"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Claude-Henri de Saint-Simon, penseur fécond et original, avait prophétisé l'avènement d'une nouvelle société, différente de celles qu'on avait connues dans le passé. Ainsi devait se substituer aux derniers soubresauts de l'ordre ancien - que la Révolution française de 1789 avait achevé de détruire - le règne des savants, des artistes et des industriels, dont l'énergie et la créativité, convenablement encadrées, instaureraient une période de paix et de prospérité sans précédent.
Grâce à la coopération de toutes les classes sociales, "la classe la plus pauvre et la plus nombreuse" sortirait de sa condition. Ses disciples, dont Prosper Enfantin, créeront la religion saint-simonienne, dont le versant rationnel et technique sera mis en place sous le Second Empire, à travers des réalisations considérables. Robert B. Carlisle nous raconte la genèse de cette aventure fascinante, méconnue, qui influencera la politique industrielle de notre. "Les saint-simoniens, affirme-t-il, ont creusé la fondation intellectuelle de la France moderne (...) [Ils] n'étaient pas totalement des hommes ou des femmes raisonnables. S'ils avaient été, personne ne leur aurait prêté la moindre attention."
http://encreenpapier.canalblog.com/archives/2018/11/20/36880571.html
« L’industrie est éminemment pacifiste. Instinctivement elle repousse la guerre. Ce qui se crée ne peut pas se concilier avec ce qui tue. »
« À chacun selon ses capacités, à chaque capacité selon ses œuvres. » Saint Simon.
Pour celui qui n’a jamais entendu parler du Saint-Simonisme avant, voici une définition rapide tirée de la toile pour expliquer le courant : « Doctrine économique et sociale, élaborée par le comte de Saint-Simon (1760-1825) et ses disciples, qui préconise l'association, l'amélioration du sort des plus nombreux, l'effacement du politique au profit de l'économie et qui est à l'origine de plusieurs tendances de la pensée moderne (industrialisme, socialisme, positivisme, technocratie, internationalisme). » J’ajouterai en plus, que c’est un courant qui a été aussi mis en pratique par des hommes politiques en France comme Napoléon III, Louis Philippe, et des hommes plus simples via des projets comme le canal de Suez. Comme vous le voyez, ce n’est donc pas un courant tout à fait sans importance.
Présentation des personnages :
Mais pour commencer, je tiens à préciser que ce livre ne parle pas que des actions politiques, sociales, journalistiques, etc. des saint-simoniens. En effet, il va déjà nous décrire les divers personnages qui ont contribué à la naissance de cette philosophie, Saint Simon bien sûr - personnage un peu fantasque je trouve -, et ensuite ses disciples qui donneront vraiment naissance au saint-simonisme. Tout cela bien sûr pour mieux aborder le rôle de chacun, que ça soit sur un point de vue pratique (secrétariat, comptable…) ou encore pour mieux comprendre les influences que chacun ont pu avoir sur le mouvement comme l’Enfantin avec le féminisme. Bien sûr, vu qu’aucun être humain n’est identique, il va aussi être question des tensions qui a existé entre les membres, conduisant parfois à des ruptures ou des malentendus comme au moment de la question religieuse et de la femme.
Mais, pour être franche, les parties qui parlaient des tensions, des comportements, étaient les parties qui m’intéressaient le moins, je les trouvais un peu soporifiques et pas toujours intéressantes.
Doctrine :
Toutefois, celles qui parlaient de la doctrine, des actions, du procès, etc. là ça me plaisait davantage, car il était vraiment question de ce qui m’intéressait à découvrir à propos de ce courant. (Oui, j’avoue que je ne connaissais pas ce courant que je l’ai découvert avec ce livre.)
C’est-à-dire sa pensée ; la fin de la concurrence pour la coopération, l’esprit industriel, le capitalisme pour le bien de tous, l’intégration de tous pour exclure les conflits sociaux et les révolutions, le féminisme et l’androgynie de Dieu, la religion (où là je me suis perdue), le mariage, la propriété, la nouvelle hiérarchie sociale, etc. Ainsi que les polémiques auxquelles le courant a pu être mêlé, comme la révolte ouvrière de Lyon, les procès à cause des idées - car elles troublaient l’ordre publique -, ou encore les accusations dictatoriales et nationalistes. Pour en revenir vite au procès, j’ai d’ailleurs adoré découvrir comment en plein procès ils jugeaient les juges et la société. La société, le système, étant mauvais et les juges incompétents, ils étaient en clair mal placés pour faire des réflexions sur l’idéologie de Saint Simon. Tant d’audace pour l’époque, c’est magnifique.
Bref ! Ce que j’ai découvert était pas mal et même surprenant, puisqu’en lisant la dernière phrase du résumé, j’étais partie sur l’idée que c’était tout simplement des fous sans importance.
Certes, j'ai toujours cette notion de fous, d’utopistes, mais un côté sérieux vient maintenant recouvrir cela, car en lisant ce livre on s’aperçoit que c’était assez organisé et aussi assez écouté finalement. De plus, quand il y a tant d’influence dans les projets, les philosophies politiques, les hommes politiques, il est en effet difficile de ne pas prendre ce courant avec un minimum de sérieux. (Même si je me demande quand même pour certains politiciens, s’ils avaient consciences d’être des saint-simoniens.)
Quoi qu’il en soit pour la doctrine, je suis ravie d’avoir lu ce livre pour la découverte, et voir les influences et visions lointaines sur l’avenir. Car il est vrai que beaucoup de chose de cette doctrine marque encore l’actualité en plus de l’histoire.
Mon avis :
Toutefois si le livre m’a ouvert la porte sur une connaissance importante des 19ème et 20ème siècles, je ne suis pas si emballée par ce dernier. En effet, comme je l’indiquais plus haut, j’ai trouvé certains passages de présentation ou de description trop longs et assez inintéressants, puisqu'il n’y a vraiment que le mouvement dans sa pensée et son action qui me plaît à découvrir. Par ailleurs l’historien et écrivain du livre Robert B. Carliste me semble parfois trop impliqué pour être pris entièrement au sérieux, même si ce qu’il dit peut être vrai, mais pour ça il faudrait que je lise d’autres livres sur le sujet (et c’est prévu).
En résumé, c’était une lecture fort instructive, mais quelques longueurs et points m’ont agacés. Voilà pourquoi je ne conseille ce livre réellement qu’aux initiés ou aux gens assez patients.
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