l’histoire. Quel rapport entre nos trois compères, dans le Berlin de 2016 et Nura la Tchétchène (1994) ou Malich le russe (1995) ??? Le chemin sera fort long, sur les routes d’Europe, avant d’atteindre l’épilogue …
Une somptueuse intrigue que nous offre – une fois encore, pour notre plus grand plaisir – cette très talentueuse écrivaine ! Ses qualités de conteuse ne sont plus à démontrer ! Toutefois, cette lecture m’a semblé plus ardue que la précédente (« La Huitième vie ») Je ne saurais dire si cela est dû au style, au phrasé ou au changement de traductrice … J’ai eu – à plusieurs reprises – quelques difficultés à m’y retrouver dans la narration …
J’ai mis du temps à entrer dans ce roman complexe qui se déroule en grande partie à Berlin mais fait référence à la guerre de Tchétchénie, ce qui inclue la Russie.
Il y a le Chat, une jeune comédienne embauchée par Le Général pour jouer le rôle d’une tchétchène violée et tuée. Le messager est la Corneille, un journaliste qui enquête sur le fameux Général.
Le récit est plein d’aller-retour entre les différentes époques, car la Corneille était tombé amoureux de la fille du Général qui s’est suicidée.
Un roman très noir aux vies tragiques suite à cette guerre oubliée.
J’ai toutefois apprécié les leitmotivs de l’auteur : des éléphants qui apparaissent au détour des pages ; des cafés berlinois servis à la thermos ; Prométhée sous les feux de la guerre.
Pourtant, ce roman archi fouillé m’a parfois perdu par trop de détails et de questionnements inutiles. J’aurais aimé plus de sobriété et moins atermoiements.
Une lecture en demi-teinte, je m’attendais à un roman plus fort.
L’image que je retiendrai :
Celle du Général qui offre à la mère de son compagnon de guerre décédé un restaurant français. Il y va déjeuner avec le Chat et la Corneille et mangent du coq au vin et d’autres plats typiquement français en plein désert.
https://alexmotamots.fr/le-chat-le-general-et-la-corneille-nino-haratischwili/
Avec un titre digne d’un Conte on pourrait penser ce livre dans la même veine mais c’est loin d’être le cas !
Une jeune comédienne talentueuse, surnommée Chat ; un oligarque russe sans scrupule, le Général et un journaliste allemand sur le déclin, la Corneille, vont se croiser et cheminer ensemble jusqu’à la fin !
Le roman commence en Tchétchénie en 1994 en compagnie de Nura une jeune fille pleine de vie qui rêve d’indépendance, de voyage, de liberté au sein d’une société rurale profondément croyante et patriarcale.
L’auteure prend le temps de décrire ses personnages, leur vie, leurs pensées et leurs désirs et ce sur 20 ans pour les deux hommes. Cette partie qui aurait pu paraître longue a en fait suscité ma curiosité et a déroulé petit à petit le chemin qui mène à la compréhension !
Nous plongeons régulièrement dans la Russie post-URSS et dans la Tchétchénie en guerre, cette période qui va transformer des hommes en monstres et gâcher tant de vies. Petit à petit des personnalités se dévoilent et Nino Haratischwili a su jouer de ce registre pour nous laisser dans le flou et le questionnement jusqu’à l'époque actuelle.
Toute une gamme d’émotions parcourt ce livre, de la haine à la culpabilité, en passant par l’amour et l’indifférence ! Il est impossible de deviner où toutes ces histoires nous mènent et le suspense est présent jusqu’à la dernière page !
Je ne dirais pas un beau livre, le thème le permet difficilement, mais un grand livre, qui ne fait pas que raconter une histoire mais est aussi un témoignage d’une période !
#NinoHaratischwili #NetGalleyFrance #rentreelitteraire2021
Sesili, surnommée le Chat, est une jeune comédienne en mal de rôle, née en Géorgie et vivant à Berlin. De son côté, Alexander Orlov richissime oligarque russe, dit Le Général, est hanté par un terrible secret et par la mort de sa fille adorée. Quant à la Corneille, il s’agit d’Onno Brender, journaliste allemand qui s’intéresse aux guerres de l’Europe de l’Est et tout particulièrement aux scandales liés aux actions des hauts gradés de l’armée russe pendant la guerre en Tchétchénie. Ce qui va réunir ces trois personnages totalement dissemblables est un évènement monstrueux, survenu en 1995 alors que l'armée russe occupe le Caucase, en guerre contre les séparatistes tchétchènes. Un drame qui a coûté la vie à une jeune femme et qui a laissé de nombreuses traces vingt et un ans après. De 1994 à 2016, entre la Tchétchénie, Berlin, le Maroc ou encore Venise, Nino Haratischwili entraîne son lecteur sur les traces d’un passé que certains aimeraient enterrer.
