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Le 3 avril 1996, mourait Jo Privat. "Quel mec !" disent de lui ceux qui l'ont connu. À Paris, en province, là où le musette reste à l'honneur, l'âme de Jo vivifie encore les pistes de danse. Dès que l'accordéon attaque Balajo, Sa préférée ou Mystérieuse, les gambilleurs s'y bousculent. Jo Privat a dû composer sept cents valses-musette. À la fin des années 1940, son "musette swingant" avait rénové le genre.
Indissociable du musicien et du compositeur inspiré, il y avait le "mec". Ses mille et une nuits que, clope aux lèvres, Jojo racontait de sa "voix pleine de rustines". Pur jus de chique Ménilmuche, l'accent de Jo grasseyait un argot infiniment drôle. Privat aimait les truands, le milieu, "les canailles". Il était de ce Paris aux limites populaire-voyou indécises. Emile Vacher, pionnier du musette, avait été son maître. En sa compagnie, à 15 ans en 1934, Jo jouait déjà à L'Ange bleu, près de la place Clichy. Le monde interlope "s'y dégrippait les mollets".
Pour Jo, l'avant-guerre avait été le zénith de ce Paris de la rue. Après Le Petit Jardin du 26, avenue de Clichy, en 1937 à 18 ans, il était entré au Balajo, 9, rue de Lappe à la Bastille. À la Libération tout était reparti, et la Bastaga s'est mise à rimer avec Jo Privat.
Sa légende embrayait. Un exemple superbe de culture populaire parisienne, la mémoire unique de Paris. Ou, plutôt, de Paname.
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