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L'économie de plantation en Côte d'Ivoire forestière repose, dans son modèle dominant, sur une caféiculture et une cacaoculture extensives.
La présente étude, produit d'une recherche de terrain conduite de 1983 à 1985, vise à cerner le devenir de ce modèle dans une ancienne zone pionnière de Basse-Côte, à partir de l'analyse approfondie d'une économie villageoise mise en perspective par des enquêtes réalisées dans d'autres villages de la région. La mutation de l'économie agricole est appréhendée à travers l'évolution des systèmes de culture, de production et d'exploitation.
La dynamique des systèmes de culture est marquée par la disparition du caféier et du cacaoyer, par la régression de certaines productions vivrières, et par le développement de cultures comme le palmier à huile, l'ananas ou le manioc. La dynamique des systèmes de production est caractérisée par une monétarisation des coûts de production et une intensification de la production, à des degrés variables selon les cultures.
La dynamique des systèmes d'exploitation conjugue la valorisation monétaire du facteur foncier et l'apparition d'un groupe de producteurs ayant un accès précaire à la terre, devenue une ressource rare. Les formes de rémunération de la main-d'oeuvre sont modifiées ; des relations contractuelles se développent, liant les unités de production à des complexes agro-industriels. La mutation de l'économie agricole est expliquée, dans ses traits généraux, par la conjonction de plusieurs facteurs : épuisement des réserves forestières, blocage du renouvellement de l'économie caféière et cacaoyère dans le contexte agro-pédologique régional, et apparition d'opportunités de diversification des cultures liée à l'intervention de sociétés de développement.
L'étude s'attache à faire apparaître la diversité des contraintes qui pèsent à l'échelle des unités de production, et des réponses qui leur sont apportées. L'analyse des décisions paysannes souligne la nécessité de concevoir la logique économique des choix culturaux dans une perspective large. Une telle perspective doit intégrer tant la valorisation des productions et des facteurs de production, les conditions d'accès à la terre, le rapport entre les différents acteurs économiques, que la prise en compte du risque, des caractéristiques techniques des cultures et du facteur "temps".
Cette recherche, qui témoigne de la plasticité de l'économie de la production agricole en Côte d'Ivoire, contribue ainsi à une meilleure compréhension d'une forme d'économie de plantation relativement méconnue, caractérisée par l'intégration directe des producteurs à des filières agro-industrielles.
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