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Autour d'un double portrait d'un père et de son fils, de ses variations et de ses dissonances, Antoine Choplin compose une mélodie sensible.
Au moyen d'une écriture délestée du superflu, il frappe juste et bien. Plus qu'un roman social sur la fin d'un certain monde ouvrier, Cour Nord est un roman plein d'émotion retenue pour le désarroi et les mystères de ses personnages.
L'usine du Nord où travaillent Léo et son père va fermer. En grève depuis dix-sept jours, les ouvriers attendent une ultime négociation avec la direction. Père et fils vivent ensemble dans une petite maison, mais partagent-ils autre chose ? Car si le père est un de ces vieux ouvriers attaché à son usine, syndicaliste militant, Léo, trompettiste, passe ses soirées à répéter avec des copains. Ils ont monté un quartet de jazz et préparent leur premier vrai concert, à Lille. Le père incarne les derniers combats, les dernières défaites d'une classe ouvrière, fière d'ellemême, attachée viscéralement à ses usines, quand le fils ne participe même pas aux votes des grévistes. Après l'échec des négociations, le père s'engage en désespoir de cause dans une grève de la faim solitaire et s'installe sur un matelas dans la Cour Nord, tandis que Léo prend la tangente. Il ne tient même pas sa promesse de passer voir son père chaque jour, et s'échappe de l'usine pour suivre dans le ciel les avions s'envolant vers New York, où son copain Gasp est allé récemment assister aux funérailles du pianiste de jazz Thelonious Monk. Il passe du temps au bistro « Chez Fanny » où il retrouve une ouvrière de l'usine, Nadine, qu'il ne drague même pas ou si peu. Chacun rêve d'un ailleurs, Nadine d'ouvrir une oisellerie à la frontière belge, Ahmed, un copain d'atelier, de revoir la mer, Vincent, un membre du quartet, d'installer des pistes de ski sur le grand terril de Noeux-les-Mines...
Structuré musicalement en quatre mouvements (exposition du thème, double variation et reprise), Cour Nord explore, avec le minimum d'effets, une communauté humaine confrontée à la fin d'un certain monde et cherchant à s'inventer un avenir. La 'petite musique' de Choplin tourne autour de ses personnages, de leur désarroi et de leurs contradictions, avec lucidité et respect.
L'année dernière j'avais beaucoup aimé le héron de Guernica de Choplin, finalement ce n'était rien par rapport à la puissance de Cour nord. C'est un roman tout simple mais chaque phrase est lapidaire et d'une infinie justesse. Les événements s'enchainent avec un naturel saisissant et nous plongent dans un flot d'émotions... c'est bouleversant.
Il s'agit d'un livre très court qui se lit rapidement.
Perso, je l'ai lu le mois dernier et heureusement que j'ai pris quelques notes dans mon petit carnet, sinon j'aurais été incapable d'en faire un résumé, tellement il m'est passé à côté... Dommage, moi qui aime les livres sur le monde du travail et en plus quand ça se passe dans ma région, mais là... bah non !
Ce roman décrit avec justesse le désarroi et l'humanité d'ouvriers qui tentent de lutter contre la fermeture de leur usine tant pour garder leur gagne-pain que leur dignité de citoyen actif. Les relations entre la jeune génération qui se passionne plus pour la musique - et c'est tant mieux- et l'ancienne génération est également très juste ainsi que la relation filiale.Beaucoup de poésie dans ce petit texte que je verrais bien à l'écran.
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