"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
" Ce matin est le premier jour du monde. " Avec le poète du Panama, toujours nous sommes ramenés à la naissance mystérieuse de tout. La passion des origines étend son empire à tous les domaines de la vie et de la création. Rien n'est plus exaltant pour lui que partir. Mais, dans la bourlingue à la Cendrars, l'amour du voyage ne fait qu'un avec le désir d'aller à la rencontre de l'inconnu et à la recherche de soi. Partir c'est renaître. Son univers est traversé de voyageurs hallucinés, qu'une idée fixe a jetés sur les routes : tout quitter pour se refaçonner. Se faire enfin la belle. La quête de l'élixir de longue vie ou du secret des choses dévore ces aventuriers de l'esprit. Brûlés, boiteux, rongés, manchots, ils ont lâché la proie pour l'ombre et rêvent de voir le monde surgir à l'état naissant, avec des yeux d'enfant émerveillé. Autant qu'une règle de vie, partir est un précepte d'écriture : ne jamais s'enfermer dans une formule. L'étonnante diversité des livres de Cendrars (poèmes, romans, reportages, mémoires), de même que l'inventaire des enthousiasmes qui l'ont porté vers la musique, la peinture, le cinéma, la publicité ou la radio, révèlent un créateur en mouvement perpétuel, à l'écoute du " profond aujourd'hui ". Ce qui fascine dans l'atelier du poète est le refus de dissocier l'expérimentation des formes et l'expérience de soi. Sous le plaisir de rompre, se relance une seule et même hantise : l'amour des commencements.
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