Voilà un titre bien surprenant, qui pourrait laisser imaginer au lecteur qu’il va découvrir une fable ou un conte. Mais cette histoire n’a rien d’un conte, ou alors un conte cruel, une chronique amère d’un monde en perdition et de trois personnages hantés par leur histoire.
C’est un roman puissant, habité par de très beaux personnages féminins. Car en plus de Sesili, on y croise aussi Ada et Nura, deux fantômes qui traversent ce récit avec toute leur force et leurs failles, toute leur combativité et qui sont au cœur de la vie du Général et de son besoin de vengeance ou de rédemption.
Et puis il y a évidemment tout l’aspect historique, social et politique de ce roman qui nous emmène en Europe de l’Est, comme un travail de mémoire pour ne pas oublier ce pan d’histoire contemporaine.
Un roman qui, s’il peut dérouter au début par sa construction alternant les époques et les points de vue des trois principaux personnages, saura très vite captiver le lecteur jusqu’au dénouement.
Le prologue se déroule durant la première guerre de Tchétchénie en 1994. Nous y faisons connaissance avec Nura, jeune Tchétchène de 17 ans, aspirant à la liberté et n'hésitant pas à se faire mal voir de la communauté pour suivre ses idéaux. Dans ces montagnes faussement paisibles, des militaires russes se sentent désoeuvrés après la bataille de Grozny dont le jeune Malich. Une nuit va virer au drame laissant au petit matin 2 victimes et 4 coupables. Mais ça, nous ne l'apprendrons que plus tard dans le récit.
Vingt ans après … Nous sommes maintenant en 2016 à Berlin.
Die Katze und der General pour le titre original, le Chat, le Général et la Corneille sont les principaux protagonistes de ce récit qui compte aussi une kyrielle de personnages secondaires dont l'histoire est au service de la narration.
Alors, qui sont-ils ?
Le Chat ? Une jeune comédienne d'origine géorgienne réfugiée en Allemagne qui a du mal à trouver sa place dans le monde capitaliste, fragilisée par une récente rupture.
Le Général ? Alexander Orlov, un puissant oligarque russe élevé dans le culte du père mort en héros en Afghanistan alors qu'il était âgé de 12 ans, engagé 20 ans plus tôt dans la première guerre de Tchétchénie, amoureux des livres et de Sonia et pour lequel tout a basculé cette fameuse nuit où il est devenu … le général.
La Corneille ? Onno,un journaliste d'investigation allemand spécialiste de l'Europe de l'Est obnubilé par l'écriture d'un livre qui dénoncerait les exactions supposées du Général.
Et au-dessus d'eux planent les ombres de Nura et d'Ada …
« Ton coeur s'enflamme pour un projet qui donne froid dans le dos. », reprise d'une tirade de Ismène, la soeur d'Antigone ouvre le premier chapitre consacré à Malich, puis celui consacré à Sesili, le Chat.
Bien sûr c'est le Général tout puissant qui tire les ficelles d'un plan machiavélique pour confondre ses trois complices d'alors, et, pour parvenir à ses fins va se servir de la Corneille à qui il permettrait l'écriture du livre sur sa vie et du Chat auquel il va faire une bien curieuse et intrigante proposition.
Je n'en dirai pas plus sur l'intrigue afin de ne pas gâcher le plaisir de la découvrir petit à petit lors de la lecture ainsi que je l'ai fait car il faut bien reconnaître que Nino Haratischwili dont c'est le troisième roman après « Mon doux jumeau » (2015) et « La huitième vie (pour Brika) » (2018), saga d'une famille géorgienne au siècle dernier, a un sacré talent de conteuse, maîtrise l'art de la narration à la perfection et fait preuve d'une extrême habilité à lier L Histoire et la fiction.
J'ai été emportée par le souffle romanesque qui parcourt ce livre que je n'ai pu lâcher avant de l'avoir terminé. L'évènement dramatique de ce récit se réfère à un évènement réel relaté dans un de ses livres par la militante russe des droits de l'homme Anna Politkovskaïa. le reste est pure fiction. Il y est question d'amour, des dégats causés par la guerre sur le psychisme des victimes comme des bourreaux, de culpabilité, de vengeance, de rédemption. (Il aurait pu s'intituler « Crime et Châtiment » ou « Expiation » mais ces titres étaient déjà pris.) L'autrice nous fait passer d'un personnage à un autre, d'une époque à une autre, d'un lieu à un autre en mêlant subtilement le contexte géopolitique de la première guerre de Tchétchénie et de la Perestroïka, social et économique à l'intrigue. Tout se met en place progressivement telles les pièces d'un puzzle ou, pour rester dans l'esprit du livre, les faces du fameux Rubik's cube qui faisait fureur dans les années 80.
