"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
New York, 1746.
Richard Smith débarque d'un bateau. Seulement armé d'une note réclamant le paiement de mille livres à son porteur, le jeune inconnu frappe à la porte de la maison de change de Monsieur Lovell. Celui-ci ne se doute pas alors qu'il vient de mettre en branle une série d'événements qui vont bouleverser la tranquillité de la pointe de Manhattan. Dès le lendemain, la rumeur est sur toutes les lèvres. Doit-on faire confiance à cet homme si secret ? Que vient-il faire de ces mille livres de ce côté de l'Atlantique ? Les questions agitent toute la ville, dont l'intelligente et acerbe Tabitha, la fille aînée des Lovell, et Septimus Oakeshott, l'intègre secrétaire et agent du renseignement du gouverneur. Mais dans ce jeu de dupes, Richard Smith n'est pas le seul à garder jalousement des secrets dont la révélation ferait vaciller le fragile équilibre d'un New York encore provincial...
Roman aux multiples rebondissements, hommage spirituel aux grands romanciers du 18e siècle, Golden Hill emporte le lecteur dans un New York plein d'esprit et de retournements de situation, où pointent déjà les prémisses de la révolution.
Un roman d'aventure assez sympa, on se laisse facilement embarquer dans l'histoire.
Je me suis juste un peu perdue dans le troisième tiers, mais j'ai raccroché les wagons vers la fin.
C'est donc dans l'ensemble une chouette découverte !
1746 Richard Smith, jeune londonien, débarque à New-York muni d'une lettre de change valant 1000 £ ( une fortune ) qu'un notable négociant doit honorer dans les soixante jours. L'auteur choisit dès le départ de jouer sur le mystère des motivations de son personnage principal : que veut-il faire de ces 1000 £, est-il un tricheur, un manipulateur, un menteur ? Son objectif secret ne sera révélé que dans les toutes ultimes pages, sans que jamais les indices semées n'est pu me permettre de le deviner. Peut-être un peu tard du coup, mais la révélation est tellement intéressante et forte qu'on accepte sans problème de s'être laissé embarquer à l'aveugle dans ce récit ingénieusement mené.
En fait, tout le roman est un hommage au récit picaresque du XVIIIème siècle, la langue d'ailleurs y est très soignée et tout à fait dans l'esprit de ce siècle. J'ai beaucoup pensé à Voltaire ou à Montesquieu ( je n'ai aucune référence en matière de littérature anglo-saxonne de cette période ) dans cette volonté de déraciner un personnage, de lui faire vivre mille aventures pour pousser in fine le lecteur à réfléchir sur la société du moment.
« Smith, pour la première fois, sentit lui échapper la confortable notion d'échelle qu'il avait apportée de chez lui, et la crainte révérencieuse et l'effroi du Nouveau Monde l'envahir. Comme s'il avait jusqu'alors habité une minuscule maison de poupée et, trompé par son vernis soigné, l'avait prise pour le monde ; jusqu'à ce que dans un fracas assourdissant, sa façade et ses côtés ne volassent en éclats, lui révélant combien solitaire, au fond des forêts de la nuit, elle se dressait ; quelques pouces de haut, parmi des arbres chatoyants, énormes, silencieux. »
Même s'il ne le perçoit pas de suite, trop imbu ou trop obnubilé par son objectif secret, Smith est forcément suspect dans cette micro-société new-yorkaise ( 7000 habitants en 1746 contre 700.000 pour Londres ) dont il ne connaît pas les codes et sur lesquels il va trébucher. C'est à travers ses yeux de candide qui s'ignore qu'on découvre une élite sociale haute en couleur. L'auteur a un vrai talent pour nous immerger dans l'ambiance de l'époque au travers de scènes de rue, de salons, de diners très vivantes et hautement picturales, pleines de passions, de troubles, de dialogues enlevés. Les personnages sont sans cesse en mouvement, même quand ils dorment, on a l'impression qu'ils sont en action. le rythme du récit est échevelé, effréné, débordant, souvent assez délirant dans l'enchainement des péripéties que subit le héros, brassant des thèmes forts comme l'esclavage ou les tensions entre Londres et sa colonie dont on sent poindre les velléités d'indépendance.
C'est d'une densité folle, renforcée par une écriture très touffue en police serrée. Parfois, je m'y suis un peu perdue, n'arrivant pas à comprendre les motivations profondes de Smith, ni celle de l'auteur. Et puis, c'est là que la fin m'a cueillie, ouvrant des perspectives que j'avais juste entraperçues, avec une morale et une réflexion passionnantes au bout.
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