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La religiosité littéraire de Jules Barbey d'Aurevilly est atypique et fait naître un paradoxe esthétique : comment un auteur catholique se voulant moraliste peut-il développer une écriture de tous les excès sataniques ? C'est ce paradoxe apparent qu'il s'agit de dépasser. Le propos de ce livre considère comme centrale cette religiosité et fait sien le constat des principaux critiques aurevilliens : la religiosité de Barbey n'est pas comprise et n'est pas considérée à sa juste place là où elle constitue pourtant l'enjeu fondamental de l'oeuvre. Gabriel Seigner s'emploie donc à adopter une lecture théologique de Les Diaboliques et Une histoire sans nom pour scruter l'influence d'un concept théologal qui détermine leur écriture : la réversibilité, telle que théorisée par Joseph de Maistre, maître à penser de Barbey, et ainsi dépasser le faux-paradoxe aurevillien. Véritable « mécanique spirituelle » selon Baudelaire, la réversibilité est aussi une mécanique textuelle. Elle confère à l'écriture aurevillienne une dimension mystique et fait d'elle un principe négativiste - le terme « négativisme » recouvrant en effet un double sens : principe d'écriture permutable et visée apophatique de cette écriture. La notion de réversibilité semble être ainsi la clef de compréhension de l'oeuvre aurevillienne.
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