Et que dire du dénouement si ce n'est que c'est la construction narrative du récit qui nous donne la clé de ce qui pourrait paraître au premier abord énigmatique. Chapeau !
On a beau tenter d’éplucher d’un œil attentif les publications à venir, on finit quelquefois par passer à côté d’un titre remarquable. Et j’ai failli passer à côté de l’une des pépites de la rentrée, de cette auteure d’expression allemande qui nous vient droit de Géorgie. On remercie les Éditions Belfond de présenter autre chose que les problèmes existentiels d’ego de certains auteurs en manque d’inspiration. C’est un souffle vital incroyable qui jaillit de la plume de l’auteure exilée, une voix unique que j’ai eu bonheur à lire, d’un pays dont le nom se fait la caisse de résonance des échos de ses deux guerres.
Ce roman est un vrai coup de cœur s’il est bien inattendu. Nino Haratischwili est arrivée en Allemagne il y a près de vingt ans, ou elle fonda une troupe de théâtre germano-géorgienne, elle occupa la tâche de metteur en scène. Elle est l’auteure de quatre romans, Le Chat, le colonel et la corneille est le tout dernier en date, il fait partie des trois titres publiés en français. Il est rare de croiser la Géorgie en littérature, ce petit pays ancien satellite soviétique, Nino Haratischwili donne une vue de son pays originel, à la fois cruelle et inédite, ce qui n’est pas forcément difficile vu la raréfaction du pays dans la littérature, torturée, mais aussi sauvage, traditionnel, et d’une beauté à couper le souffle. L’homme géorgien, un peu comme l’homme Tchétchènes, y apparaît comme un guerrier indomptable et farouche, les femmes des combattantes, elles aussi, du quotidien contre l’absence des maris, physiquement ou moralement, l’incapacité à vivre qui est devenu la leur depuis leur passage à la guerre, pour continuer à faire vivre le foyer, veiller sur les enfants, tenir à distance les guerres et ses conséquences.
Nino Haratischwili a surement projetée une petite part d’elle-même dans Chat, l’un des personnages féminins, qui n’est autre que cette jeune germano-géorgienne, qui a suivi sa famille dans son exil allemand. Les ressemblances s’arrêtent là car tandis que l’une est auteure et metteur en scène, son personnage est une actrice, qui malgré elle va se retrouver embringuer dans une partie de dés infernale, qui va lui donner un aller direct en retour vers ses guerres géorgiennes qu’elle a pourtant fui de toutes ses forces. C’est sa rencontre avec ce Colonel, l’un de ces nouveaux riches russes, qui va l’amener à la fois dans une fuite en avant et un retour en arrière, ravivant comme du sel sur une blessure, les horreurs, les crimes de guerres, dont les forces soviétiques se sont rendus coupables. C’est la tragique histoire d’une injustice innommable, commis dans un coin de montagne géorgienne, par une bande de soldats russes, que rien n’aurait réuni si ce n’est les appétits impérialistes des grandes huiles. Nino Haratischwili brode précautionneusement, attentivement, et avec un don incroyable, l’écheveau ou cette injustice s’inscrit en motif principal au plein milieu d’un imbroglio d’Histoires nationales qui se télescopent en des conflits, ou la victoire est amère.
L’histoire qu’elle met en avant, avec beaucoup de maîtrise par le biais des différentes voix des protagonistes qui s’entrelacent, tout comme les temporalités qui s’emmêlent, se succèdent, suit une progression nette et a le mérite de garder une clarté tout au long du développement ou les intentions du Colonel se laissent appréhender. Le titre est plutôt clair, il y a trois personnes principales qui participent activement à éterniser le souvenir tragique du crime. Si la traduction française a choisi d’inclure les trois personnages dans l’intitulé, la version allemande et originale a choisi de ne se concentrer que sur le chat et la corneille, les deux instruments de la vengeance. Pourtant, ce colonel est l’autre figure essentielle du roman : loin d’être ce riche homme d’affaire qui ne vit et jouit qu’à travers le pouvoir, les femmes et la poudre accompagnés d’une coupette de Roeder Cristal millésimé, il est une figure complexe, tuée dans l’œuf par la guerre, le crime, et par-dessus-tout, la nature des soldats révélée par la guerre. Ce n’est pas un protagoniste qui s’apprécie à la lumière de ses actions, c’en est un dont la vie et les choix ne peuvent laisser coi, par la multitude et la puissance des influences qui ont façonné sa vie, ses choix, ses actes. Et plus globalement, on se laisse emporter sur cette réflexion qu’amorce Nino Haratischwili à travers sa trame narrative, à savoir la façon d’aborder ces crimes de soldats transformés en meutes, ces crimes de guerre sans nom.
