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LA DOCTRINE BLONDELIENNE DE LA CONNAISSANCE d'après « La Pensée ».
Après un silence de plusieurs années, coupé seulement d'interventions occasionnelles et relativement brèves dans les débats philosophiques, M. Blondel nous offre aujourd'hui un ouvrage en deux volumes - plus de 1.000 pages -, médité et mûri à loisir, qui nous révèle ses positions définitives sur le problème de la pensée. Un autre nous est promis qui aura pour objet -l'être, et enfin, sur ces larges assises, seront reprises les questions jadis traitées par l'auteur dans L'Action.
Pour le moment, nous avons donc affaire au seul problème de la pensée. Bien que « l'être et l'action » soient « le support ; le ressort de la pensée elle-même », et que « la solution complète du problème [de la pensée] implique l'étude nécessairement complémentaire » (l, XL) de ces deux réalités, on commence par la pensée, on part du fait de la pensée et on en cherche les conditions. On ne considère pas les résultats de la pensée, mais son exercice, non ce qui est pensé, mais le penser lui-même dans sa vie concrète (l, XII, XV). « Nous cherchons ce qui est impliqué en chaque pensée et en toute pensée. un « invariant » très réel dans la variabilité illimitée », « un quid proprium, un quid commune, la présence effective ou même efficiente d'un dynamisme reliant tous les états en apparence épars ou même exclusifs les uns des autres » (I, xxx). Mais ceci ne peut se faire sans employer les procédés réflexifs. Il y aura donc, appliquées à la pensée vivante, « analyse », « étude philosophique », tendant à en constituer « la science organique » (l, XXXI, XXXIII, XXXVII).
Dans le nouvel ouvrage dont l'objet est ainsi circonscrit, on rencontrera néanmoins plus d'une anticipation des problèmes ultérieurs et les principes qui serviront à les résoudre. Il n'en saurait être autrement de par la nature des choses et le caractère très synthétique de l'esprit de l'auteur. La philosophie générale de M. Blondel, celle que nous connaissions depuis L'Action, se retrouve, avec toute sa substance et ses articulations maîtresses, dans les deux volumes sut La Pensée. Nous en avons là un abondant commentaire explicatif et, par endroits, rectificatif : si l'on mettait en regard les textes de l'ouvrage récent et ceux des ouvrages anciens - tels qu'ils sont reproduits, par exemple, dans notre livre Immanence, - leur parallélisme, leur continuité foncière, parfois même leur similitude verbale éclaterait aux yeux. Du reste, l'auteur lui-même se réfère plusieurs fois de façon explicite à ses publications antérieures et les cite ici et là. Ce qu'il écrit aujourd'hui est destiné à les éclairer, à les compléter, à infléchir dans un sens plus sûr ou même à arrêter à temps certains de leurs développements, du moins à en émousser la pointe provocante.
Mais La Pensée n'est pas seulement ce commentaire et contient autre chose que des corrections. Sur le tronc des doctrines primitives germent et pullulent quantité de réflexions nouvelles, d'explications inédites, de digressions variées ; à chaque pas de la marche des points de vue s'ouvrent sur des régions encore inexplorées. Nous sommes renseignés sur la façon dont le philosophe comprend la sensation, la liberté, etc. ; sur les sources de sa doctrine (leibniziennes en grande partie). Tout cela forme un ensemble extrêmement riche, mais, à la vérité, un peu touffu. Parmi les enchevêtrements de pensées et les surcharges d'un style précautionneux à l'excès, qui semble craindre de ne pas tout dire à la fois, il est souvent malaisé de trouver son chemin.
A travers cette profusion de richesses anciennes. et nouvelles, nous irons droit au centre et à l'axe du livre, à ce problème de la pensée que l'auteur a voulu traiter à fond. Il n'a pu le faire sans mettre en oeuvre une certaine doctrine de la: connaissance. C'est à celle-ci que nous nous attacherons. Bien que l'auteur professe ne pas vouloir aborder « d'emblée [les] théories de la pensée et [le] problème de la connaissance » (1 , XV), bien qu'il distingue « l'étude foncière de la pensée » de ce problème spécial (l, XII), l'une enveloppe l'autre : on ne peut élucider la pensée, sans rencontrer, dans son intérieur même, la connaissance. M. Blondel prétend appliquer, non des « procédés abstraits », mais, une méthode qui suive pas à pas « la vie réelle », telle qu'elle se manifeste dans « l'oeuvre de la nature et la spontanéité de l'esprit » (ibid.). Cependant une savante étude philosophique, comme celle qu'il compose, n'est pas la pensée vivante, mais une réflexion, une méditation sur elle : nous l'avons entendu nous le dire. Aussi trouverons-nous, dans ces deux volumes, à fleur de tous les développements qui les remplissent, une doctrine explicite de la connaissance que nous n'aurons qu'à recueillir.
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