"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
1937, dans la fureur des combats de la guerre civile d'Espagne, Gerda Taro meurt, écrasée par un char républicain. Elle a vingt-six ans.
Militante antinazie, Gerda a fui l'Allemagne hitlérienne pour Paris, où elle croise la route, entre autres, d'Aragon, Koestler, Nizan, Man Ray, ainsi que de Robert Capa, qui devient son compagnon. Gerda Taro veut rejoindre le front espagnol, elle pressent que le destin de l'Europe se joue là-bas. Femme libre à la destinée de météore, elle comprend peu à peu, entre espoir et trahisons, que les staliniens profitent des combats pour purger les rangs des républicains.
Grande fresque sur la guerre civile espagnole, Dans l'oeil de l'archange rend un brillant hommage à une profession fascinante, celle de reporter de guerre, et à une icône du xxe siècle, une femme courageuse et passionnée, pour qui l'engagement primait sur tout.
Ardente et séduisante Gerda, prise dans le tourbillons du début du nazisme et de la guerre d’Espagne.
L’auteur Olivier Weber, avant d’être écrivain, était reporter mais aussi ancien correspondant de guerre, ainsi que diplomate et maître de conférences à l’Institut d’études politiques de Paris.
Pas étonnant qu’avec autant de cordes à son arc, il ait pu nous livrer cette fresque historique. Ce qui était moins évident, c’était d’en faire une aventure romanesque. Et là encore, il réussi à nous faire rêver et vivre au rythme de l’amour et de l’amitié. Le désir d’absolu transparait à chaque page.
Le livre s’ouvre sur une scène qui est bouleversante. Nous sommes en juillet 1937, en pleine guerre civile espagnole. Gerda Taro, l’héroïne écrasée sous un char, se meurt dans la chambre jouxtant celle de son amant. Le décor est rempli de symboles puisqu’il s’agit de l’Escurial, la dernière demeure du roi Philippe II d’Espagne. Pour Gerda aussi ce sera la dernière demeure. Son amant, grièvement blessé aux jambes, est hospitalisé dans la chambre voisine mais ne peut pas la rejoindre ni l’accompagner dans ce qui seront les dernières heures d’agonie pour elle. Cette scène est poignante et pourtant elle frôle le sublime au travers de tout ce qu’elle charrie : morphine, jazz, passion de la vie et passion amoureuse.
En plaçant un décor aussi poignant dès le premier chapitre, l’auteur donne la note ; celle de la beauté des sentiments au milieu des affres de la guerre. Un fait qui pourrait être considéré comme relativement fréquent (je n’ose pas dire terriblement commun) mais qui, dès les chapitres suivants, retrace la vie de personnages hors du commun ; la vie de passionnés au milieu des monstruosités des guerres.
Retournons à Paris en août 1936, pour mieux nous imprégner de l’ambiance de l’époque et du chemin parcouru par l’héroïne et son entourage ; au printemps le front populaire a gagné les élections.
Gerda Taro, née Pohorylle, a vu le jour à Stuttgart en Allemagne en 1910. Très tôt elle devient militante antinazie et va fuir cette ville, en raison des exactions du parti national-socialiste. Elle vit quelques temps à Leipzig mais devra finalement quitter l’Allemagne tant le nazisme monte en puissance. Elle a été emprisonnée par la Gestapo. Elle sent déjà que Mussolini, Franco et Hitler vont s’unir pour le pire.
« Là où l’on brûle des livre, on finit par brûler des hommes. » Heinrich Heine.
Point de chute Paris et tout ce que cette ville peut drainer d’extraordinaire et d’attirant. Elle a alors 26 ans et va côtoyer des artistes haut en couleur ; des écrivains, des poètes, des journalistes, des photographes et quelques autres intellectuels. Dans son sillage nous verrons Paul Nizan, poète et patron de presse, Robert Capa photographe hongrois exilé à Paris et compagnon de Gerda, ou encore Louis Aragon, Arthur Koestler ou Jonathan Werner journaliste canadien également amant de Gerda.
On croisera ainsi des figures dont l’histoire nous reparlera encore un long moment après cette guerre d’Espagne. Je pense entre autre à Willy Brant, ami de Gerda qui, voyageant entre Norvège et Paris, finira par mettre sur pieds un réseau d’envergure, le SAP ; il n’a alors que 23 ans.
« Il est entré dans la clandestinité à la vitesse de l’éclair et doit assumer un rôle de militant de l’ombre. »
La densité du roman est telle qu’on ne pense pas ne passer qu’une année aux côtés de cette grande photographe de guerre dont on dira qu’elle est la première femme photographe à mourir sur le front. Elle suivait les soldats républicains et des volontaires madrilènes. Elle devine que les staliniens ont joué un rôle certain dans l’avènement de Franco. Elle s’est voulue libre de tout choisir, pareillement sa vie amoureuse et le fait d’aimer deux hommes en même temps, que de militer pour les droits et la liberté des hommes.
Dans ce livre on comprend que cette guerre espagnole était très complexe. Je suis loin d’en avoir compris ne serait-ce que l’essentiel.
Un écriture d’une grande sensibilité.
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