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Le poète anglais, John Keats, est parti en Italie pour y mourir. Cet exil en terres étrangères, qu'il ne souhaitait pas, se définit alors bien autrement que chez ses contemporains, Lord Byron ou Percy Shelley, tous deux chantres d'une liberté retrouvée dans le voyage. Avec comme compagnon de route, le peintre Joseph Severn, qui repose désormais à ses côtés au Cimetière Protestant de Rome, il a lutté contre la maladie dans sa maison Place d'Espagne pour finalement s'éteindre, vidé de ses sangs, le 23 février 1821 à l'âge de 25 ans. Selon son cercle d'amis et sa famille, l'air du sud et la chaleur du climat auraient normalement dû l'aider à guérir de la tuberculose, infection atavique qui avait déjà tué sa mère et son frère, Tom.
Pourtant, aucun de ces remèdes ne l'apaise. Keats revit, chaque jour, la douleur de ses maux et peine à trouver le salut de son âme en Italie, pays de la crainte et du malaise amoureux. Descendu un peu brutalement des sphères de l'onirisme tranquille, séparé de sa bien-aimée, la jeune Fanny Brawne, et privé de ses repères familiers, il souffre d'un manque qu'il n'arrivera pas à combler. L'anatomie du gisant, hanté par tous les germes de la phtisie, prend des allures de piéta profane, diagnostiquée par le poète lui-même, patient et médecin à la fois : son romantisme ironise, agonise mais ne meurt jamais en ce dernier souffle de vie que Keats, non sans humour (noir), qualifiera d'« existence posthume ».
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