"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un jour écrasant de la saison sèche, un homme vêtu d'un costume trois pièces descend d'un car dans la grand-rue de la ville frontalière de Wologizi. L'étranger, William Soko Mawolo, arrive de Monrovia pour mener une enquête secrète sur la disparition du chef local.
Dès la première nuit il est effrayé par des bruits infernaux et inexplicables qu'il semble être le seul à entendre. Il est dérouté par l'attitude des gens de Wologizi qui l'aident et l'égarent à la fois : le vieux Kapu, le nouveau chef, ses femmes, en particulier la plus âgée, Hawah Lombeh, qui se glisse dans son lit, le caporal Gamla, chef de la police, le Libanais, mémoire de la ville, Seleh le menuisier, amant de Makemeh la belle et insaisissable fille du chef disparu, qui l'attire et le repousse.
Mawolo enquête difficilement dans une atmosphère étouffante, découvrant l'usage du pouvoir dans un pays corrompu, ainsi que les interactions entre le visible et l'invisible dans une société rythmée par les mystères de l'initiation. Plus il s'approche de la vérité, plus le monde devient inquiétant et plus il approche de sa propre fin.
Ce court roman n'est étonamment pas vendu comme un polar, c'est vrai qu'il y a plus que cette enquête : l'histoire de cette petite ville reculée qui vit à un rythme qui lui est particulier, la société patriarcale, la découverte de ce qu'on peut obtenir avec un petit peu de pouvoir, une petite histoire d'amour, "les interactions entre le visible et l'invisible dans une société rythmée par les mystères de l'initiation" (4ème de couverture). Je cite ce passage de dos de jaquette, parce qu'il est assez hermétique et vague mais dans le même temps, il résume très bien une grande partie du livre. Une société africaine avec ce qu'elle véhicule d'irrationnel, de croyances ou de rites très anciens, mystérieux, inexplicables et parfois effrayants.
L'enquête de William est présentée comme un puzzle : chacun des protagonistes lui donne sa version des faits, qu'il doit ensuite confirmer ou infirmer avec d'autres personnes, qui elles mêmes peuvent mentir ou par volonté pure ou par peur ou encore par omission. On ne sait trop qui sait quoi, qui dit la vérité, c'est d'ailleurs assez déroutant, mais passionnant. C'est une construction convaincante qui tient le lecteur jusqu'aux ultimes lignes.
Pour vous allécher, n'ayant pas pu choisir un passage plus qu'un autre, je vous livre ici, sous vos yeux ébahis, les premières lignes de ce roman à découvrir absolument :
"Par un jour opressant de la saison sèche, un homme descendit du bus et traversa la rue principale de la ville frontière de Wologizi. Il s'approcha d'un jeune homme penché au-dessus d'une citerne remplie d'eau. Le jeune homme regardait son reflet depuis un certain moment déjà, et le visage qui le salua dans l'eau claire portait un sourire béat. l'étranger boitait, mais avec le temps il avait appris à dissimuler intelligemment son handicap en se pavanant, si bien que le jeune homme qui avait entendu le bruit de ses pas et s'était maintenant retourné vers lui supposa qu'il était arrogant." (p.9
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