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Dans En Crabe, les thèmes essentiels au coeur de l'oeuvre de Günter Grass, écrivain engagé, attentif àcombattre les résurgences du nazisme sont la continuité, l'enchaînement confus du Bien et du Mal, l'impossibilité d'une victoire définitive sur le fascisme, l'échec de la "génération du repentir", née juste après la guerre, à transmettre ses convictions libérales de gauche et sa notion de « domination du passé » à ses enfants chez lesquels renaissent les vieux démons de l'Allemagne : racisme, antisémitisme, rêves de puissance militaire.
Le problème de transmission de la mémoire, Günter Grass l'aborde en conteur brillant et en virtuose dans l'art de construire les récits. Il part des biographies de l''entre-deux-guerres de trois hommes qui n'ont rien à voir entre eux, semble-t-il. Puis il y ajoute un narrateur contemporain qui trouve les renseignements biographiques sur Internet.
Wilhelm Gustloff, né à Schwerin en 1895, installé en Suisse, où il organise au début des années 1930 une section helvétique du parti nazi.
Alexander Marinesko, né à Odessa en 1913. Fera carrière dans la marine de guerre, malgré son ivrognerie.
David Frankfurter, né dans les Balkans en 1909. Juif. Etudiant en médecine en Suisse, il assassine Gustloff et se livre aux autorités suisses qui le condamnent à 18 ans de travaux forcés.
La propagande nazie fait de Gustloff un martyr et baptise de son nom un grand paquebot. C'est ici que Günter Grass réunit les fils de l'écheveau. Point commun entre ces trois personnages : le Wilhelm-Gustloff, véritable
héros du roman, commence sa carrière comme bateau de croisière pour les travailleurs, puis la guerre venue devient navire-hôpital, ensuite cantonnement à des marins en formation. Quand la défaite se profile, les populations allemandes fuient devant l'Armée rouge qui envahit la partie orientale du Reich. Le Wilhelm-Gustloff sert alors à transporter des milliers de civils de Königsberg, Dantzig, Poméranie, Prusse orientale vers Lübeck, Hambourg, Kiel. Sur le navire surpeuplé, nous retrouvons la famille Pokriefke le père, la mère, et leur fille enceinte, Tulla, l'héroïne des Années de Chien et du Chat et la souris.
Le commandant Marinesko, avec son sous-marin, torpille le Wilhelm-Gustloff. S'ensuit un naufrage terrible où périssent plus de 4000 réfugiés. Le naufrage du Titanic était peu de chose à côté. Parmi les rares survivants, Tulla Pokriefke accouche cette nuit-là du narrateur. Elle devient une citoyenne de RDA tandis que son fils Paul, venu à Berlin, reste à l'ouest après la construction du mur en 1961. Journaliste, il a un fils, Konrad, qui après la chute du mur rejoindra à Schwerin sa grand-mère au discours fort peu conventionnel et se consacre surtout à son ordinateur. Le récit s'enchaîne alors comme une fatalité. Il s'achève sur ces mots: « Ça ne s'arrête pas. Jamais ça ne s'arrête. »
Paul, le narrateur, est un journaliste allemand né le 30 janvier 1945, le jour du naufrage du Wilhelm Gustloff, à bord duquel Tulla, sa mère, l'héroïne des Années de Chien et du Chat et la souris, avait embarqué. Il est marqué par ce naufrage dont il a réchappé et par le fait qu'Adolf Hitler a accédé à la Chancellerie du Reich un 30 janvier également, ce qui lui fait penser que cette date est maudite.
C'est le Wilhelm-Gustloff qui est néanmoins le véritable héros du roman: il avait commencé sa carrière comme bateau de croisière pour les travailleurs, puis est devenu navire-hôpital pendant la guerre. Quand la défaite se profilait, les populations allemandes ont fui devant l'Armée rouge qui envahissait la partie orientale du Reich. Le Wilhelm-Gustloff doit alors servir à transporter des milliers de civils. C'est là, sur ce navire surpeuplé, que nous retrouvons la famille Pokriefke le père, la mère, et leur fille enceinte, Tulla. S'ensuit un naufrage terrible où périssent plus de 4000 réfugiés. Mais où la mère du narrateur va en réchapper et va donner naissance à Paul...
Si le récit est très documenté, la narration est un peu trop dense et difficile à suivre par moment. L'auteur a voulu, à mon avis, faire passer trop de messages et l'on se perd un peu dans la narration...
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