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De l'homme préhistorique nous disposons d'abord de traces : ossements, empreintes, outils. Puis, on s'aperçoit que peu à peu il se met à faire signe, à vouloir dire quelque chose qui n'est plus de l'ordre de l'utilité et de l'immédiat : sépultures, dessins, sculptures... Par la création de signes, les hommes de ces temps très anciens ouvraient les horizons de leur esprit par-delà les limites que leur origine animale leur avait imposées. Ils inventaient le signe tout comme, bien antérieurement, ils avaient inventé l'outil. Celui-ci était fait pour agir sur le monde, transformer la vie de l'homme ; celui-là, pour affirmer, faire savoir, créer. L'hominisation s'achève, l'humanisation débute. Adossé aux plus récents travaux spécialisés, cet ouvrage mène une méditation attentive sur ce double processus et sur les infléchissements qui ont fait passer l'homme de l'un à l'autre. « Par quelle sorte d'arrachement, le signe, un jour, s'est-il libéré de l'utilité qui le tenait lié à elle ? Et pourquoi s'est-il libéré ? Sans doute pour rejoindre une autre sorte de nécessité. Une nécessité paradoxale, l'utilité profonde de l'inutile, de ce qui n'a point d'autre objet que de manifester la présence de la liberté humaine. »
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