On le sent, il y a dans cette horreur qui a vu le meurtre d’une jeune fille, une convergence de ratés de la société, de son aveuglement face aux déviances, aux simples défauts des hommes, qui sont accentués, amplifiées, poussés à leur paroxysme par cet état d’ensauvagement ou l’armée russe les hommes : des machines dressées pour tuer. Si celle-ci leur a enlevé toute dignité, toute capacité à se considérer encore comme des êtres sociaux, il ne faut pas s’étonner du résultat. La guerre n’est que le résultat d’une maltraitance congénitale, étatique, qui dresse domestique et dompte l’homme à un point de non-retour, les épaves que sont devenus les compères de crime du Colonel en font preuve. Ces hommes perdent toute capacité à réfléchir, la violence est le seul réflexe qui leur reste dans ce combat ou il faut absolument trouver un coupable, un ennemi naturel. La guerre devient même une drogue dont même l’addiction aliénée à la vodka ne compense pas le manque. Une fois que l’homme a gouté le sang, il n’y a plus de retour possible.
Et il y a Chat et sa famille d’exilées en Allemagne, une autre porte ouverte sur cette Géorgie farouche et libre, qui a subi deux guerres. La résilience dont elles font preuve est peut-être l’une des seules victoires de ces conflits interminables, puisque désormais certains Géorgiens s’enrôlent dans l’état islamique. Elles sont porteuses d’une force et d’une volonté, de cette indépendance, qui leur permet d’aller de l’avant, la même, peut-être, qui permettra au pays d’avancer s’il échappe à la nouvelle tyrannie qui s’annonce, on apprend d’ailleurs que l’alcool y est formellement interdit dans le pays. Ces femmes exilées portent en tout cas une force positive et créatrice, qui ne peut s’épanouir que loin du pays. C’est la question essentielle pour Chat d’ailleurs, abandonner son piétinement existentialiste, et confortable, pour se créer une nouvelle vie.
J’ai été conquise par ce titre, j’aimerais d’ailleurs souligner la sortie chez Livre de Poche de son titre La huitième vie le dix-neuf août dernier, qui me semble tout aussi attrayant. Merci encore aux Éditions Belfond d’avoir mis en lumière, à l’occasion de cette rentrée, Nino Haratischwili et son fantastique roman !
C’est entre deux périodes, 1996 et 2016, et dans deux décors, la Russie et la Tchétchénie , que se déroule l’intrigue de ce roman fleuve.
L’autrice nous convie d’abord à la présentation des personnages, nombreux, et les portraits sont volontiers détaillés, exhaustifs et même parfois répétitifs. C’est le premier écueil. Il faut donc parcourir un bon tiers du récit pour commencer à comprendre ce qui va en être la trame principale.
Une fois dans le sujet lancé et exploré, on est bien sûr happé par cette quête d’un des personnages, décidé à exorciser son passé et à expier ses fautes passées, que l’on découvrira peu à peu.
L’intérêt principal du roman est de mettre en lumière une partie de l’histoire de cette petite république enclavée aux confins de la Russie et qui ne fait parler d’elle en Europe de l’Ouest que lorsque que des faits militaires le mettent à feu et à sang.
Par contre, la lecture est laborieuse, car, comme évoqué plus haut l’histoire met beaucoup de temps pour démarrer, les portraits sont exposés avec de nombreux détails souvent répétitifs qui alourdissent l’ensemble.
Quelques erreurs aussi sont à noter : difficile de sectionner une aorte en portant un coup à la gorge !
Malgré l’intérêt de l’intrigue, passionnante, et le suspens généré par ce qui est révélé à petites touches, on a l’impression globale d’un roman bavard. Quelques coupes et un allègement du texte auraient vraiment pu faire de ce roman un coup de coeur.
Merci à Netgalley et aux éditions Belfond
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Merci Géraldine pour cette belle chronique, je note précieusement le nom de l'autrice dont j'entends parler pour la première fois mais que j'ai désormais très, très envie de découvrir !