"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Au lendemain des attentats du 13 novembre 2015, DAECH publiait un communiqué par lequel il revendiquait les attaques à l'encontre du peuple qui «porte la bannière de la Croix en Europe» et se félicitait d'avoir pu tuer plus de cent « croisés ». Nous ne voulions plus nous dire Chrétiens et croyions avoir évacué la question religieuse depuis 1905, mais en nous désignant ainsi, l'ennemi nous a cruellement rappelés à nos origines.
Nous pensions entrer dans l'ère bénie du multiculturalisme apatride, où toutes les identités se seraient eflàcées devant une mondialisation heureuse des peuples et des cultures, nous étions persuadés que nos valeurs républicaines pouvaient, par leur universalité, conquérir le coeur de tous les personnes s'installant sur notre territoire et que notre relative prospérité matérielle faciliterait l'avènement d'une société apaisée; nous pensions, en un mot, rallier le monde entier à notre modèle de civilisation ct célébrer la fin de l'histoire, par la victoire totale de la démocratie et du libéralisme.
C'était en 1992, à peine un an après la chute du rideau de fer, lorsque Fukuyama publiait Lafin de l'histoire et le dernier homme. Or, l'histoire s'est brusquement rappelée à l'Occident, d'abord outre-Atlantique avec le choc insoutenable du lI-Septembre, ensuite avec le «printemps arabe» qui embrasa le :Moyen-Orient jusqu'à porter le chaos sur notre propre sol lorsqu'après plusieurs signaux prémonitoires, une vague d'attentats sans précédent endeuilla notre pays en 2015, nous montrant la cruelle actualité des propos de Paul Valéry, au sortir de la Première guerre mondiale: «Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles ».
Désormais en guerre contre l'islamisme radical, notre pays, qui effectue un retour tragique dans l'histoire, doit cependant se poser les bonnes questions: à un ennemi extérieur qui pratique le nettoyage ethnique et le crime de masse au Moyen-Orient, s'ajoutent les ramifications intérieures de tous celLX qui, quelles que soient leurs origines, combattent la France sur son sol et sont prêts à mourir pour détruire notre civilisation. Si les tensions communautaires peuvent s'expliquer en partie par les inégalités sociales, comment ignorer encore la question essentielle de «l'insécurité culturelle» qui frappe nos sociétés européennes - et particulièrement la France - depuis plus de 30 ans? D'où l'erreur grossière d'en appeler à la laïcité intégrale pour défendre la société de l'emprise islamiste: ne contribue-t-on pas alors à déraciner les Français de leur héritage, puisque par symétrie, l'on s'oppose à toute présence du fait culturel chrétien dans l'espace public? C'est donc une révision complète de notre conception de l'identité qui s'impose.
C'est le visage de la sacro-sainte République qui est lui-même appelé à changer, quittant le masque de l'universalisme désincarné pour se parer des signes chrétiens qui témoignent de l'histoire nationale. Il en découlera une modification solennelle de la Déclaration des droits de l'homme ct du citoyen de 1789, dans le droit fil des critiques émises par Hannah Arendt dans son Essai sur la Révolution, et l'inscription dans La Constitution de la reconnaissance républicaine de ses racines chrétiennes, ce qui permettra de fonder en droit le rang particulier qu'elle accorde au fait culturel chrétien par rapport aux autres traditions religieuses, à rebours du laïcisme qui met toutes les religions sur un même pied d'égalité.
En résulteront des conséquences très concrètes pour notre anthropologie mais également notre vie publique:
Inconstitutionnalité de toute décision prohibant les marques visibles du fait culturel chrétien dans la vie publique (crèches de Noël, croix, processions, statues, calvaires, fêtes chrétiennes, jours fériés, etc.), possibilité de s'opposer à la destruction d'une église ou à sa dénaturation, fin des intimidations laïcistes ou provocations outrancières, etc. La République de France reste~a lalque dans la mesure où il n'y aura pas de religion d'Etat. En revanche, elle revendiquera une place éminente pour le fait culturel chrétien en raison de l'étroite imbrication du Christianisme avec la constitution de notre identité. Car comme le sotùignait à juste titre le général de Gaulle:
«si l'État est laïc, la France est chrétienne».
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