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Les psychanalystes, à la suite de Lacan, ont, depuis quelques décennies, largement utilisé le terme de jouissance. Pourtant celui-ci ne va pas sans quelques paradoxes. En effet, la jouissance ne désigne-t-elle pas tout autant la recherche effrénée de l'objet manquant que l'étrange satisfaction que le sujet trouve dans un repli dépressif ? Roland Chemama questionne ici l'empire de la jouissance : l'autorité qu'elle a sur le sujet humain, mais aussi l'immense domaine qu'elle régit. La jouissance infiltre en effet toute l'existence, prenant du discours ses mots d'ordre, et prolongeant ses effets jusqu'au plus intime du corps. Elle concerne aussi le social, au sens où ce que l'on vend et que l'on achète, c'est de plus en plus de la jouissance, quelque chose qui relance l'excitation, et, comme une drogue, pousse le sujet à renouveler sa consommation. La jouissance, en elle-même, comporte des contradictions fondamentales, dont les effets se font sentir dans l'ensemble de la clinique. Poursuivant le projet initié dans Clivage et modernité (érès, 2004) et dans Dépression, la grande névrose contemporaine (érès, 2006), l'auteur développe une approche clinique attentive aux formes nouvelles de la pathologie, celles qui répondent aux symptômes sociaux dans lesquels nous sommes pris. Le parcours théorique qu'il propose témoigne du fait que les « concepts » psychanalytiques eux-mêmes portent la marque de l'évolution historique qu'ils tentent d'éclairer.
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