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Dans les Coutumes de Chartreuse, compilées par Guigues Ier entre 1121 et 1128, on peut lire, au chapitre de la profession du novice, une formule de serment qui porte la mention de la construction des ermitages en l'honneur de « Dieu et de la Bienheureuse Marie toujours vierge et de saint Jean-Baptiste ». Ces deux références sont explicites sur la double invocation protectrice par les chartreux à la Mère de Dieu et au Précurseur. Tôt dans l'histoire de l'ordre, Marie est donc présentée comme le modèle de la vie contemplative auquel doivent se conformer les solitaires. De là vient l'usage, à partir du XIIe siècle, de donner le nom de Marie aux fondations et de doubler l'office canonial de celui de la vierge, l'office de Beata, récité en cellule.
Au XVIe siècle, c'est au tour de Jean-Juste Lansperge de marquer du sceau de Marie l'architecture cartusienne en donnant le nom d'Ave Maria à la première pièce de l'ermitage à cause de l'usage d'y réciter cette prière avant de pénétrer dans le cubiculum. Ainsi, Marie, à travers les multiples visages que l'histoire de l'Église lui affecte, devient-elle en chartreuse le paradigme d'une réflexion et d'une dévotion intense, héritière, certes, d'une tradition née avec la prédication de saint Bernard, mais sans cesse relue et renouvelée par les écrits cartusiens et la pratique de la prière et de la liturgie.
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