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Puisque la littérature est la porte d'entrée, c'est par là que nous avons commencé à correspondre, par ses récits où il livre moins de lui qu'il ne parle d'un autre qui est devenu - sujet et langues qui se sont emparé du premier moi le rendant méconnaissable pour lui-même. C'est donc de l'enfance aussi qu'il est question en même temps que de naissance à l'écriture. Où des figures bientôt s'invitent, des corps et d'autres écrivains qui font venir d'autres corps tour à tour morts et vifs, de l'histoire et de l'amour (des corps amoureux que l'histoire, la violente histoire et la mort ont produits). Des récits aux essais jusqu'à la question de l'écriture politique dont la revue Lignes est le laboratoire encore aujourd'hui, c'est au portrait d'un homme et d'une pensée qu'on aboutit - sans que ni l'homme ni la pensée ne se satisfassent de l'image qu'ils sont susceptibles de donner, insistant plutôt dans l'absence d'une satisfaction de soi et dans l'exigence de ne rien fonder. Michel Surya parle de l'écrivain qu'il est « à son détriment », de la vie, des rencontres et des oeuvres que cette sorte de dépossession autorise et a permis. Et elle a permis beaucoup.
À force de trop communiquer, de pratiquer le métier d'écrivain, il arrive que la société brise en celui qui s'en est confié la tâche la fragilité sans laquelle il ne retourne pas là où il s'est appelé. L'écrivain s'épuise alors à communiquer, au dialogue, il épuise l'écriture par la bouche qui reprend son pouvoir sur la puissance silencieuse de l'existence littéraire. Il devra alors à nouveau se retourner, se retirer.
Dans une époque qui exige de chacun la pleine visibilité, la publicité de soi et de son art, ces entretiens que nous avons menés sur un peu plus d'une année résonnent pour moi, et je le souhaite pour ceux qui nous liront, comme l'appel à retourner. À retourner là où on doit se séparer (des êtres, de soi), se détourner de la réalité pour répondre à ce qui forme la condition impérieuse d'une autre vie dans laquelle on peut enfin séjourner.
Défense d'écrire est donc, malgré ce que son titre semble indiquer, une invitation à écrire.
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