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Gisèle, c'est une vie à l'abattoir, un pavillon modeste dans une bourgade des Côtes d'Armor, et une solitude épaisse comme la poix, maintenant qu'elle est veuve, sans nouvelles de son fils Jean-Marc, éloignée de son petit-fils. Son quotidien se remplit de courses au supermarché et des mots croisés de la gazette locale. Mais un jour, deux brutes sonnent à sa porte. Elles en ont après Jean-Marc et tentent de le loger. Et Gisèle devient sans le vouloir l'héroïne d'un roman noir où les flingues quittent les greniers pour les boîtes à gants.
Chez In8, on fait des romans, mais on fait aussi dans la nouvelle noire, la collection Polaroïd. Et dire que cette collection est excellente est un euphémisme. C'est dans celle-ci que j'ai déjà lu Denis Flageul, avec Pêche interdite. Changement de décor, même si la Bretagne reste présente.
Elle est attachante Gisèle. Une vie de labeur pour en arriver à une retraite morne. Pas de rêve. Pas les moyens. Plus de fils ou si peu. Des amis ? Même pas. Gisèle, elle clape pas dehors et elle aurait pas dû ouvrir, non pas à la rouquine carmélite, mais aux deux types qui vont l'entraîner dans une histoire noire avec flingue et poursuites. L'écriture de Denis Flageul est sèche, va au plus direct. Pas de temps mort, la vie de Gisèle augmente de rythme. Un court polar drôlement bien mené. Très réaliste, car il parle de gens qu'on croise, qu'on connaît, dans des situations -hors l'intrigue noire- quotidiennes, habituelles. J'aime ça lorsque le polar, le noir s'immisce dans la normalité, surtout lorsque c'est aussi bien fait que cela.
Et puis, il y a toute la partie où Gisèle prend conscience que sa vie est sinon ratée au moins pas vraiment idyllique et que c'est le lot de pas mal de petites gens. Sa belle-fille et son petit-fils aussi : "Elle se refusait à se figurer Karine et Julien dans quelques années. Mais en même temps elle ne pouvait pas s'empêcher d'y penser. Comme si elle savait qu'on s'engage toujours dans les mêmes ornières, qu'on est tous entraînés par le même torrent. Karine et Julien et avant Gisèle et Jean-Marc." (p.37)
Tout cela dans un petit livre avec en plus une bonne tête de chien sur la couverture, c'est tentant, n'est-il pas ?
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